
Réalisateur : Zale Dalen
Année de Sortie : 1995
Origine : États-Unis / Canada
Genre : Bagarre Virtuelle
Durée : 1h31
Le Roy du Bis : 4/10
Expect to Forget
Les jeux vidéo rendent accroc, c’est bien connu. La prochaine étape est donc celle de l’embrigadement en formant les joueurs à devenir de redoutables tueurs. L’Armée de terre américaine en a fait son cheval de bataille en utilisant Call of Duty comme outil de propagande afin d’envoyer de la chair fraîche pour le broyeur au Moyen Orient. Il en va de même pour Zale Dalen qui durant les années 90 a tenté de profiter de l’avènement de la 3D et des technologies d’images de synthèses pour livrer ce Virtual Kickboxing, peut-être dans le but inavoué de former une nouvelle génération aux arts martiaux.
Il s’agit d’un film de baston sur fond de complot, où une organisation assassine enjoint ses agents à s’entraîner à la réalité augmentée pour parfaire leurs techniques de combat. Cela se traduit à l’écran par une surabondance de fonds verts et d’environnements à peine dignes d’un écran de veille de Windows 95. Autrement dit, la mise en scène ne fait pas illusion bien longtemps et ne permet d’aborder la castagne que sous le prisme d’un FMV aux décors composites générés aléatoirement, peuplé d’adversaires fantoche interprétés par de vrais acteurs. Clown tueur, ninja, samurai, gladiateur, barbare et autres PNJ se relaient ainsi sur différents niveaux de difficulté que le duo de flics infiltrés n’auront aucun mal à dérouiller.
Mais pour espérer déjouer les plans de cette infâme corporation, il leur faudra néanmoins battre le maître à son propre jeu. Distribution de mandales et civet de bras cassés sont donc au programme de ce nanar incandescent qui cumule les fusillades, courses poursuites et affrontements à un rythme métronomique, en vue d’empêcher le spectateur de trop cogiter face à la laideur du programme et la pauvreté d’une mise en scène qui ne choisit pas toujours les meilleurs axes de prise de vue.

Évidemment rien ne nous est épargné, du PDG tyrannique et mégalomaniaque dont le portrait géant recouvre les murs de l’académie, aux nombreux faux raccords qui émaillent le film avec ces cadavres qui s’agitent encore, sans oublier la blonde de service (Laurie Holden dans son premier film) qui fait plante verte. En réalité la surprise viendra plutôt du choix de déjouer la règle du «Black guy die first» en faisant du personnage noir le principal protagoniste du film.
Il se trouve que Billy Blanks, le Mario Balotelli du taekwondo et créateur du Tae Bo, avait déjà quelques premiers rôles à son actif dans des productions du même acabit (Showdown, TC 2000, Back in Action), après avoir fait office de second couteau ou d’adversaire coriace pour des acteurs souvent plus prestigieux que lui. Ici c’est bien lui le maître, ainsi que Jalal Merhi, qui porte à la fois la casquette d’acteur, producteur et second réalisateur. Ce dernier reprendra d’ailleurs les rênes de la suite (Expect to die) deux ans plus tard ainsi que le premier rôle.
Si vous vous sentez éventuellement nostalgique des débuts de la 3D, il se peut que vous appréciez ce simulacre de Mortal Kombat, qui dispose même de sa propre adaptation vidéoludique (il s’agit d’une création amateur, t’excite pas Fred Molas). On ira pas jusqu’à parler d’euphorie ou d’ivresse communicative, mais le film de Zale Dalen fait le boulot. Un peu comme un atemi du Big Show dans la nuque qui vous laisse la même marque qu’un coup de soleil en plein cagnard, et qui finira par disparaître de votre mémoire à tout jamais. Ou comme votre édition de Virtual Kickboxing dans un vide-grenier, ou bien comme celle que vous aimez avec son conjoint et son bébé. Vous espériez vraiment arriver à tout oublier ?