Réalisateur : Dutch Marich
Année de Sortie : 2023
Origine : États-Unis
Genre : Horreur Forestière
Durée : 1h15
Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 6/10
The Shadows
Le mystère autour de la disparition de Gary Hinge aura beau avoir été élucidé, il n’aura pas permis aux autorités de confronter les coupables devant le tribunal. Le film de Dutch Marich s’achevait sur la découverte d’une tribu d’êtres difformes, évoquant les mutants irradiés de La Colline a des yeux ou bien une espèce en lien avec le Wengido, cette esprit anthropophage que l’on retrouve au cœur bois d’Amérique. Au delà du meurtre perpétré sous nos yeux, cette colonie d’ermites semblait réagir avec animosité au voyeurisme d’un randonneur pas forcément bien intentionné et armé d’un pistolet. Cette fin avait donc le mérite d’aborder une nouvelle fois la notion de territoire, maintes fois abordée dans les survivals depuis le Massacre à la Tronçonneuse originel : il s’agit toujours pour des étrangers de se retrouver traqués par les natifs d’un espace donné.
Ce lien était d’autant plus mis en avant que Horror in the High Desert montrait les vestiges des premiers colons que découvrait l’influenceur durant ses excursions. Il se réappropriait alors les lieux et décors afin de les partager avec ses followers sur les réseaux sociaux. Ce faux documentaire était aussi une façon de souligner le sensationnalisme de ces émissions d’investigations que l’on retrouve souvent sur les chaînes type RMC. Le réalisateur usait ainsi des mêmes artifices pour palier à son manque de budget et rendre son film plus divertissant que réellement informatif, et ce de manière à souligner l’hypocrisie de ce genre de programme. La conclusion allait même jusqu’à nous dévoiler les derniers instants de la victime afin de livrer l’extrait de terreur que chaque spectateur était venu recherché, montrant Gary s’être aventuré dans ces bois seul la nuit, pour répondre tout simplement à la véhémence des internautes qui le traitait de menteur.
Horror in the High Desert 2 Minerva reprend donc le même dispositif de mise en scène, soit un faux documentaire entrecoupé d’interviews, et de véritables instants Found footage. L’histoire s’intéresse ici à la disparition de deux femmes : une étudiante vivant dans un mobile home isolé au pied du désert et une mère tombant en panne de voiture à proximité. Si les suites ont pour coutume de verser dans la surenchère et de lever le voile sur leur part de mystère, le réalisateur sera étonnamment parvenu à trouver le juste équilibre en composant avec une large variété de documents : des appels téléphoniques adressés au 911, des images et vidéos d’archives ainsi que la découverte de vieilles VHS détériorées, y compris de peintures creepy, qui permettent d’étoffer un peu plus le folklore derrière ces entités et de balayer toutes nos certitudes. À cela s’ajoute les prises de vue captées sur le vif, notamment la dashcam d’un pompier témoin de bruits et de manifestions paranormales dans un vieil entrepôt abandonné tandis qu’il tente péniblement de chercher la sortie à tatillon.
Le film joue habilement de la peur du noir et de l’isolement, et prouve que le médium possède toujours ce ressort terrible et inépuisable dès qu’il s’agit de bâtir une terreur indicible tapie dans l‘obscurité, contribuant à façonner l’imaginaire du spectateur. Par réflexe, le manque de vision amène forcément à s’imaginer des formes réelles ou fantasmées dans le décor, conditionnées par la peur de voir une créature surgir à l’écran. En résulte un sentiment très oppressant, renforcé par des effets sonores à base de cris et de parasitages radiophoniques inquiétants, qui nous permettent d’associer la présence de ces silhouettes ténébreuses à une aura plus malfaisante et mystique qu’auparavant. D’ailleurs, je peux même vous confier qu’il m’arrive encore de scruter l’obscurité dès que j’entends des bruits anormaux d’autant que j’ai presque toujours vécu dans les mêmes conditions d’isolement. La fin laisse néanmoins une impression d’inachèvement, et l’on espère que les deux opus à venir viendront enfin éclairer un peu plus l’origine de ce mal, enraciné dans les collines de ce désert, que l’on ne vous conseille pas d’arpenter seul une fois la nuit tombée.