Réalisateur : Christopher Landon
Année de Sortie : 2013
Origine : États-Unis
Genre : Horreur
Durée : 1h24
Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 4/10
Esprit es-tu là ?
Si Paranormal Activity s’est facilement imposé comme la nouvelle poule aux œufs d’or de Jason Blum, on ne peut pas franchement dire que la saga soit encore parvenu à faire honneur à son statut. Pire, elle n’a fait que ternir un peu plus la réputation du Found footage à mesure de ses suites, et précipiter le genre vers une extinction prématurée. D’ailleurs, même après avoir atteint le fond du panier, Oren Peli et sa clique de cinéastes ont continué de creuser pour exploiter le filon, si bien qu’en atteignant l’enfer ils auraient bien été capables de nous pondre un cross over avec Freddy des Griffes de la Nuit. C’est à se demander pourquoi s’infliger une telle perte de temps et il paraît assez surprenant que la série n’est pas lassée les gens après le troisième opus.
Comme tout succès, celui-ci n’a pas été épargné par le principe des franchises ; nous avons donc le droit à un spin off à Tokyo, avant que la communauté latino s’y mette également. Visiblement les entités démoniaques ne terrorisent pas seulement les familles WASP de San Diego. Pourtant, on n’est jamais à l’abri de faire une bonne découverte. Christopher Landon, qui avait écrit les scénarios des précédents opus, passe donc enfin derrière la caméra pour livrer autre chose que ces éternelles plans fixes, où il ne se passe jamais rien en dehors de quelques effets numériques racoleurs. Une petite révolution au sein de cet univers soporifique, trop engoncé dans ses caméras de sécurité qui en trahissaient la diégèse, puisque cela impliquait un montage qui n’était jamais réellement justifié si ce n’est par le studio qui nous le livrait en exclusivité sur un plateau.
À vrai dire j’étais moi-même résigné avant de regarder ce nouvel opus, ne m’attendant à rien si ce n’est une nouvelle purge à mettre au compteur de la saga, et certainement pas à m’amuser autant. Il manque cependant toujours de véritables sueurs froides, puisque de ce côté-là le chemin est balisé par les apparitions fugaces de quelques spectres qui ne feront peur qu’aux jeunes adolescents. Mais s’il y a bien une chose que le film sait faire, c’est de ne pas se prendre au sérieux en enchaînant les pires situations irraisonnées et débiles possibles que l’on ait pu voir dans un film d’horreur. L’ensemble des événements à venir sont provoqués par les mauvais comportements de ses protagonistes, qui vont ouvrir intentionnellement un portail aux mauvais esprits dans le but de tromper l’ennui ou bien de communiquer avec eux via un jeu Simon ! Vous savez, ce jouet des années 80 dont les halos de couleurs lumineux émettent un signal sonore, ce qui permet ici de générer plus de tension qu’avec une traditionnelle planche de Ouija.
Il s’agit dons moins d’apporter des révélations sur la saga que de faire la lumière sur des phénomènes paranormaux se produisant la nuit tombée. Le film ne s’embarrasse pas d’une quelconque continuité scénaristique, préférant s’intéresser aux chroniques aussi bêtes que méchantes de deux idiots reluquant les seins de la voisine du dessous par une conduite d’aération. Seront également mis en scène leurs délires puériles à la Jackass, du genre dévaler les escaliers avec une bassine de linge, faire exploser des pétards devant la maison, ou infiltrer une scène de crime par curiosité morbide. Il convient néanmoins de reconnaître que le gag de la bite dessinée au feutre permanent sur la joue fait toujours son petit effet.
Comme on s’en doutait, le témoignage va dérailler en bon vieux cas de possession mais pas forcément comme on le pensait. Plutôt que de s’en inquiéter, le propriétaire de la Go-pro va en profiter pour faire n’importe quoi devant la caméra et jouir des possibilités que ses nouveaux «pouvoirs» lui octroient. Il va alors grinder comme Tony Hawk ou imiter le Michael Jackson du clip de Smooth Criminal en se redressant d’un angle improbable de 45 degrés, pendant que son ami se vautre comme une grosse merde sur le parquet en voulant tenter de reproduire le saut de la foi. Dès lors, le personnage possédé devient invulnérable au danger, puisqu’il constitue justement le danger, capable de satelliser les petites frappes du quartier d’un simple revers de la main.
Si ses prédécesseurs nous avait clairement habitués à un peu plus de sérieux et de «retenue» dans leurs effets (façon de parler), Paranormal Activity The Marked Ones finit néanmoins par emporter l’adhésion grâce à la générosité de ses séquences horrifiques : personnages qui tombent du ciel, phénomènes de poltergeist et jeu de cache-cache dans le sous-sol d’une maison, ainsi qu’un trio de protagonistes suffisamment attachants. On a également droit à un climax bouillonnant, où deux racailles armées jusqu’aux dents s’invitent à une congrégation de sorcières pour défourailler dans le tas devant la caméra témoin, avant que Katie Featherston, en bonne matriarche du groupe, ne finisse par faire son apparition contractuelle au côté de Micah pour justifier leurs royalties et raccrocher cette histoire parallèle au reste de la saga.