[Critique] – Halloween Resurrection


Halloween Resurrection Affiche Film

Réalisateur : Rick Rosenthal

Année de Sortie : 2002

Origine : États-Unis

Genre : Horreur

Durée : 1h34

Le Roy du Bis : 5/10
Thibaud Savignol : 5/10


Michael Myers m’a tuer


On pensait qu’il en était fini de Micheal Myers, du légendaire boogeyman qui hante Haddonfield depuis deux décennies. Décapité sans doute possible lors du final du sympathique Halloween 20 ans après (son exécution est filmé frontalement), il a pourtant trouvé les ressources nécessaires pour revenir d’entre les morts grâce à une pirouette scénaristique au mieux amusante, au pire terriblement malhonnête. Mais surtout grâce à des producteurs désireux d’exploiter une saga jusqu’à la dernière goutte d’inventivité/d’argent.

Après un retour en grâce dans l’épisode précédent, Jamie Lee Curtis affronte son frère psychopathe dès le premier quart d’heure du film dans l’asile où elle est internée. Un combat âpre et enragé s’engage à l’issu duquel la glorieuse Scream Queen succombe face à la malice de son agresseur. Craignant (à raison) un enlisement de la saga, l’actrice américaine souhaitait faire mourir son personnage afin de quitter définitivement le récit. Désormais orphelin de sa Laurie Strode emblématique, vers où s’orienter ?

Les scénaristes décident d’embrasser deux courants actuels. Halloween Résurrection sera un pur produit de son époque, la rencontre entre le slasher méta sous influence Kévin Williamsonienne (Scream,The Faculty) et la télé-réalité qui explose en ce début de 21e siècle dans les foyers américains ; soit une bande de jeunes écervelés balancés dans la maison d’enfance du boogeyman et la retransmission de leurs déambulations sur les internets pour ado pré-pubères en manque de sensations fortes.

Cependant, le bat blesse rapidement, mettant à mal la sacro-sainte suspension d’incrédulité. Comment peuvent coexister sept personnes (six jeunes et Michael Myers) dans un pavillon de banlieue de tout au plus 150 mètres carrés ? On sait à quoi s’attendre quand on regarde le huitième opus d’une saga sur le déclin. On en a vu des jeunes pas finauds se faire trucider à la pelle dans moult slashers avant lui, des décisions incohérentes, des tricheries de montage ou des twists improbables, mais là, c’est la nature du même du projet qui vacille.

Halloween Resurrection Critique Film Jamie Lee Curtis

Difficile de croire à ce boogeyman qui apparaît là où il veut apparaître, quand il veut apparaître. De croire à sa cave garde-manger, à sa discrétion absolue et son pouvoir d’éviter les caméras. On me rétorquera que Michael Myers a toujours été une entité maléfique, plus une personnification du Mal qu’un tueur de chair et de sang. Et vous auriez raison. Mais Carpenter laissait le champ à son antagoniste pour rendre ses apparitions/disparitions crédibles, en utilisant les grands espaces des villes américaines. Il poussait à bout la suspension d’incrédulité sans jamais la rompre. Michael Meyers contaminait le film par sa présence mais aussi par son absence, pouvant se tapir dans chaque recoin, exploitant parfaitement le hors-champ, grande force originelle du film d’horreur. Mais on parle ici d’un maestro et notamment d’un des plus grands maîtres en terme de gestion de l’espace (re-mattez Assaut et Prince des Ténèbres pour vous en convaincre).

Ici c’est Rick Rosenthal à la manœuvre, réalisateur en 1981 de la suite immédiate au classique de Big John (le film se déroule la même nuit). Auteur à l’époque d’une séquelle tout à fait honnête, il a depuis perdu le feu sacré. Il réussit l’exploit de réaliser un film d’horreur où l’horreur a foutu le camp au profit d’un actionner bourrin. Difficile également de pardonner le manque d’imagination lors des mises à mort, un aspect qui a sauvé nombre de films d’horreur médiocres.

Il parvient pourtant a exploité par moments les belles possibilités données par le script. Lorsque Busta Ryhmes (oui, oui, le rappeur US) enfile lui-même le masque et la tenue de Michael Myers dans le but de re-dynamiser son show, on entrevoit tout le potentiel méta de l’œuvre. Des téléspectateurs, miroirs de nous spectateurs, sont en train de regarder un programme horrifique, ses coulisses, ses mises en scène, dans l’attente du frisson et tentent de différencier le réel du fictif. Lors d’une décapitation, un jeune demande : «mais comment font-ils ça ?», et un autre de lui répondre «ils utilisent des effets numériques». La barrière, le quatrième mur d’une certaine façon, l’illusion de l’œuvre cinématographique est brisée. De part et d’autre de l’écran chacun sait que ce qu’il regarde est fictif, mais n’a de cesse pourtant de vouloir croire à la véracité des images.

Peut-être la belle idée du film, qui lui évite de rejoindre les abysses de la série B, Rosenthal pervertit la télé-réalité. Au royaume du faux il ré-instaure la croyance dans le réel. Les meurtres ont bien lieu, le numérique n’a pas sa place dans la réalité la saga. On regrettera que la thématique ne soit pas poussée au-delà, les impératifs et le cadre étriqué de la production reprenant la main pour une dernière partie plus balisée.

Dans cet enrobage de série B calibrée le film a, le temps de quelques instants, exploité son dispositif à plein régime pour livrer une réflexion sur le cinéma d’horreur, en plein questionnement sur ses propres mutations depuis la sortie de Scream en 1996. Michael Myers a fini sa crise méta sans succès et repartira de zéro devant la caméra de Rob Zombie en 2007. Celui-ci opérera un retour aux sources commercialement triomphal, mais artistiquement en demi-teinte, avant de livrer sa suite directe Halloween II en 2009, le plus bel opus de la saga depuis l’original de Carpenter.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut
Optimized with PageSpeed Ninja