Réalisateur : Bobcat Goldthwait
Année de Sortie : 2014
Origine : États-Unis
Genre : Créature des Bois
Durée : 1h17
Le Roy du Bis : 5/10
Bigfoot and Big Boobs
C’est fou ce que l’on peut être prêt à faire pour quelqu’un quand on est amoureux : changer de religion, arrêter la viande, s’éloigner de ses amis, se marier et avoir des enfants… Certaines femmes sont même prêtes à accepter de coucher avec un black devant le caméscope de leur conjoint, pendant que d’autres doivent se résigner à se taper une visite guidée dans la région du légendaire Big Foot, cette créature simiesque velue aux gros pieds semblable à un gorille. Tout est parti d’un canular en 1967, suite à une vidéo tournée à Bluff Creek (c’est pas du bluff) où l’on voyait un homme affublé d’un costume de singe marcher à proximité de la forêt. Rien de bien effrayant, mais il est tout de même amusant de redécouvrir un film détérioré par le temps et surtout authentique à une époque où le Found footage tend justement à restituer cet effet réalité via le recours à la caméra témoin et des filtres d’images. Il n’en fallait pas plus pour inventer une légende urbaine de toute pièce, qui aura permis à la région de voir les attrapes nigauds, restaurants et motels thématisés pousser comme des champignons.
On suivra donc un jeune couple lors un documentaire improvisé, réalisant un pèlerinage avec ce que cela implique d’interviews et de récits relatant les apparitions et faits divers autour de cette mystérieuse chimère, du moins dans sa première partie. Jim est d’ailleurs un believer, il croit dur comme fer à ces histoires. Ce qui n’est pas le cas de sa petite amie Kelly, qui s’en amuse et l’accompagne dans ses délires pour lui faire plaisir, une sorte de cadeau d’anniversaire qui coûte moins cher que la dernière Playstation. L’enquête est peu passionnante, et l’on voit bien que le petit copain cherche surtout à verser dans le sensationnalisme un peu cheap pour étayer ses théories et croyances qui n’engagent que lui. Sa petite amie va néanmoins finir par regretter amèrement son choix, puisque comme on pourra s’en douter, la deuxième partie les enverra camper dans la forêt où ils se feront harceler la nuit tombée. Et quand ils vont vouloir s’enfuir au petit matin, ils ne retrouveront jamais leur chemin et se contenteront de tourner bêtement en rond.
On ne pourra pas reprocher à Bobcat Goldthwait, à qui l’on doit notamment le sympathique God Bless America d’en faire trop, puisque son film joue de la même peur suggestive que dans Le Projet Blair Witch. Le réalisateur a même si bien appris la leçon dispensée par Eduardo Sanchez et Daniel Myrick qu’il s’est plus ou moins contenté d’en reproduire les mêmes scènes et idées. La séquence la plus effrayante du film, si tentée qu’elle le soit, reposera donc sur les réactions très convaincantes des deux protagonistes face caméra : enlacés et terrorisés dans leur toile de tente face à la colère de la créature, qu’on pourra supposer être un ours ou bien des autochtones locaux qui voudraient les forcer à plier le campement. À vrai dire, on ne saura jamais vraiment ce qu’il en est puisque le film distille ses effets au compte goutte, à l’image de ces grognements, de ces bruits de pas et ce que l’on suppose être un caillassage en règle, de manière à rester à la lisère du réel. La suite prendra malheureusement un chemin plus balisé, et l’apparition fantastique et soudaine que l’on redoutait tardera finalement à arriver lors d’un final déceptif, qui cède aux sirènes habituelles du genre.
Sachez au moins qu’il n’y aura pas de créature en numérique filmée en night-vision. Et pour ceux qui s’interrogeraient sur le délire de voir une femme aux gros seins à la fin, l’idée est censée évoquer les résultats d’une étude ADN publiée la même année que la sortie du film, qui tendrait à prouver que le Big Foot soit en réalité une femelle, née de l’accouplement entre une femme et un singe, ou bien d’un homme avec une guenon, c’est selon. Les résultats avaient fait la une des journaux de l’époque, bien que la fiabilité de cette étude et son interprétations laissera la communauté scientifique aussi sceptique que nous le serons à l’issu du visionnage. Et à bien y réfléchir, pas sûr que se faire passer dessus par un Sasquatch soit moins douloureux que de se taper une autre queue devant son copain.