Réalisateurs : Derek Lee et Clif Prowse
Année de Sortie : 2013
Origine : États-Unis / Canada
Genre : Horreur Survitaminée
Durée : 1h25
Le Roy du Bis : 6/10
The Cure
Malin sera celui à révolutionner le concept du Found footage qui bat son plein à l’ère du numérique. Tout le monde y va de sa petite contribution au genre, parfois pour le meilleur, souvent pour le pire. Il n’en reste pas moins que quelques projets originaux et bien fichus parviennent à remonter le niveau. En 2012 il y avait eu The Bay de Barry Levison, faux documentaire relatant une épidémie aux proportions apocalyptiques. La même année sortait Sorgoï Prakov – My European Dream, l’une des meilleures propositions de ces dernières années, qui prenait le format d’un Vlog touristique avant de suivre la descente aux enfers de son interprète sombrant dans la folie.
Afflicted reprend donc cette nouvelle tendance, une pratique considérablement popularisée par les influenceurs globe-trotters. Le film partage quelques points communs avec l’effort de Rafaël Cherbaski, notamment celui de se dérouler en partie dans les squattes et quartiers glauques de Paris. L’exposition introduisant la relation d’amitié entre les deux protagonistes et les premières étapes de voyage vont permettre de s’attacher à leur personnalité, tout en renforçant la crédibilité du récit. D’autant plus que les deux réalisateurs qui prêtent leur véritable identité sont réellement meilleurs amis dans la vraie vie. Comme on s’en doutait déjà, le voyage va mal tourner, notamment parce que Derek souffre d’une malformation artérioveineuse cérébrale qui pourrait lui être fatale, ce qui semble évidemment incompatible avec leur tour du monde organisé.
Après un rapide passage par Barcelone, Clif et Derek vont donc faire escale à Paris pour retrouver deux de leurs amis se produisant en concert dans un troquet. Derek qui espérait pouvoir passer la nuit avec une belle fille sans avoir à raquer va se retrouver flanquer d’une IST, le rendant peu à peu flagada la journée, allergique au soleil, et surtout incapable de manger sans avoir à tout régurgiter. Si vous entendez des bruits de sabots, pensez à des chevaux, pas à des zèbres. On pense évidemment à un cas de vampirisme, mais il pourrait tout aussi bien s’agir d’une veine de son cerveau qui aurait finit par rompre et lui permettrait d’exploiter une partie inexploitée de son cortex cérébral. Cela justifierait ses capacités surhumaines, comme de pouvoir taper des sprints à 70km/h et effectuer des bonds prodigieux en hauteur.
Une théorie évidemment alambiquée au vu des comportements enfiévrés et erratiques de l’intéressé, qui se déclare néanmoins en bonne santé, pendant que Cliff passe son temps à filmer sa transformation en lui faisant relever des défis idiots comme éclater des rochers à mains nues tel un vrai karatéka. Et donc plutôt que de se soigner à coup d’antibios, et surtout de peur de finir enfermer à l’hosto sans jamais pourvoir en ressortir, Derek va se mettre en quête de sang pour pouvoir se régénérer, faute de quoi son instinct vampirique reprendra le dessus et le transformera en goule carnassière et sauvage. C’est là que le journal de voyage opère un glissement de ton suite au meurtre de Clif. Derek tente alors de s’adapter à sa nouvelle condition de noctambule et espère pouvoir trouver un remède miracle ou une solution en retrouvant Audrey (son coup d’un soir), tout en étant poursuivi par Interpol suite au braquage d’une banque du sang.
Afflicted passe alors la seconde et livre quelques séquences d’actions vertigineuses et dynamiques en vue subjective par l’intermédiaire d’une go-pro fixée sur le torse de Derek, décuplant ainsi l’immersion au sein de décors hétéroclites, allant d’une course poursuite dans un village méditerranéen aux ruelles et ghettos parisiens face au GIGN. Si les effets sont convaincants et nous permettent d’incarner le monstre, on regrettera néanmoins une utilisation encore bien approximative du dispositif de mise en scène qui pêche autant par ses effets de style sensationnels que par leur justification narrative. Puisqu’ils ne justifient jamais vraiment la diégèse induite par cet exercice, mettant à mal le réalisme d’un tel film. Citons ces messages adressés à ses proches et ces nombreux champs/contrechamps qui sous-entendraient que Derek est effectué un montage des rushs avant de tout balancer sur internet ou bien de le vendre à un producteur crapuleux alors qu’il cherche dans le même temps à faire profil bas pour vivre dans l’anonymat.
Dommage de ne pas avoir exploité l’intrigue d’une lutte fraternelle, ce qui semblerait avoir été esquissé au vu des séquences post-générique, pour préférer renâcler la quête des origines qui envoie balader le mythe traditionnel du vampire, s’avérant moins insensible au pieu dans le cœur qu’aux balles à bout portant dans le crâne. Théoriquement, ces scènes spectaculaires permettent de souligner l’immortalité de sa condition et donc de le condamner de surcroît à devoir vivre en marge de la société tout en se nourrissant de la lie de l’humanité. Heureusement avec une ville de deux millions d’habitants, il y a de quoi alimenter le garder-manger.