
Réalisateur : John P. Finnegan
Année de Sortie : 1986
Origine : États-Unis
Genre : Fantôme Tueur
Durée : 1h20
Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 5/10
Fall to Pieces
Lloyd Kaufman est un homme de goût dont le cursus ne présageait en rien un tel revirement de carrière. Étudiant à la prestigieuse université de Yale, le futur nabab de la série bis était davantage porté par le théâtre, le cinéma d’auteur issu de la Nouvelle Vague et les comédies musicales de Broadway, que par le sang, les tripailles, et les poitrines de femmes dénudées. À l’issue de ses études, Kaufman saisit l’opportunité de travailler pour la Cannon Group, probablement perverti par des relations peu recommandables.
Miracle sur la 53ème Rue
Plus facile à conquérir, le monde de la série bis lui offrait l’opportunité d’adapter ses intrigues shakespeariennes et de tirer à balles réelles sur l’opulente Amérique. C’est en travaillant pour Menahem Golam et Yoram Globus que le cinéaste comprendra qu’un visuel racoleur valait mieux qu’un long discours. Les amateurs du genre restent peu regardant quant à la qualité de la mise en scène tant que le quota d’érotisme et de gore est rempli. Avec son compère Michael Herz, le fringant jeune homme à la gouaille légendaire fonde alors sa propre société de production/distribution : Troma Entertainment.
Si la firme Troma est davantage connue pour ses films barges, satiriques et vulgaires (Toxic Avenger, Nuke’em High, Poultrygeist : Night of the Chicken Dead), Lloyd Kaufman a également racheté et distribué des œuvrettes plus sombres (Combat Shock) et des slashers plus conventionnels (Graduation Day). Girls School Screamers s’inscrit dans cette veine au crépuscule d’un genre alors pratiquement moribond. À l’origine titré The Portrait, ce film indépendant de John P. Finnegan fut mutilé sur la table de montage pour devenir un récit de maison hantée particulièrement anémique.

Un enfant monte lentement les marches d’une sinistre demeure pour remporter un défi lancé par ses amis. Le fantôme d’une femme voilée apparaît, lance un cri strident tandis que sa tête putréfiée se met à dévaler la rampe d’escalier. Malheureusement, Girls School Screamers ne retrouvera jamais le sommet de terreur de cette entrée en matière. L’intrigue convoque une sororité d’étudiantes peu farouches issues d’un couvent religieux, devant passer quelques jours dans un manoir réputé hanté. Elles devront y répertorier une collection d’œuvres d’arts, entrecoupé de pyjama party, de jeu de cache-cache et de séances de spiritismes à faire réveiller les morts.
L’Ennui Mortel
Héritant de plusieurs casquettes, le réalisateur assistant Thomas Rondinella se retrouva contraint de remonter le film à l’occasion de reshoots complémentaires, brouillant les pistes quant à l’identité du meurtrier. La jaquette racoleuse promettait pourtant des Scream Queen terrorisées par la présence d’un tortionnaire zélé, parfait sosie de la Boule de Fort Boyard, que l’on ne verra jamais dans le film… Ce choix opportun aura le mérite de tenir le spectateur en haleine jusqu’au bout, du moins s’il ne s’endort pas au bout de trois quart d’heure. Girls School Screamers a en effet le malheur de souffrir d’un rythme indolent ainsi que d’un twist scénaristique peu surprenant.
Le film s’enlise donc très rapidement dans les déambulations et atermoiements d’une simili Jamie Lee Curtis tentant de lever le voile de mystère qui englobe le passé des lieux. Évidemment, un énigmatique tueur ganté va se mettre à décimer l’ensemble du groupe dans un ennui finalement plus mortel que ses mises à mort, qui restent assez formelles : coup de hache dans le visage, une fourche plantée dans le ventre, et une électrocution plutôt spectaculaire pour le coup. L’atmosphère lugubre et oppressante héritée de la gothique Hammer n’est cependant pas pour nous déplaire (grincement, porte qui claque, chuchotement spectrale et éclats de rires sardoniques). Le réalisateur sait profiter de la touche baroque de son décor pour insuffler une ambiance mortifère.
Cela suffira tout juste à relever l’intérêt de ce slasher prototypique autrefois distribué par l’éditeur orléanais Uncut Movies, auquel on adressera surtout le reproche d’avoir méchamment vieilli. Mais c’est surtout son absence de scènes réellement transgressives (peu de meurtres crapoteux, aucune paire de seins à l’horizon, absence d’érotisme et de vulgarités), et ses nombreux clichés inhérents au genre qui finiront par enfoncer le clou du cercueil. Girls School Screamers reste une modeste série bis que l’on aimera (ou pas) ressortir pendant la période d’Halloween, pour se gaver de bonbons et de chocolats en complément d’un Bloody New Year, d’un Terror Train ou d’un Slumber Party Massacre.



