[Critique] – Blair Witch 2 : Le Livre des ombres


Blair Witch 2 Le Livre des ombres Affiche Film

Réalisateur : Joe Berlinger

Année de Sortie : 2000

Origine : États-Unis

Genre : Horreur

Durée : 1h28

Le Roy du Bis : 3/10
Thibaud Savignol : 3/10


For Blair The Bell Tolls


Moins méta que Scream et sa saga diégétique Stab, on reconstitue ici frontalement le succès du premier film. On y suit une fan-base obnubilée par la forêt de Blair, ses mythes et légendes, mais surtout le flouz que ça peut rapporter. Ils ne croient pas si bien dire. Des goodies sont vendus en pagailles et des expéditions organisées dans les bois sur les traces de la désormais célèbre sorcière. Alors qu’une lecture sur les conséquences d’un tel phénomène, entre sensationnalisme de mauvais goût et ouverture du tiroir caisse, pouvait se révéler passionnante, le scénario préfère emprunter le chemin ultra-balisé de la malédiction qui rend fou ses personnages. Pour l’originalité on repassera. Le premier opus s’appuyait sur cette simplicité désarmante pour renouveler avec brio la forme du film d’horreur, mais le retour à un filmage plus traditionnel ne fait qu’éclairer les lacunes d’un script et d’une mise en scène dénués de la moindre imagination.

Blair Witch 2 Le Livre des ombres critique film Found footage

Là où la suggestion était de mise, il n’y a désormais plus qu’une mécanique qui tourne à vide, détruisant l’édifice construit l’année précédente. Plus de mystère, disparue l’aura de souffre qui planait sur la forêt de Blair. Place aux jeunes adultes libidineux post-American Pie, confrontés à une force obscure qui permet toutes les facilités scénaristiques possibles, que ce soit en terme d’espace, de temporalité ou d’action. La menace, invisible, n’est jamais réellement établie, et donc toutes les fantaisies sont possibles. Ta gueule c’est magique comme dirait l’autre. S’ajoute un casting affublé d’un look instantanément ringard digne des pires slashers de la décennie, des effets horrifiques au rabais et un twist final qui malgré une idée séduisante sort de nul part lors des dernières minutes. Un twist qui aurait pu se positionner en commentaire sur le phénomène post-Blair Witch et la relation qu’entretient le public avec une image de cinéma ; la puissance que peut dégager cette dernière et comment elle nous influence. En somme, continuer le discours entamé en 1999 sur le réel et l’image du réel.

Puisqu’il n’y a pas grand chose de plus à raconter sur cette suite ratée et opportuniste, intéressons nous plutôt à Joe Berlinger et la suite de sa carrière. Pour les adorateurs du grand N rouge il a réalisé en 2019 Extremly Wicked, Shockingly Evil and Vile où le beau gosse Zac Effron prêtait ses traits au célèbres tueur Ted Bundy. Mais il a surtout accouché de l’incroyable documentaire Metallica : Some Kind of Monster, quatre ans après s’être rendu coupable de ce Livre des Ombres. Le film met un lumière un groupe déjà lessivé après 20 ans de carrière, s’attelant à la composition de leur nouvel album, Saint Anger. Guerre d’égos, alcoolisme, panne d’inspiration et crise de la quarantaine, rien ne nous est épargné pendant plus de deux heures. Et on ne parle pas de n’importe groupe, mais de Metallica, ayant composé des albums légendaires tels que Master of Puppets et …And Justice for All, capable de remplir des stades entiers en moins d’une heure. Rarement un groupe s’est autant mis à nu, n’a été aussi vulnérable face à des caméras, sorte de séance chez le psy à ciel ouvert. En résultera un mauvais album de musique mais une renaissance pour le quatuor. Alors au lieu de regarder cinq névrosés paumés dans la forêt, allez plutôt zieuter l’incroyable descente aux enfers d’un des plus grands groupes de l’Histoire, rien qu’ça.

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