[Critique] – REC 2


REC 2 Affiche Film

Réalisateurs : Jaume Balaguero et Paco Plaza

Année de Sortie : 2009

Origine : Espagne

Genre : Horreur

Durée : 1h25

Le Roy du Bis : 5/10
Thibaud Savignol : 5/10


La Croix et la Bannière


Drôle d’objet que ce second opus. En s’inscrivant dans la continuité directe du premier film, il dresse un parallèle évident avec le Halloween 2 de Rick Rosental sorti en 1981. À peine Michael Myers envolé suite à la confrontation finale, il laissait rapidement une nouvelle traînée de sang derrière lui, jusqu’à investir un hôpital et y maltraiter ses occupants. Les deux long-métrages apparaissaient alors comme deux chapitres d’un même ouvrage. Jaume Balaguero et Paco Plaza, qui à la différence de Carpenter réalisent leur propre séquelle, réutilisent ce procédé afin de pouvoir replonger immédiatement le spectateur au cœur du terrifiant immeuble de Barcelone. Respectant à nouveau les mêmes unités de temps (une seule nuit) et de lieu, REC 2 amorce un virage beaucoup plus action, et ce dès son introduction. Collant aux basques d’une unité d’élite en pleine préparation quelques minutes avant son intervention, le ton est donné : fétichisme de l’armement, ambiance testostéronée et objectifs annoncés.

Le duo de réalisateurs continue de citer ses classiques, faisant désormais la part belle à une autre séquelle, celle d’Alien réalisée par James Cameron en 1986 : on y suivait une bande de gros bras armés jusqu’aux dents prêts à en découdre face à une menace extra-terrestre ayant ravagée une colonie humaine. Pris à leur propre piège, en alliant notamment intervention militaire et recherche scientifique, la mission se transformera en fiasco. Il en sera exactement de même concernant ce REC 2. Épaulés par un «scientifique» (ne révélons pas trop vite sa vraie nature), l’objectif s’avère bien différent que celui annoncé par les équipes déjà en place sur les lieux. Il s’agira de faire le sale boulot, de ne sauver absolument personne,et surtout de revenir avec l’espoir d’un antidote. Encore une fois, tout ne se passera pas comme prévu. Confrontés à des infectés désormais en nombre et sacrément agressifs, sans oublier une nouvelle menace encore plus terrifiante, il sera impossible de lutter pour cette troupe de choc en sous effectif.

Rejouant dès sa première demie-heure le même spectacle que la dernière partie de l’opus original, les gros flingues en plus, il n’est pas impossible de penser au Evil Dead 2 de Sam Raimi, autre référence sûrement incontournable pour nos réalisateurs ibériques. Notamment dans sa façon de réutiliser ses péripéties sous un angle plus grand guignol, puis explosif, comme toute bonne suite tente de le faire, mais en investissant les mêmes lieux, au même moment, croisant à nouveau certains protagonistes aperçus deux ans plus tôt. A l’instar du classique Raimi, on oscille par moment entre la suite directe, le remake et/ou le reboot. Un exercice d’équilibriste et de maniériste parfaitement accompli en 1987, mais bien plus bancal trente ans plus tard.

REC 2 Critique Film Suite

Cette entrée en matière jouit d’un rythme sans temps mort, d’une violence graphique bienvenue ainsi que d’un dispositif de filmage plutôt original à l’époque : l’entièreté des troupes de choc est équipée de petites caméras portatives, fixées sur le casque, permettant de justifier les nombreux changements de points de vues opérés lorsque les membres sont séparés. Un caméra-man suit également les événements, dans la grande tradition du Found footage, décuplant la sensation anxiogène qui émane de ce décor putride, mal éclairé et désormais habité par des forces maléfiques. Pourtant, après cette première demie-heure menée tambour battant, qui enchaîne également les révélations scénaristiques, le film brise délibérément sa course folle pour se focaliser sur trois gamins extérieurs au départ aux événements (le flashback intervient une fois qu’ils croisent les équipes d’intervention dans les escaliers de l’immeuble).

Ni déplaisants, ni attachants, occupés à filmer leurs conneries d’un soir, ces trois adolescents vont avoir la brillante idée d’investir le bâtiment en quarantaine afin de filmer au plus près du mystère. Leur récit se greffe en parallèle à l’intervention des troupes d’élite, sur le même laps de temps, afin d’aboutir à un croisement des trajectoires une fois le retour en arrière achevé. Souvent décrié comme le gros point faible de ce second volet, difficile de donner tort à la vindicte populaire. Plombant le bel élan des débuts, ces péripéties n’apportent pas grand chose, si ce n’est vouloir à tout prix créer une respiration là où il n’y en avait pas besoin. On aurait aimé voir le film assumer son parti pris action sans demie-mesure, quitte à rogner sur la durée et proposer un shot d’adrénaline jusqu’au-boutiste, seulement motivé par des affrontements dantesques au cœur d’un immeuble putrescent. Un The Raid horrifique avant l’heure en sorte.

Les quelques affrontements lors de cette seconde partie semblent anecdotiques, dénués d’une vraie tension, notamment à cause de la difficulté à s’identifier à des personnages présentés plus d’une demie-heure après le début de la projection : la fausse bonne idée de cette suite. Une suite au budget plus conséquent, mais sans doute écrite dans la précipitation pour sortir au plus vite dans les salles obscures. Le scénario part dans tous les sens, oublie la rigueur de son prédécesseur (qui exploitait intelligemment son décor vertical pour progresser littéralement par palier), afin de recoller tous les morceaux et lever le voile sur les expérimentations qui ont lieu derrière ces murs. Le bordel ambiant ne sait plus à quel saint (ou référence filmique) se vouer, pris en étau entre les différentes pistes explorées.

Mais heureusement, en se rapprochant in fine de l’esprit du première opus, en levant le pied sur la bourinitude et en replaçant la terreur pure au cœur du long-métrage, REC 2 offre un climax des plus efficaces. Loin d’égaler celui du premier opus (est-ce seulement possible ?), il ravira sans aucun doute les amateurs de péloches excessives et déviantes, en les rappelant aux bons souvenirs des possessions cradingues de l’âge d’or du cinéma bis.

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