[Critique] – Killing Spree


Kill Spree affiche film

Réalisateur : Tim Ritter

Année de Sortie : 1987

Origine : États-Unis

Genre : Horreur Low-Cost

Durée : 1h28

Le Roy du Bis : 7/10
Thibaud Savignol : 5/10


Fallait pas baiser ma femme !


Toutes les mêmes, toutes des salopes et des grosses chiennes en chaleur qui ne pensent qu’à aller baisouiller à droite, à gauche quant on a le dos tourné. Coucher avec le voisin, le livreur, le meilleur copain, et le jardiner c’est le propre des femmes au foyer qui ne savent pas comment occuper leur journée pendant qu’on se casse le cul à ramener du blé pour payer les traites de la maison. Tom Russo un mécano paranoïaque et misanthrope est convaincu que sa femme Leeza le trompe avec d’autres hommes. En feuilletant son journal intime, il croit avoir découvert la preuve de son adultère. Le mari va donc feindre de faire des heures supplémentaires pour se faire à son tour chacun de ses amants.

Seulement Leeza n’a pas chaumé et ne s’est pas contentée d’un seul homme à son tableau de chasse. Le cocu va donc s’en donner à cœur joie et redoubler d’inventivité pour orchestrer leur morts : tondeuse à lames, tournevis, marteau et autres outils de jardinage pour se débarrasser de toute cette chienlit, y compris sa fouineuse de voisine. La chute de l’histoire, c’est que Leeza lui révélera écrire des nouvelles érotiques pour l’aider à payer le crédit. Face à ces révélations fracassantes, on verra donc toutes les victimes revenir à la vie pour se venger dans un climax complètement délirant où les zombies vont s’engueuler pour se départager leur proie.

Vous aurez donc compris à la lecture de ce résumé à quel genre de personne peut bien s’adresser ce type de péloches : les psycopathes, les bisseux, et les ex jaloux. On doit ce Killing Spree à Tim Ritter dont la filmographie demeure pour la plupart inédite dans nos contrées. Le réalisateur est tombé dans la marmite dès ses dix ans avant de se faire connaître avec Day of the Ripper. Fort de ce succès, celui-ci lui a permis de fonder sa propre société de production : Twisted Illusions Incorporated, spécialisée dans les films à bas budget destinés au marché de la vidéo, la plupart du temps tournés en 16mm, Super 8 et Hi8. C’est justement ce cachet d’époque qui donne du charme à cette petite production tournée dans la maison du réalisateur avec une bande de copains, à mesure de douze heures par jour et d’un budget avoisinant les 150 000 $.

Le making of laisse d’ailleurs entrevoir le minimalisme de la mise en scène, assez amatrice, malgré l’expérience et la longévité de son auteur dans le circuit. À l’image d’un film porno, ça se limite à poser la caméra dans un coin et à filmer de manière un peu austère, en rehaussant parfois de quelques éclairages rouge pour accentuer la démence de son principal interprète. Il y a néanmoins une séquence onirique assez dingue où l’actrice se transforme en bouche à pipe géante et se met à sucer la tête de son amant (un headjob) de laquelle s’échappe un liquide laiteux. Cette scène surréaliste donne au film des airs de fantasme candauliste. Parfois le cinéaste utilise les moyens du bord comme un fauteuil roulant ou un chariot pour effectuer un travelling, ou encore une planche sur laquelle est fixée la caméra le temps d’un plan intrusif qui rend hommage à Evil Dead de Sam Raimi. Mais pour le reste, la photographie est assez plate.

L’intérêt repose donc en grande partie sur les effets spéciaux réalisés par Joel Harlow, qui suite à cette première expérience fera carrière dans le cinéma de genre avec des films comme Toxic Avenger 2 et 3, Basket Case 2 et 3 ou bien Dracula de Francis Ford Coppola, excusez du peu. Ici on alterne un peu le chaud et le froid, filmant des éviscérations, des démembrements et meurtres par trépanation avec de l’outillage. Certains maquillages sont vraiment très gores, là ou d’autres apparaissent plus minimalistes en raison du manque de budget. Mais c’est typiquement cet aspect cheap, artificiel et bricolé, comme cette fausse tête inexpressive balancée d’une mezzanine, qui accentue le côté humoristique et décalé qui anime l’esprit du film. Tout le long métrage est ainsi truffé de meurtres ironiques ; l’électricien scalpé par un plafonnier, le jardinier démembré par une tondeuse ; et de gags outranciers comme lorsque le meilleur ami de Tom revient à la vie en imitant Boris Karloff puis utilise son bras arraché pour le roué de coup avec.

C’est en réalisant Eliminator que Tim Ritter fera d’ailleurs la rencontre de celui qui deviendra son acteur vedette : Asbestos Felt, que l’on reverra également dans Creep. Un homme qui possède le parfait physique de l’emploi même s’il en fait souvent des caisses devant la caméra. C’est lui qui porte Killing Spree sur ses frêles épaules grâce à ses excès de colère et crises d’hystérie. La scène coupée où l’on voit l’acteur s’exciter sur le cadavre décharné de sa voisine vaut le coup d’œil et aurait mérité de figurer dans le montage final au vu de sa brutalité. Mais c’est peut-être aussi pour cette raison et quelques autres que Killing Spree mettra plusieurs années à sortir de terre faute de trouver un distributeur. Un film qui aura au moins le mérite de vous soulager un peu de votre frustration d’Incel.

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