Réalisateur : Adam Mason
Année de Sortie : 2016
Origine : Royaume-Uni
Genre : Thriller Domestique
Durée : 1h25
Le Roy du Bis : 5/10
I see you
Oren Peli aurait peut-être mieux fait de réviser un peu sa copie avant d’envahir le marché avec ses Paranormal Activity. Hangman met à l’amende cette saga éprouvée par ses effets racoleurs et intrigues à tiroir, qui n’avaient pour seule finalité que de capitaliser à peu de frais. Le concept était simple : une famille est victime de manifestations paranormales la nuit et décide de se filmer pour trouver l’origine des bruits. Mais les phénomènes vont s’intensifier à mesure que l’entité démoniaque cherche à leur pourrir la vie. Plutôt que de jouer sur la suggestion afin que le spectateur puisse y projeter ses propres angoisses, le film faisait la grossière erreur d’offrir un ramassis de jump scares gonflés par des trucages numériques, qui avaient instantanément le tort de désamorcer la terreur que pouvait susciter le hors champ, induit par l’obscurité du couloir à proximité de la chambre à coucher.
Et donc à moins d’être réellement réceptif aux poltergeists ou d’avoir déjà été un jour la victime d’esprits frappeurs, il y avait tout de même assez peu de chances d’être effrayé. Ce dispositif aura ensuite été exploité jusqu’à l’excès au fur et à mesure de suites toujours plus chargées en ressorts horrifiques. Adam Mason nous place ici dans une position voyeuriste induite par les même mécanismes de mise en scène, afin de livrer un home invasion original mais qui manque néanmoins d’un peu de sel, ou disons carrément de perversité, pour donner de réelles sueurs froides.
La combine est parfaitement rodée. Un tueur fait des repérages sur le parking d’un aéroport pour trouver la cible idéale à son prochain forfait. Il lui suffit de forcer l’ouverture d’une voiture pour trouver l’emplacement d’une maison à squatter grâce au dispositif GPS. Après quoi, il dispose des caméras dans le décor, directement reliées à son écran de contrôle, lui permettant de connaître les moindres faits et gestes de ses victimes, tout en restant sournoisement planqué dans le grenier. Et pour ceux ayant déjà subi un cambriolage, ils sauront de quoi il en retourne lorsque la famille va revenir de son séjour de vacances pour découvrir avec stupéfaction leur maison sans dessus-dessous. Outre la désagréable sensation de se sentir violé dans son intimité, les résidents vont souffrir d’un stress post-traumatique suite à cet événement.
Un sentiment qui sera accentué à mesure des mauvais tours infligés par le squatteur des lieux. Celui-ci vide vide le frigo et crache dans la bouteille de jus d’orange, qu’il abandonne ensuite sur la table de la salle à manger pour mieux semer la discorde au sein du couple. Quand il ne va pas jusqu’à déposer un vibromasseur bien en évidence sur le lit de l’adolescente, ce qui va visiblement obséder le père de famille. En bon chef de tribu il fera tout son possible pour rassurer son entourage, achetant une arme à feu et un nouveau dispositif de sécurité, que l’employé n’aura même pas le temps d’installer puisqu’il se fera occire face caméra.
Le film est donc rythmé par les apparitions furtives du tueur masqué, qui joue souvent avec le feu en pleine journée histoire de distiller artificiellement un semblant de suspense en parallèle de ses actes creepy. Très vite, il semble évident que le tueur fantasme sur la position du patriarche au point de se masturber devant le couple entrain de copuler, ou en passant ses journées à les regarder mener leur petite vie sans intérêt, comme le font la plupart des gens abrutis devant leur émission de télé réalité. Ça m’a d’ailleurs rappelé le temps où ma mère payait pour regarder Secret Story alors que la journée était systématiquement résumée le soir sur TF1 par Benjamin Castaldi, Dieu merci cette époque là est enfin terminée. Pour arriver à ses fins le tueur va donc jouer les protecteurs auprès de l’adolescente, en surinant son petit ami qui ne pense qu’à baiser, avant de planquer un préservatif dans la chemise du patriarche pour l’accuser d’un adultère qu’il n’a évidemment jamais commis. Il s’attaquera au couple de mariés dans un final trop rapidement expédié.
Si l’idée de nous immiscer dans un esprit déviant n’est pas dénuée du moindre intérêt, on est quand même très loin du choc suscité par les thrillers psychologiques que sont Schizophrenia ou Henry Portrait of a Serial Killer. Alors que les Found footage échouent habituellement dans leurs excès, Hangman pêche quant à lui par une forme de retenue que ne laissait pourtant pas supposer son excellente introduction, comme si son réalisateur avait du mal à assumer pleinement son propos, probablement par crainte de s’aliéner une partie du public. Une hésitation qui fera sombrer son film dans l’anonymat de plateformes de SVOD. D’ailleurs, si les cinéphiles ont déjà mentionné son titre, c’est uniquement en raison d’un thriller portant le même nom, sorti à peine un an plus tard et porté par Al Pacino. Forcément Jérémy Sisto fait un peu pâle figure en comparaison.