Réalisateur : Benjamin Cooper
Année de Sortie : 1999
Origine : États-Unis
Genre : Potentiel Post-Apocalyptique
Durée : 1h35
Le Roy du Bis : 4/10
Thibaud Savignol : 4/10
Les Culs de Feu
L’amour finit souvent par trépasser, mais une vrai amitié résiste aux temps, à l’épreuve des disputes et de tout jugement. Il n’y a qu’en restant cloîtré durant plusieurs jours dans un appartement étriqué à renifler l’odeur des flatulences et à supporter une vilaine logorrhée verbale que l’on peut savoir réellement ce vaut une relation. Prenez moi par exemple, j’ai profité de mon 30ème anniversaire pour aller séjourner à Phantasialand avec mon meilleur ami. Dommage, je me suis aperçu que je devenais désormais un peu trop vieux pour ces conneries mais moins pour admirer les chorégraphies de la pétillante Gillian Armstrong lors du show Rock on Ice du parc.
Non content de survivre à une méga diarrhée (blague pour laquelle Powerslave7 s’est réservé les droits d’auteurs même si la mienne était bien réelle, TMTC) dans une capsule d’aviateur qui tient entièrement dans ma cuisine, j’ai repris la route à 170km/h, mélancolique certes, mais en même temps pressé de pouvoir enfin profiter de notre activité préférée. Celle qui consiste à mater un bon gros naveton autour d’une bière et d’une poutine bien grasse. Quoi de mieux qu’un post-apo trouvé dans un bac de DVD à 1€ l’unité pour ouvrir les hostilités et sceller notre fraternité dans le ciment d’une salle de projection ? Cette semaine de vacances opulente et désopilante digne de La Grande Bouffe est en accord avec l’expérience que vont s’infliger les acteurs de ce DTV.
Quatre amis partent passer les vacances sur la côte Californienne histoire de siroter des bières au bord de la plage, faire les cons sur des buggy et lever de la devotchka bien fraîche. Mais une alerte nucléaire diffusée à la radio les contraint à se réfugier dans l’abri souterrain d’un loubard un peu bizarre qui cherche à les monter sournoisement les uns contre les autres. Évidemment les divergences ne vont pas tarder à se manifester et certains membres à révéler leur vrai visage. En même temps avec cinq hommes pour une femme, la situation ne pouvait que dégénérer, surtout en étant entassés les uns sur les autres. C’est à se demander si Xavier Gens, qui fut d’ailleurs le parrain de mon meilleur ami en école de ciné, ne s’en serait pas inspiré dans le cadre de son film de claustration The Divide.
Faute de moyens pour simuler la fin du monde, le réalisateur Benjamin Cooper préfère s’attarder sur les simagrées de ses personnages et les tensions qui vont inévitablement s’accentuer à cause de la promiscuité, le manque d’air conditionné, le rationnement et les oppositions de leadership. Stanley, le vétéran du groupe qui radote ses vieilles anecdotes de combat au Vietnam est en réalité un sociopathe psychorigide et protocolaire. Il ne va d’ailleurs pas mettre longtemps à diriger la bergerie d’une main de fer. Il faut un responsable en toute occasion, et rien de tel qu’une apocalypse pour qu’un laveur de voiture, ou un chômeur de longue durée ne se mette à jouer les chefs autoproclamés ou les survivalistes expérimentés, après avoir accumulé 500 heures de jeu sur Fallout 4 entre deux sites porno.
Face à Stanley et son fidèle sobriquet Cyrus, il y le gros Paul qui se plaint tout le temps et qui n’aurait sûrement pas dépareillé à la place de Bobby dans Délivrance. Et puis il y a Rusty, l’animateur radio qui va s’improviser comme le héros. C’est aussi le seul homme à peu près potable et équilibré avec lequel Ambre puisse daigner repeupler l’humanité, bien que ce dernier soit marié. Évidemment, le bougre ne mettra pas longtemps à oublier sa compagne et son enfant, tout juste deux heures après les retombées. Le plus drôle c’est de les entendre baiser et comploter dans le placard à balais qui leur sert de toilettes et de garde-manger, puisque le décor ne doit pas faire plus de 30m². Les survivants pourraient beau avoir à chuchoter leurs états d’âmes que ça ne changerait absolument rien à l’affaire puisqu’on entendrait une mouche voler. Le plus incohérent c’est qu’ils préfèrent crever dans leur crasse en se rationnant pour tenir environ un an alors qu’il faudrait des générations avant que la radioactivité ne se dissipe totalement comme Stanley se complaît à le rappeler.
Bien entendu, on retrouve tout ce qui fait la particularité et le charme de ces films prédestinés au marché de l’occaz : des rush mal étalonnés, un rythme mou du genou, une VF complètement éclatée, une mise en scène totalement anecdotique et un scénario cousu de fil blanc. Pourquoi vouloir s’infliger un tel calvaire et souffrir inutilement quant on peut mourir immédiatement ? La question ne se pose même pas puisqu’il faut bien justifier la connerie de ces gens qui comme on l’aura deviné rapidement grâce au véritable titre du film, ne s’avèrent être que des cobayes destinés à nous divertir. Finalement la seule déflagration ce soir là, elle sortait de nos culs…