
Réalisateur : Ted Nicolaou
Année de Sortie : 1992
Origine : États-Unis
Genre : Hard Rock Aliens
Durée : 1h28
Le Roy du Bis : 5,5/10
Band’s World
Charles Band ne recule devant aucun excès pour vendre ses concepts, aussi originaux et casse-gueule soient-ils. Fort de son nouveau label musical Moonstone Records, le producteur tente de profiter du net regain de l’industrie musicale pour développer un film de science-fiction mêlant flash-mob dansant et hard rock endiablé, ce qui lui permettrait également de capitaliser sur le vente de CD. Cela donne Bad Channels, un ovni cinématographique comme seule la Full Moon Features peut raisonnablement en sortir. Son réalisateur Ted Nicolaou porté sur le LSD n’était pas à sa première excentricité : Terrorvision c’était lui.
L’intrigue pas piquée des hannetons s’intéresse au DJ d’une petite station crevant l’audimat avec ses marathons de polka permettant aux participants de remporter une décapotable. En se branchant sur une fréquence d’origine inconnue, l’animateur se retrouve alors assailli par un extra-terrestre accompagné d’un robot qui vont prendre le contrôle du studio pour passer du bon gros heavy metal des familles. Leur but est de faire danser les plus belles donzelles de la région afin de les désinhiber, puis de les rapetisser à une taille lilliputienne.

Difficile de faire plus explicite concernant le scénario de ce Bad Channels complètement foutoir et bigarré. Le film se résume en effet à un pastiche parodique influencé par l’ufologie des années 50, et les extravagances de la chaîne MTV. Les acteurs et actrices s’agitent et se trémoussent de manière indécente sur la partition des quatre groupes se relayant sous la caméra de Ted Nicolaou, tel que Blue Ôyster Cult. L’entrain et le feel good communicatif ont le mérite d’irradier le public à défaut de procurer l’hilarité face à la faiblesse du timing comique et à la ringardise de ces bêtises largement appuyées.
De tous ces interprètes, c’est au groupe Sykotik Sinfoney que l‘on doit la meilleure séquence et de loin. On assiste à un concert complètement freak où nonnes, infirmières, morts-vivants, malades mentaux et clowns bigarrés se mettent à chanter et danser dans les couloirs cliniques d’un hospice nimbé de fumée et de projecteurs de couleurs. Passant du heavy metal bien lourd à des sonorités plus légères avant un solo de guitare particulièrement entraînant, ces multiples ruptures de style et de tonalités constituent l’essence délirante d’un film peinant à trouver le bon équilibre. Les péripéties sont au moins aussi hallucinogènes que ces protubérances végétales et moisissures recouvrant l’intégralité du studio. L’euphorie procurée par ce morceau suffit néanmoins à emporter l’adhésion d’un public passablement hébété par la situation.
Dans ce déchaînement d’ondes sonores et de scènes psychédéliques, la réalisation n’accomplit aucune véritable fantaisie, peu importe son montage clipesque et ses effets visuels et pratiques jetés grossièrement à l’écran. Malheureusement, il ne suffit pas de faire n’importe quoi pour rendre ce divertissement aussi délirant que pouvait l’être Terrorvision. Malgré son rythme tonitruant, l’intérêt restera donc à géométrie variable et son public confronté à un redoutable dilemme cornélien : débrancher son cerveau et s’amuser des grivoiseries et facéties d’un casting en totale roue libre, ou bien rester hermétique face à un tel parangon d’ânerie.
En revanche, l’expérience fut plutôt plaisante pour son réalisateur qui en tire d’excellents souvenirs malgré les contraintes techniques et pécuniaires rencontrées lors du tournage. En outre, l’épilogue se chargera d’introduire Tim Thomerson dans le rôle de Brick Bardo afin d’annoncer le futur crossover (Dollman vs Demonic Toys) liant les univers de son producteur.