[Critique] – Despiser


Affiche film nanar Despiser

Réalisateur : Philip J.Cook

Année de Sortie : 2003

Origine : États-Unis

Genre : Fantastique Chrétien

Durée : 1h45

Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 6/10


La Patrouille des Damnés


Je crois bien que ce coup là j’ai eu le nez fin. C’est par un bel après-midi ensoleillé que j’ai déniché ce trésor, caché parmi une pile de DVD à 1 euros l’unité au Cash Express de ma Meuse natale. Une jaquette avec un monstre en 3D et des photos semblant tout droit tirées d’une cinématique de jeu vidéo des années 2000 genre Resident Evil. J’étais pressé de mettre le disque dans mon lecteur et de le regarder avachi sur mon duvet avec une bonne tasse de café. Mais après réflexion, j’ai préféré attendre quelques temps la visite de mon meilleur ami pour le découvrir à moitié bourré lors de notre festival coutumier de série bis. Le bousin nous a très vite semblé être un pur produit livré par le département marketing de l’Église Catholique, qui chercherait à séduire les jeunes brebis égarées passionnées par les Doomlike. Le récit se contente d’enchaîner les séquences d’action bourrines, les morceaux de bravoure et sacrifices de ses protagonistes, le tout baignant dans la religion et un manichéisme clairement défini par les forces du bien et du mal.

L’histoire suit la résurrection d’un artiste incompris, pour ne pas dire raté, qui se retrouve invité à démissionner de son boulot de graphiste après s’être endormi sur son clavier. La journée commence donc plutôt mal, d’autant qu’en rentrant chez lui, c’est pour s’apercevoir que ses meilleurs amis aident sa femme à déménager suite à de nombreux loyers impayés. Sans emploi, dépossédé de sa maison et désormais de sa femme, cette dernière souhaitant arrêter les frais avec lui tant qu’il n’aura pas un peu mûri ou le porte-feuille un peu plus garni, Hauge va rapidement sombrer dans l’alcool et les médicaments. Une sortie de route l’attend, au sens propre comme au figuré, direction le purgatoire des âmes tourmentées. C’est dans cet univers alternatif entre la vie et la mort qu’il va se retrouver aux griffes d’un groupe de clodos qui vont chercher à s’emparer de ses vêtements (ou bien de son âme, je ne sais plus vraiment). Heureusement, un ersatz de Samuel L. Jackson va venir le sauver avec toute son équipe de bras cassés au volant de leurs bolides en 3D.

Sinon, le méchant est un diable exalté aux yeux révulsés, qui remue les bras comme la diva du Cinquième élément et traite ses ennemis de «cancrelats». Quant aux héros, ce sont des Desperados habillés comme des Rangers de la Zion Valley, cherchant à évangéliser ces terres de sauvageons. Leur leader aime bien balancer des versets de la Bible en dégommant des hordes de loqueteux. Son bras droit «Fume» est non seulement un aviateur Japonais, mais aussi le fils caché de Toshiro Mifune qui serai naît d’une liaison extra-conjuguale avec une latino sur le tournage de Soleil Rouge. Forcément, un bridé typé chicano avec une veste de kamikaze arborant le drapeau du soleil levant peut difficilement convaincre, même en débitant des répliques philosophiques plus grandes que la vie ou en balançant des «Banzai» à la gueule de ses ennemis.

Vous l’aurez compris, Philip Cook n’a honte de rien, et c’est tant mieux tant je comprends l’artisan derrière son projet fou qui aura mis plusieurs années à se concrétiser. Si je le comprends tellement, c’est aussi parce que je me suis moi-même rendu coupable d’un nanar stratosphérique de la même envergure dans une 3D aussi boiteuse que lui avec un ami doué pour le modding, afin de remporter le prix de la Résistance et de la Déportation en 2011 à travers un sujet tout aussi similaire (un groupe ultra stéréotypé genre Les Douze salopards, qui font de la résistance sous l’occupation nazie avec un japonais dont on pine que dalle à ce qu’il dit).

En bref, Despiser c’est un peu le film que j’ai livré à l’époque du lycée sans même avoir conscience de son existence, les esprits dépravés se sont donc croisés sans jamais se rencontrer. Dans l’œuvre de Philip Cook, il s’agit d’une suicide squad qui erre dans le purgatoire en combattant des terroristes pour les empêcher de détruire leur monde à grand renfort de missiles nucléaires, parce qu’ils aimeraient forcer les portes du royaume des cieux. Quant à mon film c’était des maquisards qui tentaient d’empêcher les nazis a balancer le V2 dans un village de la France profonde, et nos films ont en commun de finir sous le même déluge d’effets pyrotechniques. Ce n’est donc pas l’enfer, mais c’est tout comme.

Toutes les routes semblent y mener tant l’environnement y est bien plus austère et apocalyptique qu’un désert Mad Maxien. Quant à Hauge, il se retrouve d’abord entraîné malgré lui au cœur de cette lutte avant d’épouser la cause pour tenter de sauver l’âme de sa bien aimée. Évidemment comme ce dernier est l’élu de la prophétie, le bien triomphera du mal dans un climax qui ressemble à Aladdin. Et après de telles péripéties, l’artiste va retrouver l’inspiration et connaître une véritable succès story en signant des toiles de maîtres inspirées par cette aventure rocambolesque. Le rêve américain n’a donc désormais plus de secrets pour moi et le nanar non plus. Je devrais peut-être songer à inviter Philip Cook à mon prochain anniversaire, au moins on aurait des choses à se dire.

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