Réalisateur : David W.Allen
Année de Sortie : 1990
Origine : États-Unis
Genre : Poupées Démoniaques
Durée : 1h25
Le Roy du Bis : 6/10
Le Maître désillusion
Après avoir rencontré un prolifique succès dans les vidéoclubs, Charles Band n’allait certainement pas remiser ses poupées au grenier. David Schmoeller n’ayant pas apprécié d’être traité comme un vulgaire pantin, il se tournera vers une autre compagnie de production. Pas rancunier, il aura néanmoins l’occasion de retravailler avec le studio sur d’autres projets (Netherworld, The Secret Kingdom). Cette séquelle sera donc confiée aux soins de l’animateur David Allen, qui avait besoin de se faire la main afin de concrétiser son projet de long-métrage (The Primevals) en gestation depuis une décennie.
Puppet Master II tend à se recentrer sur ce qui importe réellement pour vendre du merchandising : ses marionnettes. Embarrassé par la repoussante Leech Woman, le producteur n’aura d’autre choix que de l’évacuer à la demande de Paramount, en lui offrant néanmoins des funérailles dignes de ce nom. Son absence sera compensée par un nouveau modèle commercialement plus viable : Torch, un casque à pointe vindicatif affublé d’un lance-flamme, de quoi réchauffer l’ambiance auprès d’un public qui s’attend à de nombreux meurtres très graphiques. Comme il est de coutume dans les franchises horrifiques, cette séquelle joue la carte du bigger and louder tout en développant sa mythologie pour attribuer des origines aux pouvoirs occultes du marionnettiste.
Après avoir repris le contrôle de leur destin à l’issue du premier volet, les poupées vont donc redonner vie à leur créateur, quitte à trahir le portrait préalablement esquissé par David Schmoeller. Du papy paternaliste et chasseur de nazis, le réalisateur en fait une figure à la fois tragique et vampirique, sorte de Dandy nécromancien animé par de sombres desseins. Sa caractérisation à l’emporte pièce (le personnage tire toutes ses influences des monstres de la Universal) est un peu à l’image de cette suite, qui tente tant bien que mal de prolonger l’ambiance fantasmatique et étrange de son illustre aîné, ce que seule l’orchestration de Richard Band permettra d’insuffler. Le cordonnier étant toujours le plus mal chaussé, David Allen réduit ses séquences en stop-motion à peau de chagrin, faute de pouvoir (vouloir ?) s’encombrer des contraintes techniques inhérentes à leur mise en boîte.
Puppet Master II souffre en effet d’une mise en scène télévisuelle bardée de champs-contrechamps, qui ne profite jamais de la richesse de son environnement, se contenant d’aller au plus simple, quitte à filmer ses marionnettes en gros plan qu’un technicien n’aura plus qu’à manipuler sans avoir besoin de recourir à une multitude d’effets. Fatalement, les poupées pachydermiques perdent largement en puissance d’évocation, et le film en folie. Celui que l’on considère unanimement comme le magicien de la Full Moon Features ne fait dès lors plus aucune illusion. En révélant les ficelles de son intrigue désuète à un public qui n’a plus qu’à se contenter de meurtres programmatiques, il transforme ses protagonistes en chair à canon, quand il ne meurent pas carrément hors-champ. Il cherche ainsi à reproduire le même retournement que Puppet Master, jusqu’à mimer son massacre final au plan près. Cette séquelle finira même par honorer son prédécesseur qui ne lui en demandait pas tant. L’élève est donc loin d’avoir dépassé le maître.