[Critique] – V/H/S 94


V/H/S 94 film affiche

Réalisateurs : Timo Tjahjanto, Simon Barrett, Steven Kostanski, Chloé Okuno, Ryan Prows, Jennifer Reeder,

Année de Sortie : 2021

Origine : États-Unis

Genre : Compilation Sketchs Found Footage

Durée : 1h40

Le Roy du Bis : 7/10
Thibaud Savignol : 6/10


Le Culte de la K7


On ne change cependant pas de recette. La trame principale est un peu moins superficielle que par le passé même si elle sent encore le réchauffé. Il s’agit encore une fois de parcourir une maison délabrée remplie de monticules de cassettes, de cadavres mutilés et de piles de télévisions entassées les unes sur les autres. On a remplacé les voyous et les enquêteurs par une équipe du SWAT surarmée, cherchant à démanteler un réseau criminel qui voue un culte aux K7 et vidéos pirates que l’on retrouve sur les sites interpasnet. Chaque film visionné rend donc son spectateur un peu plus accroc pour ne pas dire carrément lobotomisé, comme les ados devant leurs conneries de télé-réalité ou de Tik Tok. Une manière d’introduire les différents segments avec une mécanique de prédation déjà moins ennuyeuse que par le passé.

V/H/S 94 Critique film Timo Tjahjanto

Storm Drain ouvre le bal avec un reportage sensationnaliste mené par une journaliste arriviste et son caméra-man, qui iront jusqu’à s’aventurer au cœur d’un collecteur d’eaux pluviales, afin de lever le voile sur une légende urbaine locale. L’occasion de dresser un portrait cynique des médias, prêts à tout pour faire le buzz médiatique. Ils vont évidemment tomber sur le scoop du siècle dernier, même s’ils ne resteront pas vivants assez longtemps pour pouvoir en témoigner. Ces égouts sont en effet fréquentés par des zoophiles vénérant une créature née d’une union contre nature entre l’homme et le rat. Cette exploration souterraine constitue une sympathique descente aux enfers, partagée entre la peur du noir et des espaces confinés, avant de culminer par la découverte d’une abomination lovecraftienne.

Après une rapide coupure publicitaire ventant les qualités nutritives d’une dameuse à légume, on passe à l’épouvante d’une veillée funèbre. Simon Barret en profite pour réaliser l’un de nos pires cauchemars, celui de voir le corps accidenté d’un défunt se réveiller de son cercueil. Un segment qui joue habilement des ressorts éculés du cinéma d’horreur pour faire monter la tension. Un environnement inquiétant, des bruits étranges, des coupures d’électricité provoquées par une violente tempête à l’extérieur, avant que la jeune employée ne se retrouve confrontée à des événements surnaturels qui vont faire vaciller ses derniers fils de rationalité. Tout ne vise évidemment qu’à renforcer l’angoisse de la situation, qui va basculer dans l’effroi lorsque le cadavre va se réveiller et se mettre à la rechercher dans une partie de cache-cache terrifiante.

On passe ensuite au plat de résistance avec ce revival cyberpunk du mythe de Frankenstein. Le point de vue est celui d’une victime charcutée sur une table d’opération, subissant les délires d’un savant fou cherchant à créer une armée de cyborgs. L’armée va intervenir et se retrouver confronter à ces monstres de chair et d’acier. Le réalisateur en profite pour orchestrer des mises à mort aussi violentes que graphiques, à grand renfort de rafales dans le corps, de démembrements et d’explosions dans un carnage récréatif et sanglant. Une fois encore, Tjahjanto répond présent avec cette horreur crasse et organique évoquant les grandes heures du cinéma de Tsukamoto.

Le dernier chapitre s’avère être le moins convaincant du lot avec sa métaphore politique sur fond d’invasion vampirique et de monde post-apocalyptique. On y suit les chroniques d’un groupe de suprématistes blancs qui cherchent à renverser le gouvernement en utilisant un otage pour faire exploser un bâtiment. Évidemment, leur arme secrète finira par se retourner contre eux. Dispensable bien que divertissant, d’autant que son réalisateur aura au moins eu le mérite d’employer un véritable caméscope de l’époque pour tourner son segment. S’il ne révolutionne pas son approche et encore moins ses dispositifs de mise en scène, V/H/S/ 94 peut au moins se targuer de ne souffrir d’aucune fausse note et de relever enfin le niveau d’une saga qui était tombée bien bas. Une anthologie qui tend à prouver que le Found footage a encore de beaux restes

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