
Réalisateur : Norman J.Warren
Année de Sortie : 1987
Origine : Royaume-Uni
Genre : Nouvel An Cauchemardesque
Durée : 1h34
Le Roy du Bis : 7/10
Dead Island
Ah la Saint-Sylvestre, cette fameuse journée qui vient s’intercaler après Noël et avant la nouvelle année, où les gens chantent et font la fête à tue-tête en picolant comme des trous sauf pour le commis de soirée. Un joyeux moment hypocrite où l’on se promet que cette fois-ci, on tiendra nos résolutions. Que l’on fera régime. Que l’on arrêtera d’aller consulter des sites pornos, et qu’on passera plus de temps à s’occuper du jardin et de la maman. Mais on ne peut pas, et il ne faudra pas plus d’un mois pour s’asseoir sur ses belles promesses. Et pour ceux qui comme l’auteur de ces lignes sont (frustrés) anti-réveillons, n’ont aucun ami et ont eu assez de supporter leur famille à Noël, il y a : Bloody New Year, le dernier film de la carrière de Norman J. Warren.
Evil Dead Trap
Pour la petite histoire, le réalisateur a copieusement maudit ses producteurs pour l’avoir mis en situation d’échec, faute de moyens financiers alloués à cette entreprise. L’intérêt sera donc à géométrie variable selon l’attachement et/ou l’intérêt que l’on peut bien porter au film. Certains n’y verront qu’un copieux naveton. D’autres découvriront les restes d’un cinéaste de talent, qui ne ménageait pas ses idées les plus folles, quitte à se couvrir de ridicule et à achever le peu de crédibilité qu’il avait construit jusqu’ici.

Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir fêter le nouvel an en plein mois de juillet sur une île paradisiaque totalement coupé du reste du monde. Mais avant d’en arriver là, le public assistera aux échauffourées d’un groupe de jeunes blancs-becs aux prises d’un groupe de gens du voyage, après avoir foutu le boxon dans une fête foraine. Ces derniers vont les traquer jusqu’à cette plage exotique entourée de barbelés, de sables mouvants, de restes d’animaux morts et d’un panneau où il est écrit «Danger, Keep Out». Difficile d’être plus explicite. Vous ne vous en doutiez peut-être pas, mais des événements étranges ne vont pas tarder à se manifester à leur arrivée à l’hôtel.
Les appareils électroménagers se mettent en marche forcée, des buissons ardents sont pris de crise de délirium, le salon de l’hôtel se transforme en glacière réfrigérante, et la rampe d’escalier mord les gens. Les jeunes seraient-ils les victimes de pouvoirs occultes ou d’une simple hallucination collective ? Nous pencherons plutôt sur la première option, en considérant l’apparition de plusieurs zombies et fantômes dans la maison, quand ce n’est pas carrément un personnage fictif sortant de son écran pour s’attaquer aux spectateurs.
Face aux attaques des filets de pêches et des bobines de film, les survivants n’auront d’autres choix que de se séparer pour explorer l’île et disparaître plus facilement les uns après les autres. C’était les années 80, une époque où les adolescents interprétés par des adultes de 30 ans pensaient moins avec leur neurone qu’avec autre chose.
Le Rasoir d’Ockham
Là où d’autres cinéastes auraient cherché à composer une atmosphère lugubre et oppressante avec une rétention absolue d’effet, Norman J. Warren préfère verser dans le théâtre du bizarre et l’humour anglais. En résulte une ambiance schizophrène, à cheval entre l’horreur et la satire délirante. Jamais le public n’aura le temps de voir l’ennui poindre le bout de son nez, tant le film dispense ses extravagances et séquences horrifiques de manière aussi ascensionnelle qu’un tour de train fantôme.

L’hommage aux années 50 est clairement revendiqué par son réalisateur, se complaisant dans un kitsch assumé (cette forêt de miroirs évoquant un palais des glaces). La dimension cauchemardesque de l’environnement tient certainement beaucoup aux Griffes de la Nuit, jusqu’à l’utilisation de spandex recouvrant les parois d’une cabine d’ascenseur, permettant d’engloutir les survivants et de les intégrer aux murs de l’établissement. L’influence la plus évidente restera néanmoins lié au chef d’œuvre de Stanley Kubrick (Shining), auquel il ne manque finalement que les geysers de sang.
Les trucages et effets de plateaux renforcent l’aspect farces et attrapes du lieu, et permettent même de fomenter une hypothèse digne d’un Rasoir d’Ockham. En effet, les personnages pourraient bien ne jamais avoir quitté le manoir hanté dans lequel leur véhicule s’était encastré, et ont fini par se faire massacrer par des péquenauds ultra-vénères.
Le dernier acte appuie d’ailleurs cette théorie avec son mobilier vivant, ses hurlements d’esprits démoniaques, l’utilisation de couleurs saturées et de flashs stroboscopiques, renvoyant à cette partie de cache-cache entrevue tantôt dans le film. Cette explication est du moins beaucoup plus plausible qu’une distorsion temporelle provoquée par le crash d’un avion avant le passage à l’année 1960. L’explication la plus simple est souvent la meilleure. Et d’ailleurs, plutôt que de chercher systématiquement à bien commencer l’année, commencez déjà par bien la terminer.