Réalisateur : Brant Sersen
Année de Sortie : 2018
Origine : États-Unis
Genre : Horreur Universitaire
Durée : 1h39
Le Roy du Bis : 5/10
La Coupe est pleine
Vous pensiez que l’on ne pouvait pas égaler les fêtes de Stifler ? Pourtant souvenez-vous un peu du boxon généré par Projet X, de son nain balancé dans un four jusqu’aux arbres et voitures brûlés au lance-flamme ! Un épiphénomène qui avait même fini par envahir notre réalité, provoquant pas mal de débordements et de casse dans nos quartiers. Si la popularité se mesure à la connerie et bien Haunting on Fraternity Row dépasse l’entendement avec sa party universitaire d’enfer. Mais avant d’en arriver là, Brent Sersen nous introduit cette fraternité de neuneus, interprétée par des trentenaires aux physiques d’adolescents. On a donc le gosse de riche imbuvable qui souffre de problème érectile, le teufeur sous LSD qui finit à demi comateux dans son vomi, le black un peu lourdaud, le métisse au cœur tendre, un asiatique pour remplir les quotas de minorités ethnique, les sobriquets qui servent de larbins, ou bien le sportif bodybuildé qui rayonne autant par le saillant de ses biceps que par sa stupidité ; il est d’ailleurs à ce titre l’acteur le plus convaincant du film et n’aurait pas dépareillé dans la saga American Pie. À cette galerie de portraits esquissés à gros traits, s’ajoute un défilé de pétasses de service, vouées à se déhancher du cul en montrant leurs seins, ou bien à faire de la figuration. La coupe est donc pleine, à ras bord. Ne manque plus qu’une présence insidieuse et malfaisante dans la maison pour que la fête batte son plein et finisse par dégénérer dans un concert de crsi, de jump-scares, de CGI et de regard ulcérés par un mauvais esprit.
Haunting on Fraternity Row nous fera donc boire la calice jusqu’à la lie, puisque son réalisateur ne semble avoir absolument rien compris aux erreurs de ses prédécesseurs, et se retrouve en totale incapacité de pouvoir justifier le recours au Found footage. La mise en scène alterne champs/contrechamps ainsi que plusieurs prises de vue captées au même moment d’une discussion ou d’un événement paranormal se manifestant dans la maison, ce qui impliquerait un regroupement de toutes les images avant montage. Et ne parlons même pas du retour en arrière sur l’une des caméras témoins, opéré en temps réel par l’un des acteurs, ce qui n’a absolument aucun sens. Un beau bordel sans queue ni tête qui ne se soucie jamais de la diégèse induite par le dispositif, si ce n’est que l’association des différentes prises de vue est inclusive, puisqu’ils sont plusieurs à filmer pour couvrir cet événement. Ce problème est assez symptomatique d’une entreprise qui tourne souvent à vide (et à l’alcool), et déballe l’habituel programme horrifique qui n’est prétexte qu’à aligner tous les artifices et poncifs éculés du genre, dont l’auteur tire un mélange bâtard entre Projet X, REC et Paranormal Activity.
Finalement, l’histoire des lieux qui révèle un massacre perpétré jadis, une coupe ayant servi à un rituel ésotérique et un tunnel débouchant sur une pièce punaisé d’appliques et de luminaires, s’avère moins fascinante que la représentation de cette jeunesse débridée qui en profite pour se lâcher et festoyer jusqu’à ce que mort s’en suive. Heureusement le film ne se prend pas tellement au sérieux, évite le cynisme, et à défaut d’être un bon film d’horreur ou bien un Found footage recommandable, remplit son contrat. On se surprend finalement à s’amuser devant ces situations, entre séances de binje drinking, querelles d’amoureux, POV de poitrines dénudées en plein coeur du dance-floor endiablé, ou bien les habituels bizutages et humiliations opérés dans l’euphorie communicative. Une pluralité d’excès qui vous renverront à vos années de lycée, où la quête de popularité finit par rendre les gens aveugles, au sens propre comme au figuré.