Réalisateur : Andreas Schnaas
Année de Sortie : 1991
Origine : Allemagne
Genre : Invasion Zombie Fauchée
Durée : 1h15
Le Roy du Bis : 5/10
Thibaud Savignol : 5/10
Rotten
Après l’expérimental Violent Shit, le gros Schnaas s’est essayé au film de zombie pour continuer de se perfectionner dans les maquillages et effets spéciaux. Évidemment, avec une poignée de deutsche marks on ne va pas bien loin, et ce Zombie 90 Extreme Pestilence est une pâle copie des films de George Romero et de Lucio Fulci, allant notamment jusqu’à reproduire une scène de L’Enfer des Zombie au plan près (l’invasion sur le pont) comme me l’a fait gentiment remarquer mon meilleur ami. Les intellectuels auront par exemple retenu que George Romero cherchait surtout à dresser le bilan de l’Amérique à chaque décennie, du consumérisme obsessionnel et dégénératif au capitalisme sauvage, avec une bonne dose d’humour corrosif. Fulci de son côté se livrait à des apocalypses d’ordre plus mystiques et ésotériques, avec des visions dignes de l’enfer de Dante, lui permettant de s’interrogeait également sur la vie après la mort comme on le verra d’ailleurs tout au long de sa filmographie (Frayeurs, L’Au-Delà, La Maison près du Cimetière). Schnaas qui bâillait aux corneilles en cirant les bancs du fond n’aura surtout retenu que les scènes gores de Tom Savini, dont il tente de reproduire l’impact avec des baquets de viscères et d’abats dans des mannequins en latex et papier mâché.
Forcément, l’histoire est d’un minimalisme presque enfantin. Un avion militaire s’écrase dans la forêt, libérant une étrange substance verdâtre qui transforme les badauds en horde de zombies affamés qui se mettent à dévorer les vivants en utilisant toutes les armes qui leur tombent sous la main (tronçonneuse, hache, feuille de boucher, machette…). Mais deux scientifiques vont chercher à endiguer cette vague de morts-vivants avant qu’il ne soit trop tard. Le film peut d’ailleurs être (re)découvert grâce à la collection Violent Shit de Synapse Films qui propose une version anglaise sous-titrée. En tout cas, on sent que les doubleurs se sont lâchés et ne devaient pas être beaucoup payés, d’où un joli sabordage en règle.
Il y a d’ailleurs un décalage entre le doublage et le moment où les acteurs se mettent à débiter leurs répliques. Mieux encore, les voix ne collent pas du tout avec le physique des principaux acteurs. Imaginez-vous seulement deux blancs teutons parler comme des Afro-Américains, oscillant entre les tons graves et aigus et jurant toutes les deux minutes comme des charretiers. Le délire est parfois poussé à son paroxysme quand l’un reproche à l’autre de saigner dans sa voiture après s’être fait bouffer par un zombie. Mieux encore sur la fin, où le héros compare un zombie noir à Jimmy Hendrix en lui lâchant une anecdote sur son concert à Woodstock. Soulignons également le soin apporté aux détails lorsque les personnages portent un masque à gaz où les voix deviennent complètement étouffées et donc parfaitement inaudibles. Un parangon d’ânerie agrémenté de grognements caverneux et de bruits de bouche lors des banquets de chair humaine digne des pires bruitages que l’on entend parfois sur Xhamster, catégorie Blowjob pour les curieux.
Le film se révèle parfois transgressif. Citons par exemple le massacre d’une éclopée décapitée sur son fauteuil roulant et de son bébé arraché en deux. Même si au final cela est fait avec une telle dose de second degré qu’il serait difficile de ne pas en rire. Il faut bien reconnaître que le scénario n’est qu’un prétexte à une série de meurtres aussi ignobles que grotesques, où le réalisateur cherche surtout à satisfaire sa fascination pour les démembrements bien moyenâgeux et sa soif insatiable pour les geysers de sang débridés. Mais surtout, son fantasme pour le sexe féminin qu’il filme sous toutes les coutures avant de l’ouvrir comme un poulet pour trifouiller dedans et chopper des viscères que ses interprètes font mine de mordiller. On sent bien qu’il s’agit d’un tournage amateur entre copains où le dur labeur était récompensé par des litres de bière et des pizzas. F
aute de pouvoir se payer un chef-op, Schnaas fait beaucoup de gros plans sur les chaires martyrisées et putréfiées. C’est filmé au caméscope et ça se voit. L’image est dégueulasse, parfois cadrée n’importe comment tandis que le montage est taillé à la serpe, notamment lors de la séquence onirique faisant office de climax. Paradoxalement, en cherchant parfois à reproduire une mise en scène plus classique le film perd de l’intérêt, à l’instar du premier Violent Shit qui palliait sa misère narrative et son manque de budget par une forte dose d’expérimentation visuelle et sonore. En l’état, Zombie 90 Extreme Pestilence reste un petit nanar entre copains, un fan-film assez brouillon lui permettant d’expérimenter de nouveaux effets qu’il reproduira ensuite dans sa célèbre saga des Violent Shit, avec plus d’inventivité et de désinvolture.