[Critique] – Ritual of Death


Ritual of Death affiche film

Réalisateur : Fauzi Mansur

Année de Sortie : 1990

Origine : Brésil

Genre : Gore Sous Prozac

Durée : 1h23

Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 4/10


L’Au-delà de l’Amazonie


A force d’ouvrir des portes donnant sur d’autres dimensions Lucio Fulci a fini par atteindre le bout du monde. Si le Brésil est d’avantage réputé pour le carnaval et le football que pour sa production horrifique, son paysage cinématographique a tout de même vu une génération de cinéastes émerger des favelas. Le cinéma novo, issu des influences du néo-réalisme italien et de la Nouvelle Vague française, a d’ailleurs vu l’émergence d’une production underground dès les années 60. Les décennies suivantes furent ensuite marquées par une large exploitation de comédies érotiques destinées aux salles. Comme ces films ne montraient jamais de nudité, les réalisateurs ont toujours échappé au couperet de la censure gouvernementale.

L’État finira néanmoins par prendre ses distances sous l’ère Fernando Collor, ouvrant une faille dans laquelle Fauzi Mansur s’est précipité, après avoir fait ses premières armes dans le thriller et le pornochanchada. Les mœurs ont alors commencé à se libérer facilitant les recherches de financements. Le réalisateur s’est ainsi fait remarquer coup sur coup avec deux films d’horreur particulièrement gores. Et si Satanic Attraction reste encore à ce jour particulièrement difficile à trouver, il nous est néanmoins permis de redécouvrir Ritual of Death grâce au travail de l’éditeur italien Spasmo Video.

L’histoire tourne autour d’une pièce de théâtre mêlant égyptologie et sacrifices humains basés sur un livre ancien aussi maudit que le Necronomicon. Lors de la représentation, les étudiants vont alors libérer de terribles forces occultes, possédant l’un des interprètes qui va se mettre à assassiner tout le reste de la troupe. Fauzi Mansur se positionne d’emblée à la croisée des univers de Lucio Fulci et Michele Soavi. Du premier il capte l’atmosphère, les effets de brume, les corps pourrissants et les synthétiseurs. De l’autre, la mécanique de prédation de son premier essai Bloody Bird, avec une créativité qui ferait passer ses mises à mort pour de l’art contemporain (le comédien happé par l’hélice du ventilateur). Naturellement, rien de tout cela ne serait possible sans des victimes aux comportements irrationnels, qui aiment se séparer ou se jeter directement dans la gueule du grand méchant loup.

Ces facilités et son cheminement aussi linéaire qu’obscur dans l’élan de ses séquences oniriques témoignent de l’héritage du bis transalpin, et de l’importance de cette contreculture au pays de Neymar. Toutefois, la greffe a parfois du mal à prendre, et le cinéaste n’est pas parvenu à cultiver totalement ses différences, se limitant à une série de saynètes stéréotypées et répétitives (les danses tribales, la présence malveillante d’un vieil homme énigmatique), que l’intrigue n’explicite pas d’avantage. Dès lors, il faut accepter de souscrire aux extravagances et fantaisies d’une production souffrant d’une bonne dizaine d’années de retard sur ses contemporains. Mais avec ses rites sacrificiels, ses orgies dans le sang et ses meurtres crapoteux, Ritual of Death pouvait légitimement prétendre à figurer au sein du catalogue d’Uncut Movies.

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