[Critique] – From Beyond


From Beyond Affiche Film

Réalisateur : Stuart Gordon

Année de Sortie : 1986

Origine : États-Unis

Genre : Horreur

Durée : 1h26

Le Roy du Bis : 8/10
Thibaud Savignol : 7/10


Le Sixième Sens


Au cours d’une expérience le docteur Tillinghast parvient à ouvrir un portail vers une autre dimension grâce au Résonator, un appareil permettant de stimuler la glande pinéale de ses sujets, modifiant dès lors leur perception de la réalité et de leur environnement (un peu comme un troisième œil). Mais cette autre dimension révèle également l’existence de créatures vindicatives qui n’hésitent pas à s’attaquer aux vivants, tels que des anguilles et méduses carnassières, un ver géant et toute une ribambelle de monstres protéiformes, cherchant à s’emparer de leur cerveau et à fusionner avec leurs corps. En réalité, cette recherche scientifique n’est pas tant motivée par la quête du savoir que par celle du désir obscène du Dr Pretorius qui, lassé de ses rapports sadomasochistes et de ses jeux sexuels, souhaite atteindre un nouveau stade de jouissance.

From Beyond Critique Film Stuart Gordon

La glande pinéale qui sécrète la mélatonine permet en effet de réguler le développement sexuel, la sensation de plaisir et d’excitation se mettant alors à bondir sous le coup des radiations, jusqu’à que ce que l’appendice finisse par sortir du front comme un escargot de sa coquille et s’agiter frénétiquement comme une bi… Enfin, vous avez compris. Et plus les sujets seront mis au contact de ces résonances au pouvoir désinhibant, plus ils voudront éprouver ce sentiment malgré les dangers permanent que cela occasionne. Ce qui équivaut à développer une addiction pour le porno en se masturbant quotidiennement sur du contenu de plus en plus hard.

Cependant, les véritables monstres ne sont pas vraiment ceux que l’on verra, mais bien cette addiction vorace qui finit comme le porno par nous ravager le cerveau, en dévorant intégralement ces individus qui à force de régresser vont perdre toute leur humanité (la scène où Bubba confronte le docteur McMichaels en lui montrant son reflet dans le miroir ainsi que la zombification du docteur Tillinghast). L’autre intérêt du film réside également à travers son univers fantasmagorique et cauchemardesque, qui permet aux maquilleurs de s’en donner à cœur joie sur les déformations protesthétiques chargées en symboles phalliques ou en orifices de pénétration. Ces effets spéciaux organiques et protéiformes rappellent le caractère lubrique de Terrorvision de Ted Nicolaou, où l’on trouvait déjà cette fusion des corps lors d’une orgie échangiste et dont Brian Yuzna s’inspirera pour réaliser Society.

Outre les qualités visuelles du long-métrage qui s’impose largement comme l’une des meilleures série B de son temps, ne souffrant aucunement du poids des années, c’est aussi la plastique irréprochable de sa principale interprète qui nous revient immédiatement en tête, engoncée dans son string et ses vêtements de cuir. Barbara Crampton donne du corps à son interprétation passant d’une psychiatre empathique et réservée à une bête de sexe dominatrice qui va s’abandonner au plaisir charnel, allant jusqu’à masturber sous la couette son patient à moitié endormi avant de s’en lécher les doigts. On retrouvera d’ailleurs l’actrice la même année dans un numéro de playboy, devenant le fantasme de toute une génération d’hommes, tel que l’auteur de ces lignes qui n’aurait franchement pas dit non. Malheureusement, le public partagé entre le sentiment de fascination et répulsion ne s’y retrouvera pas, pas plus que la critique spécialisée de l’époque qui regrettera le manque de discernement et de suggestion de son réalisateur. Autres temps, autres mœurs, les plus réceptifs devraient néanmoins apprécier de se faire titiller la glande pinéale.

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