
Réalisateur : David R. Ellis
Année de Sortie : 2009
Origine : États-Unis
Genre : La Mort Vous Va Si Bien
Durée : 1h18
Thibaud Savignol : 3/10
Crash Mortel
Destination Finale 3 renoue avec le succès du premier opus, dépassant le barre symbolique des 100 millions de dollars de recettes. Une réussite qui pousse bien entendu New Line Cinema à chapeauter un quatrième opus. Mais promis cette fois-ci ce sera le dernier, l’ultime épisode de la saga consacrée à la faucheuse en personne, après une décennie de bons et loyaux services. Pour honorer la commande, 40 millions de dollars sont alloués au projet et le réalisateur du second opus David R Ellis fait son retour, garantissant un résultat explosif. Bonus en prime, l’ajout d’une 3D pour surfer sur les tendances du moment et un titre original qui ne trompe pas : The Finale Destination.
C’était pas mieux avant
Alors qu’il assiste à une course de Nascar avec ses potes et sa gonz, le jeune Nick O’Bannon est victime d’une vision prémonitoire. Le crash entrevu a bien lieu, laissant quelques survivants à nouveau à la merci de la Mort, fâchée qu’on ait pu échapper à sa vindicte. Ne reste plus qu’à résister à sa seconde lame, en courant un peu partout en ville à la recherche des quelques heureux élus.
Avec de telles ambitions, ce nouveau Destination Finale aurait dû être l’Everest de la saga, son plus beau représentant. En l’état il ressemble plus à une trace de fond de cuvette un lendemain de cuite. Et à ce titre, la mémoire sentimentale peut se révéler sacrément décevante. Pour l’auteur de ses lignes, les réminiscences de ce quatrième opus laissaient entrevoir une ouverture diaboliquement spectaculaire et des mises en scène mortelles sacrément méchantes. Certes, quelques exécutions sont et resteront dans les mémoires pour leur finish plutôt craspec. Mais toute velléité de mise en scène a disparu (fini la dilatation du temps à l’extrême du précédent opus), avec seulement 78 minutes (!) au compteur générique final compris.
La célèbre séquence introductive pourtant prometteuse (un gigantesque crash sur un circuit de course), affiche rapidement toutes les limites du long-métrage. Si les personnages ont toujours correspondu à certains clichés, ici le script ne se donne même plus la peine de les introduire un minimum. En parallèle, la montée en tension est inexistante pendant les tours effectués par des bolides lancés à toute allure, Ellis se précipitant comme un jeune pré-pubère pour balancer toute la sauce au bout de quelques minutes. On se retrouve avec une flaque d’huile et un boulon dévissé, là où un tel décor aurait pu donner lieu à d’innombrables idées d’accidents potentiels.

Drapeau Rouge
Si à l’arrivée on obtient notre lot de morts graphiques (pneu mortel, moteur broyeur ou flammes cruelles), le tout est emballé avec un je m’en-foutisme des plus désarmants. Le suspense a toujours été un brin artificiel dans la saga Destination Finale (on sait que nombreux seront ceux à périr), mais les épisodes précédents, notamment ceux réalisés par James Wong, prenaient soin de rendre l’ensemble un minimum ludique, multipliant les pièges et fausses pistes. La séquence chez le coiffeur fait plutôt l’affaire, mais concernant la station de lavage ou la pourtant traumatisante mise à mort à la piscine, ça fait plouf. Et si les exécutions cèdent à la surenchère gore pour notre plus grand plaisir, l’absence d’une vraie mise en scène et la platitude du montage retirent toute émotion à leur visionnage.
C’est notamment le script épuré mais catastrophique qui rend ce Destination Finale 4 si inconsistant. Fini la simili-enquête quant aux projets funestes de la Mort. Cette fois le personnage principal entrevoit des visions bardées d’indices liés à la prochaine victime. La mécanique n’a jamais été aussi grossière, dévitalisant l’essence de la saga via un processus des plus sommaires, aboutissant à des personnages aussi creux que les ivrognes du samedi soir. Si on avait critiqué la trame déjà plus minimaliste du second opus de David R Ellis (tiens, tiens) on s’en excuse, tant ici la fainéantise est poussée dans ses retranchements.
Et puis Dieu que le film est laid. Cédant à une certaine esthétique saturée, délaissant les ombres et les contrastes, les nombreux effets numériques qui parcourent le film, et il y en a un paquet, agressent la rétine. Bien que la course initiale bénéficie de réelles cascades, la surcouche de CGI (voitures, décor, effets gores) annihile l’impact que pouvait par exemple procurer le crash inaugural du second opus, trop préoccupés à surfer sur les progrès non stop des VFX (Avatar sortira la même année, à un tout autre niveau). Notons également les prémonitions de Nick, gloubi-boulga informe, illisible, m’as-tu vu, juste bon à utiliser la 3D comme gadget, à l’image de quelques effets disséminés ça et là (pneu fou, caillou projeté).
Hallucinant que ce film ait reçu le plus gros budget de la série. C’est bien beau de tourner à la Nouvelle-Orléans plutôt qu’à Vancouver maintenant que les moyens le permettent, mais il aurait peut-être fallu laisser une plus grosse partie de l’enveloppe aux postes techniques. Rajoutez par dessus des clins d’œil aux films précédents dans tous les sens (le vol 180, les noms de lieux ou de personnages), et vous obtenez le pire épisode de la saga, torché à la va-vite, juste bon à extorquer l’argent de poche d’ados boutonneux en manque de sensations.