Réalisateur : Banjong Pisanthanakun
Année de Sortie : 2021
Origine : Thaïlande / Corée du Sud
Genre : Possession
Durée : 2h10
Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 6/10
Rendez-vous en terre inconnue
Connu dans nos contrées pour avoir réalisé Shutter en 2004 dont le final en a tétanisé plus d’un, Banjong Pisanthanakum est surtout célébré en Thaïlande pour Pee Mak, adaptation d’une célèbre légende locale. Il établit un nouveau record au box office avec plus de dix millions de spectateurs en 2013. Huit ans plus tard il revient au genre qui l’a vu naître (il avait également réalisé le sympathique Alone en 2007) avec The Medium. Une équipe de tournage cherche à documenter la vie de la médium Nim qui serait possédée par Bayan, une divinité vénérée par les villageois. Une possession qui se transmet de génération en génération dans sa famille mais uniquement à travers les femmes. Sa nièce d’une vingtaine d’années commence à montrer les signes de la succession. Mais cette possession pourrait s’avérer bien plus sinistre que prévu.
Exploitant les codes du found-footage des années après son heure de gloire, la première heure est un modèle de tension. Immergés avec cette famille où l’une des sœurs est donc une chamane reconnue, la vie quotidienne qui nous est narrée permet au procédé de fonctionner à plein régime. La sensation de véracité s’installe, nous plongeant au cœur de la Thaïlande rurale et croyante. Dès lors, l’effet provoqué par chaque élément étrange, en décalage avec le réel, est démultiplié. Que ce soit une apparition au fond du cadre, un trouble comportemental ou des colifichets chamaniques néfastes, tous ces détails font monter crescendo la tension, rendant la menace de plus en plus palpable. La grande cérémonie centrale de purification fait ensuite écho au monumental The Strangers de Na Hong-Jin, ici crédité en tant que scénariste.
Quel dommage alors que le métrage sombre dans le film d’exorcisme classique lors de la dernière ligne droite, là où l’intrigue laissait entrevoir un chemin plus tordu et sombre qu’à l’accoutumée. N’évitant pas les écueils du procédé (ces cameramen qui filment contre vents et marées faisant fi de leur propre survie) et tirant parfois sur les cordes scénaristiques, The Medium perd l’originalité qui faisait sa force pendant les 2 premiers tiers du récit. La plongée documentaire des débuts laisse place à une surenchère de possédés qu’on pensait dépassée.
Reste une réalisation efficace et une horreur graphique assez bienvenue qui permettent au film de constituer un divertissement horrifique tout à fait recommandable. Ce semi-succès (ou semi-échec c’est selon) démontre que le found-footage, contre toute attente, a peut-être encore des choses à raconter et que le retour à l’horreur de Banjong Pisanthanakum est des plus prometteurs.