[Critique]- Cadence de Combat


Cadence de Combat Affiche Affiche Film

Réalisateur : Thomas J.Wright

Année de Sortie : 1989

Origine : États-Unis

Genre : Baston WWE

Durée : 1h33

Le Roy du Bis : 6/10


Beaufsport


Quand l’industrie hollywoodienne manque d’égéries, les exécutifs ne mettent pas longtemps à dénicher de nombreux talents dans leur vivier. Outre le monde du théâtre, les domaines de la mode et de la musique, le sport leur a toujours permis de mettre en scène de nouveaux héros. À ce titre, le catch a tout d’une tragédie grecque et constitue une bonne base de données ayant permis à de véritables bêtes de scène tel que Roddy Piper de se reconvertir acteur dans des films reconnus et appréciés du grand public (Invasion Los Angeles).

Imprimer la légende

Plus récemment ce sont Dwayne Johnson, Dave Bautista et même John Cena qui ont pu trouver un second souffle après leur carrière sur les rings de la WWE. Le plus célèbre de tous ces catcheurs reste néanmoins Hulk Hogan. Considéré comme une icône de virilité, Hulk Hogan n’a jamais pu bénéficier d’une carrière estimable dans le 7ème art. Pourtant, avec son charisme de phacochère, ce monstre médiatique incarne parfaitement les valeurs patriotiques, beauf et outrancières de l’Amérique reaganienne.

Cadence de Combat, réalisé pour 8 millions de dollars, est un cas chronique de cette reconversion ratée en tant qu’acteur. Probablement parce qu’il ne suffit pas seulement de grommeler et de vociférer comme un animal devant la caméra. Si ses excès de colère, ses expressions patibulaires et son caractère infantile participent à le rendre d’autant plus sympathique et accessible auprès du grand public, le personnage n’en reste pas moins un entertainer aux multiples zones d’ombres.

L’histoire ne vole pas plus haut que la 3ème corde d’un ring. Hulk Hogan y interprète un catcheur à son image, tout en bestialité. Un show-man qui harangue les foules en déchirant son t-shirt, déployant ses muscles saillants et ses gros pectoraux. Il est le plus fort, le plus génial, le meilleur, le numéro uno. Non seulement il ne perd jamais un combat, mais en plus il est le roi du bandana. Un foulard cachant en réalité une grosse tête monumentale ainsi qu’une calvasse légendaire. Son personnage se retrouve donc approché par un riche producteur souhaitant le débaucher pour lui faire signer un contrat mirobolant. Excepté que le Destroyer est un mec loyal, aussi fidèle en amour qu’à sa chaîne de télé cryptée, même lorsque cette dernière est en perte de vitesse. Ironie quand tu-nous tiens.

Cadence de Combat Critique Film Hulk Hogan

Hulk voit rouge

En lui opposant ce refus, Hulk Hogan s’expose alors à de multiples embrouilles et embuscades de gangsters. Le culturiste, grogne et vocifère comme un roquet aussi rouge qu’un steak haché. Face à ces caprices de star, le producteur va s’attaquer à sa côte de popularité auprès des fans en recrutant un nouveau combattant encore plus grand, plus costaud, plus méchant mais surtout plus idiot. Zeus, c’est son nom, représente toutes les dérives de la lutte à lui tout seul : irascible, vulgaire, bourru et patibulaire. Le mec est un vrai shaker sous anabolisant avec un éclair digne d’une svastika dessiné sur le crâne.

Le réalisateur nous immerge alors au plein cœur d’une Amérique rurale, sale et désenchanté, constitué de Barfights décadents sentant la pisse, la sueur et l’huile camphré. Loin des valeurs véhiculés par le sport, le catch sert ici de vaste défouloir régressif à une horde de redneck bourrés, se battant à la déloyale sur fond de musique métal. Tous les coups sont permis, y compris les chaises et les clés à molette. La seule règle, c’est qu’il n’y en a aucune.

Cadence de Combat verse clairement dans la surenchère, le sang en moins, parce qu’il ne faudrait tout de même pas heurter la sensibilité des plus jeunes. Pour sauver la noblesse de la lutte, qui de mieux que le mythique Hulk Hogan ? Le mec le plus altruiste et fair-play du sport qui a toujours dit non aux stéroïdes ? Et comme-ci cela ne suffisait pas à rendre son adversaire assez odieux, ce dernier va envoyer son frère en fauteuil roulant, kidnapper sa copine et le forcer à se coucher sur le ring.

Les groupies de la Hulkmania auront donc tout le loisir d’admirer leur idole nous inonder de sa glandine d’Hercule, sauver la veuve et l’orphelin, guérir son frère avec ses bons sentiments et ses blagues à deux balles qui ne font rire que lui. Le spectateur ne peut que sourire devant un tel parangon de connerie à la gloire de sa star. Hulk Hogan est un monstre arrogant. Hulk Hogan est un beauf bruyant. Hulk Hogan possède la finesse d’un éléphant. Hulk Hogan est un égocentrique tyran. Hulk Hogan est certainement le plus gros connard que l’univers de la WWE est porté. Et pourtant, dans toute son outrecuidance et ses faux semblants, Hulk Hogan est le dernier représentant d’une espèce en voie de disparition que nous ne manquons pas d’apprécier à juste valeur.

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