
Réalisateur : James Wong
Année de Sortie : 2006
Origine : États-Unis
Genre : La Mort Vous Va Si Bien
Durée : 1h33
Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 6/10
Le Manège Désenchanté
Malgré quelques millions en moins au box-office que son prédécesseur, Destination Finale 2 fut un succès indéniable pour New Line Cinema. L’appel du Dieu dollar étant plus fort que tout, les producteurs ont rapidement mis une suite en chantier. Adieu l’équipe du second opus (bien que le réalisateur reviendra pour le quatrième film), et retour du tandem original. James Wong et Glenn Morgan avaient à cœur de proposer un nouveau long-métrage indépendant des deux précédents. En plus de proposer une histoire relativement originale, cela leur permet surtout de s’éviter de s’arracher les cheveux sur les liens ou cohérences à entretenir.
Coaster Low Cost
Nouveau casting également pour ce troisième opus, avec l’arrivée de Mary Elizabeth Winstead à l’aube de sa carrière. Bien que ce Destination Finale 3 soit censé être un stand-alone, elle incarne Wendy Christensen, cousine de Kimberly Corman l’héroïne du second opus. Une information jamais explicitée à l’écran, mais bel et bien présente dans le script, allez savoir pourquoi. Si Tony Todd n’apparaît pas physiquement lors de cette séquelle, on peut l’entendre doubler le Diable de la fête foraine ou en conducteur de métro lors de la séquence finale.
Après l’aéroport et l’autoroute, bienvenue ici dans une fête foraine américaine typique, où les jeunes sortent le samedi soir pour se gaver de pommes d’amour, s’afficher à la mailloche ou tenter de pêcho pour un soir. Wendy et ses amis décident de s’essayer au coaster terrifiant, attraction principal du parc. Pas de chance pour eux, la vision de cette dernière voit un terrible crash se produire. Parvenant à en sauver quelques-uns indépendamment de la volonté de chacun, en bis repetita des épisodes précédents, elle assiste impuissante à la mort de sa meilleure amie et de son boyfriend. Dès lors, une nouvelle malédiction est en marche, traquant les quelques survivants du carnage.
Désormais symbole redondant de la saga, la longue ouverture de Destination Finale 3 n’en reste pas moins d’une efficacité redoutable. James Wong parvient habilement à faire monter la tension vers la montagne russe comme future scène de massacre. Envisagée dès le départ, la séquence du coaster nécessita deux semaines de tournage et 30 tours de manège en une nuit pour les acteurs. Fallait avoir l’estomac solide. Si les effets numériques à base de fond vert et de CGI n’échappent pas aux affres du temps, le montage multipliant les points d’accidents potentiels et l’aspect inéluctable du drame (une fois le tour lancé, plus rien ne peut arrêter la marche en avant) rendront culte ce premier quart d’heure.

Au-delà de la technique pure, le choix d’un tel lieu est toujours intéressant pour l’horreur méta. La fête foraine apparaît comme le catalyseur de nos peurs les plus enfouies (spectacles monstrueux, sensations fortes, vertige) et permet de simuler la terreur, voire de frôler la mort. C’est un décor de fantasme entre peur réelle et simulée. On pense ainsi à Massacre dans le train fantôme et ses freaks assassins ou encore à Ghoulies 2, où l’amusement monstrueux vire à la mise à mort grotesque. Si nos personnages se jouent de la Mort, c’est cette dernière qui aura cette fois-ci le dernier mot, littéralement.
Le même en différent
Seul lien au premier volet, le compagnon de route de Wendy évoquera le drame aérien du premier opus, comme miroir de leur situation actuelle. Débute dès lors la traditionnelle chasse aux indices et sauvetage des quelques chanceux. Toujours dirigée par des signes plus ou moins prononcés, cette fois-ci l’héroïne peut compter sur ses photos prises lors du week-end funeste. Pour chaque protagoniste un élément du destin apparaît à leur côté (le train du coaster pour son petit ami, des visages brûlés pour les deux pimbêches), rappelant la J-Horror du début des années 2000. Notamment The Grudge, où la menace du fantôme était clairement visible via son rapprochement progressif sur une succession de photogrammes. Effet traumatisant garanti.
Côté mise en scène, bien qu’il ne soit pas un grand virtuose de l’horreur, l’ingéniosité de James Wong confirme son solide statut d’artisan. Un statut pulvérisé quelques années plus tard avec son calamiteux Dragon Ball Evolution. Ici il parvient à étirer toujours plus ses séquences, greffant de nombreux éléments à même de rendre la menace diffuse et imprévisible.
Si la séquence de la salle de muscu, ou encore celle du McDrive bien gorasse (une hélice de moteur létale) font mouche, celle de l’entrepôt devient instantanément le sommet artistique de la saga. Le metteur en scène exploite tant l’horizontalité linéaire de son décor que sa verticalité mortifère à chaque étage (les caristes vous en parleront avec plaisir), déjouant pièges et frissons non-stop, jusqu’à un final aussi brutal que mécaniquement organique.
L’écriture générale s’inscrit certes dans la continuité de la série, mais on notera l’apparition de quelques idées rafraîchissantes, notamment l’une plutôt pernicieuse. Souvent le résultat de conditions aléatoires et malchanceuses, la Mort peut dorénavant être aussi donnée par un autre être humain, ajoutant une couche tragique lors de cette fuite en avant funeste. Dommage que l’idée ne soit pas exploitée jusqu’au bout, et ne pointera plus le bout de son nez à l’avenir. Quant à l’épilogue, initialement retourné suite aux désapprobations des projections-tests, il s’amuse à rejouer le principe introductif, comme ironie méchante et mordante envers des protagonistes réduits à l’état de marionnettes. Un brin de cruauté gratuite, mais qui amusera sans en douter les spectateurs sadiques que nous sommes.