[Critique] – Destination Finale


Destination Finale affiche film

Réalisateur : James Wong

Année de Sortie : 2000

Origine : États-Unis

Genre : La Mort Vous Va Si Bien

Durée : 1h38

Le Roy du Bis : 8/10
Thibaud Savignol : 6/10


Y a-t-il un pilote dans l’avion ?


Si il y a bien une chose que l’humanité entière partage, peu importe le statut social, la richesse ou la couleur de peau, c’est de devoir un jour faire face à la mort. Cette grande inconnue qui hante les mythes et légendes a innervé le cinéma depuis sa création, de l’introduction du Septième Sceau de Bergman au grand final d’Inferno d’Argento, pour ne citer que ces exemples. Elle devient ici une mécanique ludique, plus proche du slasher méta post-Scream pour ados en manque de sensations que des grandes réflexions philosophiques de ses prédécesseurs.

Who’s Next ?

À l’origine du projet il y a Jeffrey Reddick, à qui l’on propose d’écrire un scénario pour X-Files, la série à succès du moment. S’inspirant de ses propres interrogations lors d’un vol aérien, il écrit ce premier traitement où les survivants d’un crash meurent ensuite un par un dans d’étranges circonstances. Consciemment ou non il cite également L’Unique survivante, qui suit une femme prise à partie par la mort elle-même après avoir survécu à un accident d’avion. Finalement James Wong et Glenn Morgan, scénaristes de pas mal d’épisodes marquants de la série, voient en ce script la possibilité d’un long-métrage à part entière. Le film est retitré Destination Finale à la dernière minute, car Vol 180 sonnait trop film de catastrophe aérienne aux oreilles du producteur Bob Shaye.

Alors qu’une classe est sur le point d’embarquer pour Paris dans la cadre d’un voyage scolaire, le jeune Alex Browing est victime d’une vision cauchemardesque. Persuadé que leur avion va s’écraser au décollage il préfère quitter le zinc. Accompagné par quelques camarades et un professeur, ils assistent impuissants au drame depuis le hall de l’aéroport. Passé les événements tragiques, il semblerait bien que la mort n’en ait pas fini avec le groupe de survivants, réclamant désormais son dû.

Grâce à son concept ludique (la mort traque ceux qui auraient dû y rester), James Wong et ses producteurs visent clairement le public teen du samedi soir, à grand renfort de mises à mort sanglantes (mais pas trop) et de jump scares à renverser son pop-corn. L’œuvre n’est rien d’autre qu’un slasher déguisé en thriller conspirationniste (personne ne croit le protagoniste), saupoudré d’une pincée de surnaturel. On retrouve la bande de jeunes poursuivis par un tueur ou une entité (ici la mort elle-même), éliminés un par un lors de séquences de meurtres travaillées proche chacune d’un mini-climax.

Destination Finale Critique Film James Wong

Slasher mystique

Destination Finale prolonge ainsi encore plus loin le délire méta amorcé par Scream en 1996 (même si réellement entamé en 1994 avec Freddy sort de la nuit du même Wes Craven), et suivi par les copycat que sont Souviens-toi l’été dernier et Urban Legend. Se débarrassant de la figure traditionnelle du boogeyman masqué, Wong fait appel au plus simple appareil de mort, délesté d’une incarnation physique. Quoi de plus épuré et conscient du genre que d’affronter notre propre finalité à travers un cheminement dicté par cette essence supérieure.

Rapidement devenu culte après sa sortie, ayant engendré pas moins de cinq suite dont Bloodlines cette année, il est agréable de remarquer que Destination Finale premier du nom a plutôt bien vieilli. Alors oui, c’est une plongée sans concession dans le début des années 2000 (fringues, accessoires, expressions). Mais malgré un déroulement un peu scolaire façon néo-slasher, la sobriété générale de la mise en scène (à quelques effets numériques près) permet au film de conserver son efficacité.

La séquence d’intro est à ce titre un exercice de style rondement mené, dilatant son suspense un quart d’heure durant, exacerbant chaque détail possiblement dramatique, jusqu’à son aboutissement explosif. Un modèle qui sera repris par chaque opus suivant, devenant la marque de fabrique de la saga. Tout comme les différentes exécutions qui parsèment le récit, l’occasion pour les scénaristes et le metteur en scène de créer en permanence de nouveaux dispositifs sadiques et malheureux. Car la force du film est de jouer en permanence sur les coïncidences, les hasards et la malchance, tout ce qui peut composer notre quotidien de manière bien plus terrifiante qu’un rarissime tueur fou.

Si l’ombre de la mort plane littéralement sur ces séquences (un effet too much et daté), James Wong se montre plutôt habile pour illustrer la menace d’outre-tombe. Réutilisant le point de vue du tueur propre au slasher, il s’amuse à balader sa caméra à travers les décors, explicitant le déclenchement de chaque action qui conduit à l’inéluctable. Ou comment un accident domestique tout bête est si vite arrivé. Bien qu’un peu aidé ici par une entité en pétard, avouons-le.

On retiendra de ce premier opus la séquence de la salle de bain, chiche en effets mais douloureusement longue. Ou encore cet improbable enchaînement de malchance qui conduira une professeur à se faire poignarder façon Ghostface (ironique retour à l’envoyeur). À l’image de la saga Saw les suites capitaliseront davantage sur l’effet choc des mises à mort, avec l’imagination comme seule limite. Ce Destination Finale premier du nom se voit donc davantage en thriller horrifique, une petite série B maligne, au concept sacrément efficace, dont les résultats au box-office ne laisseront pas les producteurs indifférents.

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