[Critique] – Re-Animator


Re Animator Affiche Film

Réalisateur : Stuart Gordon

Année de Sortie : 1985

Origine : États-Unis

Genre : Comédie Horrifique

Durée : 1h26

Le Roy du Bis : 8/10
Thibaud Savignol : 7/10


Student shouldn’t play with dead things


Les années 80 furent considérablement propices au cinéma gore. Le producteur Charles Band s’y essayera au milieu d’une multitude de divertissements tout public, plagiant minutieusement ce qui faisait le succès d’autres films bien plus huppées. On peut citer l’exemple des Ghoulies, avec ses simili petites créatures inspirées des Gremlins, dont l’affiche dévoile un gnome sortir d’un chiotte, faisant son petit effet sur le public et permettant une belle rentabilité au box-office avant d’envahir les vidéos-clubs malgré la médiocrité de l’entreprise. On pense aussi à Rayon Laser, un film science-fictionnel mettant un adolescent armé d’un blaster ganté aux prises avec un groupe d’extra-terrestres belliqueux, animés en stop-motion par David Allen, et qui tirait son inspiration de Star Wars dont il explosait d’ailleurs un affichage publicitaire pour faire le buzz. Mentionnons également Parasite sorti à l’époque en 3D, film post-apocalyptique lorgnant du côté de Mad Max et d’Alien ou bien Demonic Toys qui reprend peu ou prou le même canevas que Chucky, et dont les Evil Bong, et autres Gingerdead Man ne sont finalement que des décalques ou excroissances souvent nanardesques.

Avec cette flanquée de productions, généralement tournées au sein de ses studios Dinocita en Italie pour peu de frais, Charles Band chercha un peu à se diversifier et s’associa à un projet né de l’union entre Brian Yuzna et Stuart Gordon. Ce dernier était alors directeur d’un théâtre spécialisé dans les représentations de Grand Guignol, un mouvement réputé pour ses histoires macabres et ses effets sanguinolents. La pomme ne tombe jamais loin du pommier et Gordon, qui s’était déjà essayé à la réalisation dans le cadre de l’une de ses pièces, décida alors d’adapter une nouvelle parodique de H.P. Lovecraft, suivant les expérimentations et déconvenues du scientifique Herbert West. Une œuvre de commande divisée en six segments et assez anecdotique aux yeux de son auteur, grandement influencée par l’œuvre de Mary Shelley, et que le réalisateur souhaitait d’abord entreprendre comme une série TV destinée aux chaînes de télévision câblées. Mais le projet sera finalement avorté pour épouser la forme d’un long-métrage qui prend ses distances avec le matériau d’origine, notamment par un glissement de ton opéré via ses nombreux débordements outranciers.

L’université de Miskatonic est très heureuse d’accueillir son nouveau pensionnaire de Zurich, l’étudiant Herbert West, jeune prodige qui prétend pouvoir ramener les morts à la vie. Des expériences pas vraiment du goût de son professeur Carl Hill, qui ne croit pas en la possibilité de telles balivernes. Pourtant, grâce à un sérum fluorescent de sa composition, il parvient à ramener un chat de son vivant. Seulement, la recette ne semble pas encore totalement au point puisque les animaux et personnes ressuscités sont pris de violentes crises de démence et deviennent totalement incontrôlables. Pour parfaire son procédé, le docteur va se mettre à chercher des sujets plus «frais» mais à force de jouer avec la vie, il va laisser toute une horde de zombies derrière lui et plonger l’école dans le chaos le plus total.

Re Animator Critique Film Stuart Gordon

Si le propre du Grand Guignol revient à se complaire dans les effets sanglants et d’en montrer toujours plus à un public friand, Gordon accumule les scènes chocs pour accentuer le caractère psychotique du film, où même les organes internes et intestins d’un corps en charpie peuvent se mettre à attaquer sauvagement les vivants. Quand l’horreur se met à dépasser l’entendement. Hitchcock disait «plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film». Non content de proposer un «bad guy» sans état d’âme, qui met son talent et son intelligence au service de ses obsessions en nous entraînant avec son colocataire dans ses transgressions, Re-Animator compose avec un second méchant encore plus machiavélique. Alors qu’il ne lui reste que ses plus vils et noirs instincts après sa résurrection, il tentera de spolier la création du Dr West, finissant évidemment par tout emporter sur son passage lors d’un final aussi foisonnant en tripailles que mortel pour chaque protagoniste.

Personne n’aurait pu anticiper l’impact de Re-Animator dans l’inconscient collectif et le cinéma gore, dont il est l’un des plus célèbres représentants avec la saga Evil Dead. Ils partagent cet amour de l’humour slapstick, avec sa surenchère d’effets et situations non-sensiques, notamment lorsqu’au cœur d’une morgue le doyen se met à réanimer toute une armée de cadavres grâce à son corps, qu’il tente de manipuler avec grande peine puisqu’il n’a plus la tête sur ses épaules. Le film révéla non seulement son fantastique réalisateur, le regretté Stuart Gordon, bien trop souvent mésestimé au regard d’autres grands noms de la série B, alors qu’il s’agissait pourtant de l’un des meilleurs de la profession et de loin, mais aussi Barbara Crampton, qui doit également sa carrière de «scream queen» grâce à ce cunnilingus sanglant.

La séquence a tellement choqué la femme de David Gale qu’elle décidera de se séparer de lui (True Story). Quant à Jeffrey Combs, que l’on retrouvera à l’affiche de nombreuses autres adaptations Lovecraftiennes et films de la Full Moon, il paraît inenvisageable de le dissocier de la peau du personnage auquel il prête les traits. Son interprétation toute en théâtralité descend directement des monstres sacrés que furent Peter Cushing et Vincent Price, dans la plus pure tradition d’un savant fou hautain et méprisable, qui ne se soucie jamais de heurter les sentiments tant que cela lui permet d’arriver à ses fins, et toujours au nom de la science.

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