Réalisateur : David DeCoteau
Année de Sortie : 1991
Origine : États-Unis
Genre : Poupées Démoniaques
Durée : 1h19
Le Roy du Bis : 7/10
The Crazyest Reich
Ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire, et il était temps pour l’un des plus fervents et fidèles lieutenants de Charles Band d’écrire la sienne. Toutes ces années à jouer les pantins auront donc fini par payer pour David DeCoteau, qui se retrouva parachuté aux commandes de la franchise la plus lucrative du studio. À l’instar des nazis, le réalisateur fera donc dans le révisionnisme en tordant le mythe à sa convenance. Puppet Master III : La Revanche de Toulon troque l’hôtel de Bodega Bay contre l’Allemagne nazie des années 30, faisant d’André Toulon un vieillard philanthrope, loin de la représentation de David Allen qui en avait fait un sinistre dandy à l’accent roumain, plus intéressé par ses sombres desseins que par ses représentations théâtrales qui ne semblaient être qu’un modeste gagne-pain.
Pour le scénariste C. Courtney Joyner autant que pour Guy Rolfe, choisi pour interpréter le marionnettiste (un rôle qu’il avait déjà tenu avec succès dans Dolls de Stuart Gordon), il s’agissait d’éclairer certaines zones d’ombre et d’étoffer le potentiel dramatique du personnage, apparaissant non plus comme l’antagoniste mais bien sous son meilleur jour, aux côtés de ses fidèles poupées réunies au grand complet. Le casting s’adjoint également les services de l’acteur Richard Lynch dans le rôle du commandant Krauser. L’acteur a servi de modèle à Blade, même si David Schmoeller avait plutôt Klaus Kinski en tête à l’époque, en raison d’une expérience de tournage désastreuse qu’ils avaient partagé (Fou à Tuer), d’où le nom de « Kraus ». Si un petit nouveau fait son apparition (Six Shooter, une merveille d’animation), Leech Woman est également de retour au grand désarroi de la Paramount qui espérait s’en être débarrassé pour de bon. Le réalisateur lui offre même les honneurs d’un rôle capital dans l’intrigue, qu’il serait criminel de révéler, mais qui se résumera à une nouvelle mécanique meurtrière.
Contrairement à Puppet Master II qui souffrait d’une mise en scène fade et télévisuelle, ce nouveau chapitre bénéficie d’une véritable vision de metteur en scène. David DeCoteau, malgré ses 800 000 $ de budget, s’est offert le luxe de tourner sur les plateaux de San Fernando Valley, faisant immédiatement grimper l’enveloppe de production. Initialement il est vrai que le tournage était prévu en Roumanie, mais l’instabilité sociopolitique du pays contraint le studio à revoir ses plans et à s’orienter vers la Hongrie. Problème, le climat hivernal particulièrement rude du pays n’était pas adapté aux séquences prévues en extérieur. Finalement, le producteur n’a pas perdu au change tant le travail de reconstitution minutieux permet de faire illusion et d’illustrer un Berlin sous occupation. Le film adopte d’ailleurs une ambiance bien plus sombre et mature que les deux précédents volets, ce qui permet au cinéaste de livrer un véritable travail d’atmosphère. D’un point de vue purement formel et esthétique, Puppet Master III restera sans nul doute sa meilleure copie.
Grâce aux talents de ses marionnettistes, le réalisateur aura moins besoin de recourir à la stop-motion, d’autant plus à une époque où David Allen commençait à lâcher du lest, atteint du cancer. Mais rassurez-vous, cela ne viendra pas entacher l’originalité de ces meurtres crapoteux. Avec ses seringues vertes fluo permettant d’insuffler la vie et ses cadavres ambulants et vindicatifs, le film renvoie ainsi à un autre classique du studio (Re-Animator). Un clin d’œil plus qu’un élément déterminant de l’intrigue, tant le scénariste n’en fait vraiment pas grand-chose. Il n’explicite pas davantage les origines du sérum et du sortilège égyptien, remisés à l’aide d’un flash-back destiné à faire du remplissage. Grosso modo, les nazis cherchent à mettre la main sur le secret d’ André Toulon pour réanimer les cadavres de soldats allemands, afin de les envoyer au casse-pipe sur le front russe, tandis qu’à l’inverse, le marionnettiste cherchera à venger la mort de sa défunte épouse, faisant ainsi de l’élimination des nazis une lutte du bien contre le mal à même de remporter l’adhésion du public, qui verra enfin ces marionnettes sous un angle nouveau.