[Critique] – Joyeuse fin du monde


Joyeuse fin du monde affiche film

Réalisateur : Camille Griffin

Année de Sortie : 2021

Origine : Royaume-Uni

Genre : Nouvel An Empoisonné

Durée : 1h32

Le Roy du Bis : 7/10


Just like a pill


Les épidémies, conflits géopolitiques et cataclysmes environnementaux inspirent beaucoup les scénaristes d’Hollywood ces dernières années. Mais si la plupart mettent en scène des récits de survivants au milieu de l’apocalypse (The Road, Sans un bruit, Birdbox), peu affiche une telle fatalité. Car dans Joyeuse fin du monde, il est bien question de résignation et de déni du réveillon qui sera sans nul doute bien le dernier. Tout est dans le titre. Si un doute subsiste néanmoins sur une hypothétique emprise sectaire, l’intrigue ne met pas longtemps à inoculer son poison. Il apparaît évident que les frictions entre protagonistes ne sont pas dues à l’excitation des retrouvailles ou à des divergences d’opinions, mais bien à un problème beaucoup plus grave et tabou. Une vérité qui dérange sortant comme trop souvent de la bouche même des enfants. 

Congestion de bons sentiments et de faux semblants

Ce soir c’est donc la fin du monde, et d’ici quelques heures à peine, des gaz mortels emporteront ce qu’il reste de la civilisation. Mais si le film est bien vendu comme une comédie, il s’agit moins de faire l’étude des mœurs d’une famille bourgeoise dysfonctionnelle que de leur accorder un dernier moment convivial et un bref sursaut d’espoir. Voilà pourquoi les retrouvailles et bons moments sonnent aussi faux que les chants de Noël de l’intro. Évidemment on ne saurait que vous conseiller de ne pas vous spoiler avant de découvrir le film, tant l’intérêt réside dans son effet de surprise. Mais si vous cherchiez le vaccin aux traditionnelles niaiseries de fin d’année, il se pourrait bien que vous veniez de le trouver. 

Joyeuse fin du monde Critique Film Nouvel An

Le casting promeut d’ailleurs une véritable diversité ethnique et identitaire (Afro-américains, lesbienne, et même les deux en même temps) sentant le wokisme à plein nez. Heureusement l’humour ne repose pas exclusivement sur ce choc des cultures mais bien sur les personnalités et les excès de tout un chacun. Une telle perspective aurait pu encourager les membres à s’entre-déchirer ou bien à s’adonner à une petite sauterie organisée. Mais ces frivolités seraient occulter une donnée primordiale : les enfants. 

Les parents chercheront donc avant tout à sauver les apparences, permettant à la réalisatrice de mieux souligner l’hypocrisie habituelle des fêtes de fin d’années, dont le vernis ne tardera pas à se morceler face aux petits secrets entre convives qui finiront par éclater. Adultère, rancœur, mélancolie et désespoir sont donc au programme des festivités, tous en chœur et libre à vous d’imaginer autant d’orgie que vous voudrez. Mais s’il est tout à fait admis de pouvoir rater sa vie, il ne l’est pas de foirer sa sortie, et c’est d’ailleurs sur ce point précis que les rapports vont s’envenimer. 

Merry Apocalypse

La gravité de la situation n’aura donc échappé à personne. Les dissidences tourneront autour du suicide organisé, grâce à une pilule offerte par le gouvernement pour faire passer plus facilement la douloureuse et pouvoir s’endormir sans souffrir. Il s’agira donc d’accomplir un acte de foi et de civisme, ce qui nous ramène en pleine période de Covid-19 et de polémique anti-vax.

Joyeuse fin du monde Critique Film Nouvel An

Naturellement, tout le monde ne sera pas d’accord face à l’égoïsme engendré par cette décision : de la perte de confiance envers les institutions jusqu’à l’acte de mettre fin à sa vie, l’instinct de survie prédomine. Pourtant, il convient de rappeler que le scénario fut écrit avant la pandémie et que les signes annonciateurs de cette apocalypse ne sont pas seulement suggérés. En effet, ceux-ci prennent la forme d’une tempête aux proportions bibliques. 

La fin laisse néanmoins entrevoir un nouveau lendemain (les retombées), ce qui ne devrait pas manquer d’alimenter de nombreux débats complotistes. Pourtant, le choix n’en est pas vraiment un puisqu’il se limite à endurer et mourir dans d’atroces souffrances, ou bien à s’endormir paisiblement comme la Belle au bois dormant. Ce partis pris ne plaira pas à tout le monde. C’est certain. D’autant plus pour les âmes les plus sensibles qui chercheraient un happy-end à ce maelstrom de souffrances et de désespoir.

Heureusement, Camille Griffin ne tombera jamais dans le piège du cynisme malgré le nihilisme affiché par la situation. La seconde partie du long-métrage opère néanmoins une franche rupture de ton suffisamment déchirante pour vous en tirer quelques larmes. De quoi vous foutre définitivement le moral à zéro avant d’aller passer le réveillon avec vos proches. Le bon côté de la chose, c’est que vous apprendrez à mieux en profiter avant qu’il ne soit vraiment trop tard.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut
Optimized with PageSpeed Ninja