[Critique] – Appleseed


Appleseed Affiche Film

Réalisateurs : Shinji Aramaki et Masamune Shirow

Année de Sortie : 2004

Origine : Japon

Genre : Animation Futuriste

Durée : 1h40

Thibaud Savignol : 6/10


Qui sème des clones …


Le projet est confié à Shinji Aramaki. Réputé pour son travail de designer sur des OAV et des animés tels que Digimon ou Fullmetal Alchimist, il passe à la réalisation pour la première fois de sa carrière. S’inspirant sûrement du Final Fantasy : Les Créatures de l’esprit et du jeu vidéo Fear Effect, il décide d’expérimenter les nouvelles technologies d’animation qui s’offrent à lui. En plus de la capture de mouvement, il a recours à l’ombrage de celluloïd pour l’ensemble du long-métrage. Pour schématiser, c’est une technique qui permet de transformer les images 3D en images 2D. Cela va ainsi à l’encontre de l’utilisation qui est généralement faite de la 3D, à savoir repousser sans cesse les limites du réalisme. Des contours crayonnés sont même conservés pour se rattacher à une animation dite «traditionnelle».

Appleseed Critique Film Anime Cyberpunk

Pari technologie réussi puisqu’à sa sortie Appleseed est le premier film à combiner les deux méthodes. Mais comme toute technologie visuelle, le temps a fait son office. Et en 2024, les premières images arrachent la rétine. Il faut clairement un temps d’adaptation pour entrer pleinement dans ce récit science-fictionnel. Inutile d’incriminer le film vingt ans après sur ce point, c’est le lot de nombreux classiques qui ont pourtant traversé le temps malgré des techniques visuelles d’antan. Pour qui fera l’effort de passer outre un style daté, il sera récompensé par la richesse thématique et scénaristique.

En effet, l’auteur en fait le prolongement de ses obsessions de toujours. Que ce soit la dualité homme/machine, les intrigues politiques ou les questions éthiques quand au clonage et la création d’une nouvelle humanité, le film profite des différentes ramifications de son récit pour les aborder frontalement. Moins profond qu’un Ghost in the Shell, la référence en matière de filmage philosophique cyberpunk, le film se rattrape par des scènes d’action emballées avec soin, dynamitant la profondeur d’une animation 2D classique. Même si la technique pure est datée, la direction artistique du film est à saluer, entre son imposante capitale Olympus, vision d’un paradis sur Terre, sa plate-forme pétrolière menaçante et ses méchas massifs, véritables berserkers du futur.

Au-delà d’une forme vieillissante et d’un actionner politique pas dénué d’intérêt, se dessine en filigrane des enjeux d’une modernité confondante : une planète à sauver et le recours intensif à l’intelligence artificielle. On aurait pas dit mieux aujourd’hui.

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