Réalisateur : John Erick Dowdle
Année de Sortie : 2014
Origine : États-Unis
Genre : Horreur Souterraine
Durée : 1h33
Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 4/10
Au Cœur des Ténèbres
Ah Paris, son trafic incessant, ses crimes, ses incivilités, ses clodos qui embaument l’air du métro, ses rats qui grouillent et ses cinémas UGC envahis de punaises de lit… C’est bien le genre de campagne promo qu’aurait préféré s’épargner Anne Hidalgo à l’approche des prochains Jeux Olympiques. Et ce n’est certainement pas As above, so Below alias Catacombes, qui ira relever le niveau et rendre la capitale plus respectable. Cet ossuaire qui figure parmi les lieux insolites les plus populaires à visiter n’en reste pas moins dangereux pour qui tente de sortir des sentiers balisés. Ces galeries souterraines ornées d’ossements de plusieurs millions d’êtres humains sont fréquemment empruntés par des explorateurs urbains qui s’y égarent et n’en reviennent jamais.
Le choix de porter l’intrigue d’un film d’horreur au plein cœur de cette souricière peut paraître assez saugrenu à première vue, d’autant que comme ses congénères du Found footage, celui-ci n’échappe pas aux traditionnels clichés rebattus. Une équipe de spéléo emmenée par une archéologue cherchent à mettre la main sur la pierre philosophale de Nicolas Flamel, celle-là même dont avait tenté de s’emparer Voldemort dans Harry Potter à l’école des sorciers. De son ouverture dans une grotte en Iran aux artères de la ville francilienne, le récit prend la forme d’une aventure ponctuée de phases d’exploration et d’énigmes à la difficulté un peu plus retorse que dans un Resident Evil, qui les feront descendre jusqu’aux portes de l’enfer. Rien que ça.
Si vous n’êtes pas encore lassés des jump scares opportunistes, et que les secousses de caméra ne vous donnent pas le tournis, vous pourriez réellement apprécier ce Found footage, pour ce qu’il pourvoit en manifestations surnaturelles, esprits malveillants et messes noires. Il faut dire que John Erick Dowdle n’est pas à son coup d’essai dans le milieu, on lui doit notamment le remake dispensable de REC (En Quarantaine), le huis-clos démoniaque Devil qui se déroulait entièrement dans une cage d’ascenseur, mais surtout le faux documentaire The Poughkeepsie Tapes qui avait mis tout de même douze années à trouver un distributeur en raison de son caractère sensible. Catacombes tire en grande partie sa force de son format puisque l’effet de claustration suscité dans les espaces confinés s’avère particulièrement éprouvant, d’autant que l’atmosphère se fera de plus en plus mortifère à mesure de leur progression vers les ténèbres.
La topographie du lieu permet habilement de nous désorienter et de brouiller les repères spatiaux, qui finiront de toute manière par s’inverser lorsque les protagonistes franchiront l’ultime frontière avec notre réalité. Le réalisateur sait parfaitement exploiter son décor anxiogène auquel il insuffle des effets sonores terrifiants grâce à une résonance émanent souvent de l’obscurité, qui ne fera que renforcer le sentiment d’effroi et d’insécurité ambiant. D’ailleurs, la production peut se targuer d’avoir été tournée au cœur des sous-sols parisiens avec notre François Civil national par mesure d’authenticité.
Évidemment la peur sera graduelle selon la sensibilité de chacun mais le fait est qu’il faudrait vraisemblablement être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître que le choix du procédé est ici judicieux et fort de propos. On regrette juste que le réalisateur s’embarrasse déjà moins de la diégèse en alternant d’une caméra à l’autre à mesure de leur détérioration. Alors c’est vrai que l’on pourra tout à fait s’interroger sur la présence d’accessoires qui n‘ont pas vraiment leur place dans cet environnement, comme ce téléphone directement relié vers l’au-delà ou bien ce piano qui n’a pas du être une partie de plaisir à acheminer dans un endroit aussi étroit. Ces éléments horrifiques servent cependant autant à accentuer la tension qu’à étoffer artificiellement l’intrigue puisque les protagonistes se retrouveront confrontés à des traumatismes bien plus personnels qu’ils ne le pensaient.
Il s’agit donc d’un voyage vers l’enfer mais également sur soi même, au plus profond de leurs propres ténèbres. Ce scénario un brin alambiqué par son charabia mystique et métaphysique, un chouïa plus intellectuel que la moyenne, le rend également plus ambitieux malgré la faiblesse des moyens alloués. A défaut de changer le plomb en or, le réalisateur sera parvenu à trouver la bonne alchimie pour nous faire avaler une enfilades de clichés déjà vu cent fois ailleurs en l’espace de quelques années, sans néanmoins apporter de renouveau. Si ce n’est peut-être d’aller à l’essentiel par ses multiples chemins de traverse qui déboucheront sur une résolution moins pessimiste qu’à l’accoutumée. Alors, prêts à vous laisser guider ?