
Réalisateur : David R. Ellis
Année de Sortie : 2003
Origine : États-Unis
Genre : La Mort Vous Va Si Bien
Durée : 1h30
Le Roy du Bis : 7/10
Thibaud Savignol : 6/10
Highway to Hell
Plus de 100 millions de dollars de recettes pour un budget de 23 millions, il y a pas à dire, le premier Destination Finale est un véritable carton pour New Line Cinema. Sans compter qu’à cette époque le marché florissant du DVD comptait bien ramener quelques millions supplémentaires. Si le premier opus se concluait sur un cliffhanger un brin putassier, on peut reconnaître au studio ne pas avoir précipité les choses pour cette séquelle. Trois ans à Hollywood, c’est une éternité. Le tandem original James Wong et Glenn Morgan se voit remplacer par de nouveaux venus à la barre. Ayant bien assimilé le concept original, il est de temps de proposer le traditionnel bigger and loudder.
Destruction Derby
Un an après les événements du précédent film (le crash du vol 180, la mort des lycéens), on suit dorénavant Kimberly Coman, étudiante se rendant en Floride pour le Spring Break. Mais un terrible carambolage autoroutier va remettre ses plans en question. Elle est alors persuadée par le policier qui l’a sauvée qu’ils sont à leur tour victime d’une malédiction mortelle. Débute une course contre la montre, où les survivants vont tenter, avec plus ou moins de succès, de repousser l’inéluctable.
Nanti d’un budget légèrement supérieur (26 millions de dollars), la nouvelle équipe en charge du projet a décidé d’enclencher la seconde. L’ouverture reste à ce jour encore l’une des plus impressionnantes et réussies de la saga (7km de tronçon réservé et 200 véhicules à disposition). Dégraissée de toute exposition superflue, elle caractérise juste ce qu’il faut tous les futurs protagonistes du long-métrage. Sur l’autoroute chacun a son style de conduite quand les véhicules font office de caractérisation visuelle. Ne reste plus qu’à se reposer sur un montage tendu à l’extrême, faisant grimper une tension crescendo des plus redoutables. Tous les voyants sont au vert pour le carnage à venir : mégot encore brûlant, billes de bois menaçantes, café renversé, route humide etc…
Une fois l’engrenage mortel activé, personne ne sera épargné. Les collisions s’enchaînent, rythmées uniquement par le son de la tôle froissée, dans un magma de larmes et de sang. La réussite de la séquence doit beaucoup au savoir-faire de son nouveau réalisateur, l’expérimenté David R. Ellis. Ancien cascadeur et coordinateur de cascades, il a opéré en tant que réalisateur de seconde équipe sur des mastodontes tels que Master & Commander ou le second Matrix. Un épisode qui, on le rappelle, contient l’un des séquences de course-poursuites les plus dingues de l’histoire du cinéma. Pas étonnant qu’avec un tel passif Ellis parvienne à proposer un spectacle aussi jubilatoire ; et pour beaucoup, un trauma indélébile vis à vis de tout ce qui transporte d’énormes rondins de bois.

La routine s’installe
Pour ce qui s’ensuit, Destination Finale 2 épouse le syndrome Scary Movie 2 en termes de structure narrative. Une fois les faits du premier opus évoqués (contrer le pattern de la Mort elle-même), que ce soit lors d’une émission télé durant le générique ou avec le long monologue d’un survivant, le script peut se concentrer sur ce qui l’intéresse le plus, la création de mises à mort toujours plus inventives (les gags chez les frères Wayans). Fini ici le développement à tendance thriller paranoïaque sur une menace insaisissable. Les scénaristes concluent un pacte tacite avec les spectateurs, désormais bien informés du réel intérêt de la série. Les règles précédentes sont respectées, mais pas besoin de creuser au-delà, le public venant uniquement se repaître d’exécutions le plus guignolesque possible.
Le plus absurde en termes d’écriture, est sans aucun doute l’absence du héros du premier volet, Alex Browning. Les scénaristes évoquent un choix volontaire pour créer une nouvelle dynamique, mais on lit également à droite et à gauche que c’est l’acteur qui refusa de reprendre son rôle suite à une dispute avec la production. La vérité est comme souvent, sûrement au milieu de tout ça. Alex aura juste le droit à sa tronche sur un journal, l’annonçant mort suite à la chute d’une brique. Tellement pitoyable qu’on sentirait presque la vengeance mesquine d’un producteur en coulisses.
Si une fin alternative du premier volet voyait bel et bien Alex mourir pour sauver son amie, elle n’a jamais été considérée comme canon. Par contre, cette même fin alternative montrait la dernière survivante accoucher du bébé d’Alex. Cette naissance, cette nouvelle vie, était la clé de la victoire face à la mort. Une idée trop ésotérique pour les ricains des projections-tests, la rejetant en bloc. Mais c’est bien cette allégorie qui irrigue ce second opus, à travers le personnage d’Isabella. Enceinte, son futur nouveau né est vu comme le remède à leur malheur, et devient donc l’objet de toute les convoitises dans la dernière partie.
La mécanique bien rodée apparaît déjà au grand jour, un brin répétitive, heureusement rattrapée par une vraie générosité de sale gosse. Plus gore, plus méchant, Destination Finale 2 augmente son bodycount. En plus de rallonger le suspense de ces moments, comme seul véritable intérêt du long-métrage (les derniers opus dilateront encore davantage leurs séquences), Ellis n’hésite pas à déverser des hectolitres de sang : œil crevé par une échelle, plaque de verre broyeuse, ascenseur farceur ou encore fils barbelés létaux. De ce côté là, le contrat est rempli et le spectateur réjoui. Que demander de plus ?