
Réalisateur : Dustin Ferguson
Année de Sortie : 2017
Origine : États-Unis
Genre : Actionner Cyberpunk
Durée : 1h11
Le Roy du Bis : 2/10
Le Canon de Beauté
La sortie de Blade Runner 2049 aura motivé Albert Pyun à sortir de sa retraite afin de ressusciter la franchise Nemesis, alors à l’état de mort clinique. L’ancien réalisateur atteint de sclérose en plaques préférera céder la barre à un nouvel espoir. Avec plus de 150 films au compteur tournés à rythme stakhanoviste (à mesure de plusieurs par an), Dustin Ferguson était le candidat rêvé à la succession. Un rapide coup d’œil dans sa filmographie suffit néanmoins à se faire une opinion et à anticiper le désastre à venir. Peu intéressé par ses émulations, aucun éditeur digne de ce nom n’a d’ailleurs souhaité distribuer le film en dehors des États-Unis.
Tourné à Lincoln dans le Nebraska, Nemesis 5 The New Model ferait paraître ses prédécesseurs pour d’excellentes séries B. Dès son long texte introductif, le spectateur comprend que cette séquelle cherche tant bien que mal à se reconnecter aux différents arcs narratifs développés par Albert Pyun. Personne ne se souciait réellement du scénario des précédents opus tant que cela permettait au réalisateur hawaïen d’expérimenter plus que de raison entre deux séquences d’action. Dustin Ferguson fait déjà moins de mystère, en explicitant autant que dans une émission de C’est pas Sorcier.
Nemesis 5 effectue un bon dans le temps, plaçant son intrigue en 2077. Une organisation terroriste connue sous le nom de Red Army Hammerheards cherche à dominer le monde en manipulant les médias. Le sort de toute l’humanité semble reposer sur une jeune femme entraînée par Alex Rain, la guerrière au génome surhumain autrefois traquée par les cyborgs Farnsworth et Nebula. À cette occasion, Sue Price fait son grand retour pour transmettre le relais à une nouvelle héroïne (Schuylar Craig) chargée de remettre de l’ordre dans la société.

Dustin Ferguson tente de restituer l’essence de la saga, adoptant le format scope si cher à son producteur, ainsi que les filtres de couleurs et l’étalonnage caractéristique du chef-opérateur George Mooradian pour donner à son background des airs de futur dystopique. Ces efforts louables restent malheureusement vains face à la laideur des effets visuels, à la tristesse des environnements et des décors visités (appartement sans âme, bar de banlieue, squat et couloirs).
Très vite, Nemesis 5 The New Model donne la mauvaise impression d’assister au projet de fin d’année d’un étudiant en école de ciné, ne jurant que par le logiciel Adobe Power Effect. Les séquences d’action artificielles sont extrêmement mal chorégraphiées et souffrent d’une lisibilité confuse, en raison des axes de prises de vue choisis par le metteur en scène. Les armes et costumes font également très factices face à la netteté du numérique, la surexposition de la photographie et l’absence de contraste dans les éclairages.
L’intrigue tente bien néanmoins de coller à l’actualité brûlante des États-Unis alors sous mandat de Donald Trump. Divisée entre une droite totalitaire et une extrême gauche fasciste, l’héroïne se fond au sein d’un groupe unidimensionnel entre deux tirs de lasers, un monologue métaphysique abscons et une séance de gymnastique dans le désert. Un peu facile, cette re-contextualisation ne suffit pas à élever le film au-delà de son argument de série bis.
La plus grande qualité de cette suite semble résider dans sa mise en abyme ironique et pertinente sur les dérives liées au trans-humanisme. À l’instar des modèles vomis par les émissions de téléréalité, la comédienne Dawna Lee Heising prête ses traits botoxés et ses formes siliconées au cyborg Barbarella, enrageant contre le rejet de son créateur en quête de la perfection absolue. Extra lucide, Dustin Ferguson fait de son interprète féminine le «canon de beauté» ultime d’une génération superficielle dominée par le culte du paraître.