[Critique] – Fortress


Fortress Affiche Film

Réalisateur : Stuart Gordon

Année de Sortie : 1993

Origine : États-Unis / Australie

Genre : Science-Fiction Pénitentiaire

Durée : 1h35

Le Roy du Bis : 7/10
Thibaud Savignol : 6/10


Faites des gosses tiens !


Qu’à cela ne tienne, le système D ça le connaît. Le plan B est alors enclenché, et c’est Christophe Lambert qui reprendra la place du taulard laissé vacante. Après avoir été remarqué dans Subway de Luc Besson, pour lequel il remportera le césar du meilleur acteur, puis de gagner une renommée à l’international grâce au Highlander de Russel Mulcahy, l’acteur français s’apprête à amorcer sa descente vers le monde du DTV dirigés par des artisans tel qu’Albert Pyun ou Deran Sarafian. Fortress ne constitue néanmoins pas encore son chant du cygne, loin s’en faut, et s’il a su conserver son capital sympathie auprès du grand public, son interprétation est tout de même loin d’être sa plus mémorable. D’ailleurs il ne sera jamais aussi bon que lorsqu’il végétera l’écume aux lèvres dans sa cellule de prison.

Dans un futur dystopique, la Terre est devenue surpeuplée, si bien que le gouvernement en vient à réguler le taux de natalité afin d’éviter de creuser encore d’avantage le déficit social. Mais il en faut bien plus que cela pour décourager les grosses feignasses et les cas sociaux qui ne veulent pas travailler et bénéficier des allocations familiales. John Brennick et sa femme vont se faire pincer lors d’un contrôle au poste frontière et êtres condamnés plus ou moins à perpétuité pour avoir daigner bafouer les règles en voulant avoir un deuxième enfant suite à la mort de leur premier né. Et comme le gouvernement ne sait plus quoi faire de tous ses indésirables, ils les envoient croupir dans une prison de haute sécurité dont il est impossible de s’évader.

Fortress Critique Film Stuart Gordon

Évidemment l’établissement est très mal fréquenté, les hommes doivent casser des cailloux toute la journée en supportant les sempiternelles leçons de morale de l’ordinateur central qui leur rabâche à longueur de temps que «le crime ne paie pas» (Non mais sans déconnez, vous croyez qu’on ne le sait pas?), avant de devoir se reposer dans des dortoirs à l’inconvenante promiscuité. Le directeur ne leur laisse jamais aucun répit, pas même dans les bras de Morphée, puisque les fantasmes y sont prohibés. Pas d’attouchement sexuel non plus donc, c’est l’amour viril, le vrai et il n’y a pas de place non plus pour l’homosexualité, même refoulée. Seule la violence permet de nouer des rapports et d’occuper ses journées. Mais John Brennick ne saurait s’y résigner, c’est pourquoi il va tenter de s’échapper avec d’autres codétenus afin de confronter l’horrible directeur des lieux qui cherche à séduire sa femme.

Finalement le cinéaste ne s’en est pas trop mal tiré avec cette commande, parvenant à pallier le manque d’environnement en variant les différents axes de prises de vue. La forteresse souterraine culmine ainsi à des hauteurs qui paraissent tout bonnement vertigineuses. Nul doute que Vincenzo Natali s’inspirera de la topographie changeante du lieu afin d’ériger sa propre prison labyrinthique dans Cube. Fortress charrie également son lot de séquences exaltantes telles qu’un violent crêpage de chignon entre prisonniers, des tortures infligées par le biais de puces implantées dans les intestins qui menacent de sauter à tout moment, ou des corps réduits en charpie sous l’effet des sulfateuses ennemies.

Pour autant, le scénario reste classique dans le fond puisqu’il reprend les fondamentaux des films carcéraux où les prisonniers s’uniront ensemble pour lutter contre l’institution despotique et psychorigide qui ne cesse de bafouer la condition de l’Homme et d’entraver les libertés individuelles. Fortress a en tout cas le mérite de pointer les dérives du totalitarisme d’État (difficile de ne pas penser à la Chine avec sa politique de l’enfant unique) mais également de composer un univers carcéral crédible (le cinéaste avait visité plusieurs pénitenciers de haute sécurité) où la surveillance est exclusivement assurée par des caméras de sécurité mobiles. Si Schwarzenegger avait initialement choisi Stuart Gordon, c’est aussi parce qu’il devait vaguement lui rappeler Paul Verhoeven avec lequel il venait de collaborer dans le cadre de Total Recall. Alors certes, Gordon n’a peut-être pas son talent ni les mêmes velléités politiques, d’autant qu’il n’en a jamais eu la prétention, mais on peut tout à fait corréler le style des deux réalisateurs si on prend le temps d’analyser leurs travaux respectifs.

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