Réalisateur : Jean-François Richet
Année de Sortie : 2023
Origine : États-Unis / Royaume-Uni
Genre : Action
Durée : 1h47
Le Roy du Bis : 6/10
Far Cry
En 40 ans de cinéma d’action, les têtes d’affiche se sont transmis le relais et les réalisateurs la recette de ce qui en faisait le succès, que ce soit au ciné ou en DTV. Sylverster Stallone semble désormais être en passe de se ranger, Mel Gibson a assez donné, Bruce Willis en état de démence a préféré tirer sa révérence, Steven Seagal est gras comme un loukoum, quant à JCVD il se remet seulement de ses excès cocaïnés. Une nouvelle génération portée par Scott Adkins est en marche, mais une poignée d’irréductibles casse-cou fait encore de la résistance, tels Liam Neeson, Keanu Reeves, Jason Statham, ou celui qui nous inteéresse aujourd’hui, Gerard Butler. On l’a vu défendre le président des États-Unis au péril de sa vie ou bien sauver la veuve et l’orphelin dans des disasters movies tel que Geostorm et Greenland. Le voilà désormais à devoir faire face à une bonne vieille prise d’otages, genre très en vogue dans les années 80.
Cette fois, ce sera sous la caméra de notre Jean-François Richet national, qui a déjà pas mal œuvré dans le genre et à qui Vincent Cassel doit en partie sa richissime carrière. L’histoire est ici celle de Broadie, un working class hero qui ne manque pas d’humour et encore moins de flow, le genre de loubard tout simplement irrésistible pour la gente féminine. Sa personnalité en impose naturellement sans avoir besoin de bander ses muscles saillants ou d’avoir un parcours du combattant derrière lui. Peu importe, car sa mission ne consiste qu’à assurer le transport de 12 passagers sous un orage violent, la routine pour un pilote averti, sauf quand le fusible se met à disjoncter. L’urgence consistera dès lors à poser l’appareil en douceur sur la terre ferme.
Pas de bol, Butler atterrit dans une zone de non-droit, aux mains d’une armée d’insurgés qui vivent d’enlèvements, de menus larcins et de snuff movies. Et comme ci cela ne suffisait pas, les téléphones portables ne captent pas, et les communications radios sont totalement coupées. Si le scénario ne vole pas bien haut, l’ambition reste d’amener ce joyeux concept de série B au cœur d’une jungle luxuriante avec des passagers à sauver. S’ajoute une union fraternelle entre un bon père de famille aimant, au demeurant expérimenté dans le combat rapproché, et un détenu sorti de prison qui par chance est également un ancien militaire de la légion étrangère. Le film réunit ainsi deux high concept : le disaster et le survival, tout ça sous la forme d’un buddy movie qui aborde le thème de la rédemption mainte fois esquissée dans la filmographie du réalisateur.
Il faut croire que la rédemption peut se trouver dans des endroits inhabituels voir même paradisiaques. Le cadre environnant et le déroulé des événements rappellent énormément le jeu vidéo Far Cry, et notamment ses phases d’infiltration où les deux bourreaux ceinturent leur victime avant de leur lacérer la poitrine à coups de couteau. Évidemment deux hommes face à une armée ce n’est pas suffisant, sauf si on s’appelle John Rambo. La compagnie aérienne va donc leur envoyer une équipe de mercenaires américains, qui auront tôt fait de réveiller l’essaim qui va s’abattre sur la carcasse du Boeing, encore en état de fonctionner et que les méchants vont tenter de faire exploser à coup de RPG.
Difficile de ne pas voir un clin d’œil appuyé au film Assaut que le réalisateur avait déjà remaker il y a près de vingt ans ans, soit un groupe de survivant assiégés qui vont tenter de contenir des vagues d’ennemis incessantes. Gégé répondra aux tirs de lance roquette par un coup de train d’atterrissage dans la face avant de s’envoler pour une destination sûrement plus accueillante. Quant au prisonnier, lui préfère tenter sa chance dans la savane avec un sac rempli de billets, parce que c’était ça ou bien le retour par la case prison, alors ça veut bien le coup d’essayer. Pour ce qui est de Mayday, on a affaire à une bonne série B troussée à l’ancienne, offrant un crash aérien à l’ancienne simulé sur plateau avec des vérins, ainsi que des fusillades pétaradantes et rythmées, qui feront le bonheur des bourrins, n’en déplaise aux journalistes blasés comme Xavier Leherpeur.
À l’heure où la plupart des actionners s’enlisent dans des séquences de CGI indigestes, Jean François Richet a la riche idée de se cantonner à l’essentiel, avec des prises directes et une dose de tension ténue maintenue jusqu’au bout. Ses compétences de metteur en scène ne sont plus à prouver, certains effets visuels comme les caméras embarquées ou les cellulaires sont intéressantes, à défaut de permettre à ce divertissement de devenir un classique de haute volée. Ce qui est regrettable finalement, c’est que le film aborde un contexte géopolitique explosif ainsi que des camps de tortures dans la jungle, sans en exploiter toutes les possibilités offertes. On se met alors à rêver d’un revenge movie aussi glauque et viscéral qu’un épisode de Rambo mais finalement il n’en sera rien, ce qui fait que l’on reste un chouïa sur sa faim.