Réalisateur : Andreas Schnaas
Année de Sortie : 1992
Origine : Allemagne
Genre : Gore
Durée : 1h23
Le Roy du Bis : 4/10
Thibaud Savignol : 4/10
Jamais sans mon bucket
A l’instar des Videos Nasties au Royaume-Uni, la censure allemande n’y a pas été de main morte de son côté non plus dans les années 80. Le premier Violent Shit fut ainsi censuré et banni de son pays d’origine durant quelques années. Malgré la polémique, il faut tout de même relativiser. Avec ses 2 000$ de budget, sa visibilité réduite et son côté très amateur, rien de comparable à des traumatismes publics tels que Massacre à la tronçonneuse ou Cannibal Holocaust en leur temps. Il a fait son petit «buzz» comme diraient les pseudo-journalistes 2.0 d’aujourd’hui, mais est vite retourné d’où il venait, dans les tréfonds de l’underground allemand. Pour l’anecdote, alors que le montage utilise un morceau du groupe de heavy metal W.A.S.P de manière illégale, les poursuites judiciaires ont été abandonnées à la vue du budget ridicule du long-métrage. Bénéficiant aujourd’hui de son petit statut de film culte pour tout aficionado d’étrangeté gore, on ne peut pas en dire autant de sa suite, coincée entre un premier essai original et un troisième épisode comme magnum opus de la saga.
Mother Hold My Hand (à défaut d’hold my dick) dans son titre intégral, continue d’illustrer les délires maniaques de la lignée Butcher, ici Karl de son prénom. Après une introduction assez fun où Schnaas met en scène sa découverte du cinéma asiatique et notamment du chanbara (le duel cite clairement Baby Cart), le film suit deux journalistes enquêtant sur une vague de meurtres commise au fin fond de la campagne germanique. Et c’est là que le bât blesse. En plus d’adopter un style cinémascope pour légitimer sa démarche cinématographique, le récit s’inscrit dans les clous scénaristiques habituels. Rassurez-vous, le film reste généreux dans le gore et le cradingue, mais le fait de manière beaucoup plus mécanique, programmatique, se refusant les envolés loufoques, foutraques et expérimentales du premier opus. Comme pour Violent Shit premier du nom, le père Schnaas cherche à choquer son monde, même si on a plutôt l’impression de voir un ado rebelle s’agiter dans tous les sens après avoir découvert le punk hardcore et la philosophie contestataire. Et vas-y que je suis trop trash-underground avec une relation mère-fils incestueuse et malsaine, que je montre du vomi et du caca. Heureusement l’humour noir et gras rattrape un discours du choc pour le choc qui aurait vite pu devenir lassant et stérile.
Cependant, sur l’aspect technique, la barbarie de certaines exécutions fonctionne encore 30 ans plus tard. Schnaas s’est fait la main depuis le volet précédent, a sûrement réalisé tests sur tests dans le garage de ses parents pour arriver à un résultat désormais plus convaincant. Les effets gores ont de la gueule et le film ne se prive pas d’en étaler tout du long. Le jeune réalisateur allemand confirme sa fascination pour les organes génitaux, mâles ou femelles, avec de longues séquences de mutilation sexuelles. Mention spéciale à ce testicule délicatement arraché à l’hameçon de canne à pêche. Les estomacs les plus endurcis pourront se délecter de leur menu KFC devant ces images, sans haut le cœur. Pour les autres, attention à l’indigestion.
Malgré un florilège de mises à mort à l’originalité indéniable, Schnaas alourdi son propos par une narration lourdingue et un style plus carré qui au final joue contre le film. Violent Shit 2 n’est pas réputé ni même créé au départ pour raconter une histoire profonde ou proposer des performances d’acteur. Le premier violet l’avait bien mieux compris (peut être involontairement), comme l’épisode suivant qui propulsera la saga dans la stratosphère du gore. Mother Hold My Hand se retrouve un peu le cul entre deux chaises, entre cinéma amateur plus « accessible » et outrances gores furibardes, à l’image du final où moult spectateurs se font occire dans une salle de cinéma. Se voulant grandiose et transgressif, la séquence n’a pas les moyens de ses ambitions, illustrant plus des poulets sans tête détalant dans tous les sens que la fusillade d’anthologie rêvée. Tiens, est-ce qu’on reprendrait pas un peu de KFC ?