Réalisateur : Paco Plaza
Année de Sortie : 2012
Origine : Espagne
Genre : Horreur Potache
Durée : 1h20
Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 6/10
La Mariée était en rouge
A partir de ce troisième opus, terminée la mise en scène en doublon. Paco Plaza et Jaume Balaguero ont décidé après deuxième film de faire bande à part. Ils envisagent de faire deux suites afin de conclure leur saga, ni plus ni moins. Chacun réalisera une séquelle de son côté, sans intervention aucune de son collaborateur. Un travail en amont a été réalisé pour conclure l’arc narratif global ainsi que l’orientation de ces deux nouveaux opus, mais une fois le production lancée, aucune interférence entre les deux hommes. Tout juste Balaguero se voit crédité d’un poste de producteur créatif sur ce troisième volet. C’est en effet Paco Plaza qui ouvre le bal avec ce REC Génesis. Imparfait, ce long-métrage vaut pourtant bien plus que ce les critiques assassines ont voulu nous faire croire.
Le titre ne laisse que peu de place au doute, annonçant l’origine du Mal à l’œuvre lors des précédentes itérations au cœur de Barcelone. En cette journée de printemps, Koldo et Clara s’apprêtent à vivre l’un des plus beaux jours de leur vie en se mariant. La famille et les amis ont tous répondu présent, pour ce qui s’annonce comme une date inoubliable. Pour immortaliser ces instants, le cousin de Koldo, Adrian, ainsi qu’un réalisateur professionnel, Atun, sont réquisitionnés pour mettre en boîte l’événement. Le film s’ouvre ainsi, lors de sa longue introduction, au cœur du mariage, alternant les deux points de vue, entre un caméra-man du dimanche caméscope au poing et un expert du steadicam. Les deux hommes nouent rapidement un lien, l’occasion pour le réalisateur de placer quelques plaisanteries méta sur la manière de filmer, notamment lorsqu’Atune affirme que la caméra à l’épaule c’est désormais ringard. Au-delà des deux caméra-man, Plaza a recours à d’autres points de vue, pris sur le vif, à l’instar de véritables mariages qu’ils ont visionné de nombreuses heures afin d’apporter une véracité indiscutable. Une volonté de retranscrire les événements en direct, plongeant le spectateur au cœur des festivités.
La continuité avec les deux opus précédents se présente rapidement, lorsque l’oncle vétérinaire montre sa morsure à la main, issue d’un chien qu’il pensait mort avant de finalement revenir à la vie mais dans une version beaucoup plus agressive. On rappelle que le canidé était l’un des points de départ de l’infection au sein de l’immeuble du film originel. Sans surprise aucune (ça n’a jamais été l’objectif), le comportement de l’oncle va se faire de plus en plus étrange, jusqu’au moment où désormais complètement infecté, il va s’en prendre aux convives et déclencher une contamination zombiesque à plus grande échelle. Après qu’un petit groupe de survivants se soient réfugiés dans les cuisines, la caméra tombe au sol. Cut au noir, apparition du titre.
Lorsque l’image revient, c’est pour épouser un filmage plus conventionnel, abandonnant ainsi l’esprit Found footage qui faisait le sel de la saga. Les vingt premières minutes permettaient de faire la transition vers ce retour à une mise en scène traditionnelle. Une envie des deux réalisateurs qui souhaitaient faire évoluer leur concept. Ayant sûrement tout dit lors des deux précédents opus, on comprend la volonté de filmer autrement leur saga, de la faire progresser plutôt que de rester prisonniers d’une forme et de ses contraintes. Pour affirmer cette transition, Plaza a recours au format scope, rendu cinématographique par excellent. A l’inverse des préquelles sombres et ténébreuses, lui et son chef opérateur ont opté pour un film lumineux, élégant, aux images presque féeriques. Le réalisateur, sûrement heureux de pouvoir à nouveau utiliser la machinerie, se fait plaisir avec ses nombreux travellings et mouvements de grue. Le changement d’ambiance fonctionne en ce qui concerne la forme, plutôt élégante pour une production à cinq millions d’euros. En ce qui concerne le ton adopté pour cette suite, la réussite est toute relative.
On échange la descente aux enfers claustro-phobique contre un humour potache et du gore grand guignol. Des personnages comme John l’Éponge (en raison des droits avec Bob) et un chargé des droits musicaux venu incognito contrôler la cérémonie apportent ce côté goofy au long-métrage, notamment le second, sorte de miroir au critique cinéma antipathique de La Jeune Fille de l’eau de Shyamalan. On a également une petite référence à Terminator 2 (le pouce levé d’Atun) ainsi que le marié enfilant une armure de chevalier pour voler au secours de sa bien aimée. Sorte de gros défouloir après le sérieux étouffant des opus précédents, Plaza enfonce le clou grâce à des effets gores graphiques et aboutis, à base de morsures très saignantes, de décapitations et de corps disloqués à la verticale. Petite anecdote au passage, la mariée avait à sa disposition neuf robes différentes, chacune étant plus dégradée que la précédente, illustrant la volonté de livrer un film volontiers porté sur l’hémoglobine.
Là où le film pêche le plus, c’est avec cette romance centrale pas vraiment aboutie, ainsi que la façon de rappeler que ce troisième volet respecte la même unité de temps que ses aînés, le carnage nocturne se déroulant la même nuit que celui de l’immeuble. Le scénario appuie notamment lourdement sur la facette religieuse explorée lors du précédent opus, un prête étant à nouveau parmi les convives. Il se permet des références au père Albelda et ses expérimentations de façon beaucoup trop explicites, surtout quand on sait que le labo du grenier était justement là pour jouer aux apprentis sorciers à l’abri des regards du plus grand nombre. Il ira même jusqu’à citer les vers de la Genèse, au cas où le spectateur trop endormi par le ventre mou du métrage n’aurait toujours pas compris le sens du titre. La dernière partie, avec sa mariée armée d’une tronçonneuse et son final cruellement romantique emporte cependant le tout, faisant de cette suite la série B énervée et affiliée à tout un pan du cinéma gore (Peter Jackson en tête) que Plaza rêvait de réaliser.