[Critique] – Basket Case 3


Basket Case 3 Affiche Film

Réalisateur : Frank Henenlotter

Année de Sortie : 1991

Origine : États-Unis

Genre : Freak Show

Durée : 1h30

Le Roy du Bis : 5/10
Thibaud Savignol : 6/10


Babies Blood


Alors que Duane avait fini par recoudre son frère siamois à son torse, il est dorénavant affublé d’une camisole et traité en paria par sa propre communauté. Son frère lui a à nouveau été arraché pour qu’il puisse exister par soi-même et vivre sa relation amoureuse avec sa semblable Eve. Cette dernière dorénavant enceinte, Granny Ruth prévoit d’aller retrouver son ex-mari médecin en Géorgie afin de pratiquer l’accouchement dans de bonnes conditions. Tout le monde est convié au voyage, et il temps pour Henenlotter de quitter à son tour la grosse pomme. Là où les deux précédents opus étaient parsemés d’un humour absurde voire grinçant, le troisième déploie une imagerie et un sens du comique plus proche du cartoon que de la comédie corrosive.

Les looks, légèrement retravaillés via des tons plus colorés, associés à l’exubérance de l’interprétation, des répliques et des situations, achèvent de faire de ce Basket Case l’élément dégénéré de la fratrie. Le docteur paraît être le seul élément un tant soit peu rationnel, là où Duane disjoncte littéralement, Granny Ruth se montre hystérique et les créatures laissent entrevoir leur folie au grand jour. La scène de l’accouchement est à ce titre un grand moment de cinéma frénético-gore. Tandis que le fils du médecin, muni de 7 bras et mesurant plus de deux mètres, filme l’acte au caméscope familial en enchaînant les répliques non-sensiques, Eve donne naissance à pas moins de douze petits monstres, à travers un délire visuel et sonore général. Le clou d’une première partie en mode bouffonnerie qui détonne, paraît en partie ratée, mais se trouve au final être sacrément pertinente à la vue des événements à venir.

Basket Case 3 Critique Film Frank Henenlotter

Lors de son périple, Duane a rencontré une sympathique et jolie jeune fille, qui s’avère être rien de moins que la fille du shérif local. Persuadé de pouvoir lui faire confiance après s’être échappé de ses camarades, et toujours emporté par ses rêves de normalité, le piège se referme. En expliquant qui il est et sa situation (lui et son frère sont toujours traqués pour les meurtres du premier opus), il vient de se jeter dans la gueule du loup. Les adjoints partent traquer du monstre tandis que la demoiselle abordée se transforme en nymphe dominatrice aux penchants clairement sadiques. Le film bascule alors de manière surprenante et soudaine dans le pur revenge movie où chacun cherche à détruire ses opposants.

Des enfants monstres kidnappés, des têtes retournées à 180 degrés et quelques éclairs de violence plus tard, ce troisième opus s’évertue encore plus que le précédent à tordre le cou à cette «normalité» théorique, où derrière chaque agent standard de la société, se cachent fanatiques, pervers et intolérants en puissance. Incapables d’accepter l’existence d’une altérité physique en dehors des normes, ils laissent libre cours à leurs pulsions les plus destructrices et misanthropes. Personne n’en ressortira indemne. La joie annoncée en ouverture ne pouvait durer face à la bêtise et la cruauté humaine. Avant une vidéo humoristique en signe de dernier message à charge, de soulèvement des Freaks une bonne fois pour toutes, Henenlotter s’offre un dernier baroud d’honneur. Exploitant chaque centime d’un budget qu’on devine toujours aussi serré, il s’aventure sur les terres de l’action, empruntant le célèbre mecha du final d’Aliens de James Cameron pour le remodeler façon cinéma bis. Amas de tôle et de métal, customisé pour le frère monstrueux Belial, il offre au spectateur un dernier combat tout en bruit et en fureur.

Révélant lors d’une interview qu’il dû supprimer 11 pages de son script suite à la frilosité des producteurs quant à un déferlement gore, le montage final s’en ressent. Bancal et aux tonalités disparates, ce troisième opus délivre une seconde partie d’une méchanceté assez inouïe et un final explosif qui pardonnent aisément ses quelques errements. Victime de différents artistiques, de fluctuations économiques indépendantes de sa volonté ou encore d’un cancer dans les années 2000, tous ses projets suivants furent annulés à son grand désarroi, jusqu’à l’arlésienne Sex Addict en 2008. Dorénavant abonné aux documentaires et loin de la hargne de ses débuts, il est toujours plaisant de se replonger dans ce court mais ô combien jouissif âge d’or de l’un des plus turbulents réalisateurs new-yorkais.

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