Réalisateur : Albert Pyun
Année de Sortie : 1991
Origine : États-Unis
Genre : La Bagarre
Durée : 1h29
Le Roy du Bis : 6/10
Le Dernier de la famille
Jean Claude Van Damme n’aura finalement pas mis longtemps à conquérir l’Amérique suite au succès de Kickboxer. Sa nouvelle célébrité lui est d’ailleurs assez rapidement montée à la tête, si bien qu’il est rapidement devenu trop cher pour le producteur Stephen J.Friedman, qui missionna son scénariste David S. Goyer d’écrire une suite sans lui. Le plus simple sera donc de le faire mourir. Mais là encore JCVD n’est pas d’accord, et refusera de participer à cette mascarade qui déshonore son personnage. Son ami Michel Qissi sera déjà moins difficile à convaincre et reprendra son rôle de Tong Po, afin de monter une invraisemblable vengeance à l’encontre du cadet de la fratrie Sloane, dont on a jamais entendu parler. Pour Sasha Mitchell, c’est le rôle d’une vie qui se présente à lui, ancien mannequin pour Calvin Klein, et alors plus connu pour son rôle de Cody, le grand dadais de la série Notre belle famille. L’acteur, également ceinture noire de Tae Kwon Do, était alors en quête de respectabilité et a vu cette opportunité comme un tremplin vers la gloire. Côté réalisation, Albert Pyun était le candidat idéal pour succéder à Mark DiSalle et David Worth. Cette année fut d’ailleurs assez prolifique pour lui puisqu’il tourna également Bloodmatch, un autre film de kung-fu, mais également Dollman pour le compte de Charles Band.
Si Kickboxer reprenait plus ou moins la trame scénaristique de Rocky IV, Kickboxer 2 s’inspire quant à lui de Rocky V sorti un an plus tôt. On y suivra là aussi la relation tumultueuse entre un maître et son élève, qui rêve de pouvoir mener une carrière professionnelle. Forcément, l’apprenti va brûler les étapes et consommer des stéroïdes pour se hisser au sommet en dépit des avertissements de son senseï. Ce dernier passe déjà son temps à insuffler des leçons de morale et de philosophie aux jeunes du quartier, qu’il ramasse dans les rues alors qu’il peine à maintenir son club de sport à flot. Finalement, David Sloane acceptera de remonter sur le ring afin de régler ses comptes avec le milieu pro, le temps d’un combat qu’il va d’ailleurs gagner haut la main. Mais la gloire ne sera que de courte durée, puisqu’il se fera tabasser puis tirer dessus, et que l’un des jeunes qu’il avait pris sous son aile finira calciné dans l’incendie de son gymnase.
Évidemment, le responsable n’est autre que le terrible Tong Pô, qui après avoir déjà assassiné ses deux frères, souhaite également venger son honneur en combattant le cadet dans l’arène. David devra donc faire preuve de résilience, réapprendre à marcher, suivre un entraînement presque aussi douloureux que son frère aîné, exerçant des tractions sur un arbre avec des agglos sur les jambes, quand il n’est pas carrément poussé du toit d’un immeuble avec une corde. Xian Chow reprend d’ailleurs le rôle du vieil ermite pas net, débarquant de sa cahute pour entraîner David et l’aider à surmonter son complexe d’infériorité. En même temps quand tu passes après JCVD et Dennis Alexio, y a quand même de quoi.
En bon disciple de l’école du manichéisme, Albert Pyun fait de son grand dadais un héros au grand cœur, véhiculant les plus belles valeurs d’un sport perverti par le crime organisé et des agents véreux sans aucun scrupule, qui cherchent à exploiter leurs poulains pour se faire du pognon sur leur dos quitte à les les envoyer au casse-pipe. Ce sera donc le combat de l’homme blanc, simple honnête et civilisé contre celui de l’homme jaune, cupide et sournois. Cette suite aligne tous les poncifs et clichés déjà à l’œuvre dans le premier opus, si bien que l’on se prêtera plus souvent à rire des situations excessives qu’à être réellement ému par la mort d’un élève atomisé sur le ring par Tong Po, sous les yeux d’un comité exécutif qui ne croit pas bon faire cesser le massacre sur le ring. L’absence d’expertise pour les chorégraphies se fait néanmoins cruellement ressentir, et les receveurs se contenteront surtout d’en prendre plein la gueule quitte à jouer les punching-balls humains.
La mise en scène ne permet pas non plus de rendre vraiment hommage aux combats à cause de nombreux cuts et gros plans qui hachent considérablement les échanges. L’affrontement final arrivera d’ailleurs comme un cheveu sur la soupe, manquant d’un véritable souffle épique ou d’une plus forte dramaturgie pour parvenir à nous passionner réellement. Malgré ses faiblesses relatives, Kickboxer 2 reste un film attachant, qui parvient à emporter l’adhésion grâce à la photographie de George Mooradian et au petit minois de Sasha Mitchell, plutôt belle gueule à l’écran, même si ses qualités de combattants sont tout de même loin d’égaler celles de JCVD. Comme dirait l’autre, «faut savoir perdre et rester digne».