[Critique] – Society


Society affiche film

Réalisateur : Brian Yuzna

Année de Sortie : 1989

Origine : États-Unis

Genre : Pamphlet Horrifique

Durée : 1h39

Le Roy du Bis : 7/10
Thibaud Savignol : 7/10


Sanctum Rectum


Avant de travailler dans le cinéma, Brian Yuzna aurait aimé devenir peintre. Après avoir produits plusieurs adaptations lovecraftiennes, le cinéaste se tournera vers le registre du body horror s’inspirant des excès surréalistes de Salvator Dali pour orchestrer les nombreuses déformations physiques ponctuant sa filmographie. De la réinterprétation du mythe de Faust au sadomasochisme du Retour des Morts Vivants 3, des rituels païens de Silent Night Deadly Night 4, jusqu’aux hybridations de La Fiancée de Re-Animator. Son premier film Society ne fut pas très bien accueilli lors de sa sortie.

L’introduction ressemblant à s’y méprendre à une sitcom abrutissante des années 80 ne laissait pas forcément présager de la suite des événements. Boostés par les critères de superficialité (beauté, richesse, popularité), Beverly Hills constituait un terreau fertile pour livrer un film gore et méchant. Bill Whitney, « un fils de », peine à trouver sa place, entre une famille hors sol, les mondanités du milieu bourgeois, et un complexe oedipien refoulé en son for intérieur. En pleine crise d’adolescence, l’étudiant est confronté à des rêves pour le moins troublants.

A mesure de ces hallucinations, Billy aura du mal a démêler le vrai du faux, entre ce qui relève de la réalité ou bien du pur fantasme. S’il est normal de rêver de le faire avec sa mère au moins une fois dans sa vie (hein pas vrai les gars que c’est normal ?), il l’est déjà un peu moins d’être à ce point obsédé par la consanguinité. Ses névroses vont prendre une tournure plus inquiétante lorsque l’un de ses camarades de classe lui fera écouter un enregistrement compromettant capturé à l’une de ces fameuses orgies mondaines. Bill sera alors confronter à un dilemme cornélien, accepter de subir le traditionnel rite d’initiation pour intégrer la jet society, ou bien être renié par les membres de sa propre famille.

Society Critique Film Brian Yuzna

Naturellement, si le film aura autant marqué les esprits, c’est bien pour ces orgies mutantes et protéiformes. Dans ces ébats charnelles digne des freak offs de P.Diddy, les corps se pénètrent et fusionnent, libérant de vaste sécrétions hormonales. Ces visions cauchemardesques et nauséeuses (ces réductions d’êtres humains, organes entremêlés et têtes de culs) sont l’œuvre de Screaming Mad George. Le sexe devient alors une véritable ignominie, une pratique perverse et écœurante qu n’a plus rien de joviale ou d’excitante.

Le culte du corps permet ainsi à Brian Yuzna d’aborder des sujets tabous tels que la sexualité chez l’adolescent ou l’inceste. Mais le cinéaste va plus loin qu’un simple fantasme estudiantin. La consanguinité sert ainsi à perpétuer la lignée des nantis et à éloigner la chienlit de la jet society. Ces petites sauteries altèrent et pervertissent les individualités. Plus qu’une vision satirique, Society prend la forme d’une fable dégénérative où le pouvoir et l’argent permet d’accéder à la libre satisfaction de ses pulsions les plus obscènes.

Politiquement incorrect,le filmdresse ainsi un portrait au vitriol du consumérisme américain porté par près d’une décennie de Reaganisme. La spoliation des corps devient en quelque sorte l’ultime forme de matérialisme : du collagène antioxydant, des mobiliers humains, jusqu’aux attributs physiques (un grain de beauté servant d’accessoire de mode). Society file lors la parfaite métaphore de l’anthropomorphisme séant des nantis suçant la moelle épinière des petits prolétaires.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut
Optimized with PageSpeed Ninja