[Critique] – L’Incroyable Alligator


L'Incroyable Alligator Affiche Film

Réalisateur : Lewis Teague

Année de Sortie : 1980

Origine : États-Unis

Genre : Horreur

Durée : 1h34

Thibaud Savignol : 6/10


L’Incroyable Walygator


Succès dès son premier film Piranha, Joe Dante se voit proposer la réalisation d’un nouveau film de créature aquatique avec cet Incroyable alligator. Toujours intéressé par les monstres, il décline cependant pour se consacrer à Hurlements, film qui avec Le Loup-garou de Londres viendra moderniser le mythe de l’hybride poilu. Le bébé est ainsi refourgué à Lewis Teague, moins bankable mais réalisateur du remarqué Du rouge pour un truand. Ce dernier demande alors au studio l’arrivée de son ami John Sayles pour réécrire le script qu’on lui propose. Scénariste du film précédent de Teague, il se trouve qu’il est également le scénariste du Piranha de Joe Dante. La boucle est bouclée, le projet est lancé, toujours dans l’objectif de capitaliser sur le succès des Dents de la Mer en cette fin de décennie.

Surfant sur la légende urbaine qui veut que des bébés alligators évacués dans les toilettes par des propriétaires peu scrupuleux se transforment en animal affamés de chair humaine une fois dans les égouts, Teague et Sayles en tirent un scénario solide en vue de crédibiliser leur menace. A la poubelle le premier script où l’alligator voit sa taille décupler suite aux déversements de bière d’une brasserie dans les canalisations. Il se nourrit désormais de cadavres d’animaux ayant servi à des tests scientifiques. Ceux qui osent s’aventurer dans son antre seront dévorés, jusqu’à ce que l’appétit soit plus fort, jusqu’à ce que son repère soit trop petit.

Incroyable Alligator Critique Film Lewis teague

Bong Joon-ho s’en rappellera 25 ans plus tard pour The Host, où sa créature sera également le fruit d’expérimentations plus ou moins légales. Bien que la satire politique y sera beaucoup plus féroce, Teague et Sayles en profitent déjà à l’époque pour égratigner leurs contemporains. A la cause animale, à la pollution et aux dérives pharmaceutiques, s’ajoute une chaîne alimentaire calquée sur la chaîne économique. Le reptile s’offre quelques citoyens du ghetto avant de faire un festin de la garden-party des notables de la ville. Un vrai Crocommuniste le bestiau.

Pour lutter contre le tétrapode aux proportions démesurées nous suivons un duo composé d’un flic paria et d’une jeune scientifique. L’alliance de la roublardise pour l’un et de la connaissance pour l’autre ne sera pas de trop dans leur traque urbaine. Explorant aussi bien le monde sous terrain qu’extérieur pour mettre fin aux agissements de la bête, l’affrontement final est l’occasion pour Teague de mettre en place un jeu du chat et de la souris ô combien jouissif dans les égouts, véritable labyrinthe au potentiel cinégique imparable. De plus, le réalisateur exploite plusieurs techniques d’effets spéciaux pour donner vie à sa créature : deux hommes dans un costume, des miniatures et des animatroniques. Il tire parti de chaque dollar de son budget serré (il est de l’école Roger Corman) pour que le résultat se voit à l’écran. On notera l’utilisation de la vue subjective avec la gueule de l’alligator en amorce du plus bel effet ainsi que quelques démembrements sanglants bien sentis.

Bien plus recommandable que Le Crocodile de la mort de Sir Hooper (qui a dit l’homme d’un seul film ?), L’Incroyable alligator rempli parfaitement son rôle de série B post-Les Dents de la mer. Grâce à un scénario malin et sans temps mort, Teague optimise son large terrain de jeu via une mise en scène efficace, bâtissant un suspense crescendo jusqu’à un climax d’une efficacité redoutable. Joli petit succès au box-office qui permettra au cinéaste de revenir au film de créature agressive quelques années plus tard avec un projet d’une autre ampleur, l’adaptation du Cujo de Stephen King. Les leçons apprises ici lui permettront alors de délivrer l’un des fleurons du genre de l’attaque animale. Mais ceci est une autre histoire.

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