
Réalisateur : Charles Band
Année de Sortie : 2006
Origine : États-Unis
Genre : Pain D’Épices Tueur
Durée : 1h10
Le Roy du Bis : 5,5/10
Comme un goût rance
Avec son exploitation outrancière et son fétichisme exacerbé pour les poupées, Charles Band a offert aux spectateurs une très grandes diversité de jouets et pantins démoniaques, à travers des déclinaisons plus farfelues les unes que les autres mêlant sorcellerie et magie noire (Demonic Toys, Blood Dolls, Doll Graveyard, Ragdoll, etc…). Mais la disparition de David Allen et l’inflation liée aux coûts de production ont eu finalement raison de ses rêves d’empire de la série B. L’avenir de la firme se fera désormais dans le nanar parodique avant de revenir par la suite à des œuvres plus sérieuses et ambitieuses notamment sous la bannière de la franchise Puppet Master.
Un concept de derrière les fagots
Autrement plus regardable que son soporifique Evil Bong, Gingerdead Man fait donc partie des nouvelles mascottes du studio avec son scénario qui tient sur une page de marmiton. Offrez-vous d’abord une ex star revenue de tout en la personne de Gary Busey, faites la cabotiner avec une arme à feu jusqu’à ce que mort s’en suive, puis dispersez ses cendres maudites dans une pâte à cuire agrémentée de quelques blagues carambar et vous obtiendrez un gâteau d’un genre nouveau.
L’intrigue reprend fidèlement le speech de Child’s Play, excepté que la poupée est ici un simple biscuit filmé dans une succession de gros plans, qui cherche à se venger de la boulangère qui l’a envoyé griller sur la chaise électrique. Avec un tel concept, Charles Band s’est certainement convaincu qu’il tenait là un futur classique et que ce postulat décalé suffirait sûrement à rameuter du monde derrière le studio. Qu’à cela ne tienne, c’est justement grâce à sa bande annonce tonitruante que l’auteur de ces lignes a pu découvrir l’univers débordant de la Full Moon à l’époque.
Pourtant, on ne peut pas vraiment dire que le producteur ait mis beaucoup de cœur dans la recette, bien plus motivé par sa communication tirant sur la provocation et la même irrévérence qu’un certain Lloyd Kaufman, la virulence en moins. En résulte un divertissement trop gentillet, qui comme les Killjoy ne suscite qu’une vague indifférence, ou au mieux l’indignation de quelques jeunes vierges effarouchées.

Petite douche froide
Le fait est que Gingerdead Man a un goût un peu rance et affiche beaucoup trop de carences et de retenue dans sa mécanique de prédation, manquant cruellement d’audace et de scènes gores à l’arrivée. Et ce n’est pas les quelques insanités proférées par son pain d’épice carnassier qui relèveront globalement le niveau de la tambouille, surtout quand le décor se limite à l’arrière-boutique d’une échoppe.
Tout le film est fait dans le même moule et souffre d’une mise en scène fainéante au cachet télévisuel, qui n’a pas dû ruiner les caisses du studio. Les mises à mort se succèdent sans grande originalité, montrant le Gingerdead Man jouer du couteau, tirer au pistolet, ou écraser quelqu’un avec une voiture. Il prendra également possession d’un corps après avoir été ingurgité par un crétin, qui pensait que c’était certainement une bonne idée pour s’en débarrasser.
Un producteur de génie !
Heureusement le réalisateur peut compter sur le design absurde et grotesque de sa créature confectionnée par John Carl Buechler, ainsi que sur le charisme de son doubleur (Gary Busey), dont les punchlines auront quand même le mérite de vous arracher un sourire en coin, notamment avec ses petits soubresauts et ricanements pervers. Le casting destiné à chair à pétrir est à l’avenant, y compris Robin Sydney, introduite par son producteur et futur mari comme une égérie à en devenir.
Ce n’est pas comme-ci nous ne l’avions pas vu venir, à force d’en vanter les qualités d’interprète dans ses interviews, lors du Full Moon Horror Road Show, livrant un bien faible argumentaire pour lui attribuer un futur parcours de star de la série B. Son talent ne saute pourtant pas aux yeux à première vue, surtout comparé aux légendes que furent Barbara Crampton, Linnea Quigley ou la non moins séduisante Jacqueline Lovell. Mais l’amour rend aveugle, il paraît.
Le making of du film nous dévoile également un aspect de la personnalité de Charles Band que nous ne connaissions pas, celui d’un réalisateur certes roublard mais également bien intentionné et toujours aux petits soin de ses actrices, qui après leur avoir demandé de mourir de froid dans une chambre froide recouverte nue de chantilly sans couverture, leur propose un petit chocolat chaud en compensation à la fin pour se réchauffer.
Quel homme, quel producteur, quel cinématographe de génie ! Gloire à Charles Band ce Walt Disney de la série bis ! On reviendra sur la pommade qui lui ait passée dans les témoignages de ses collaborateurs et acteurs, faux jetons sûrement plus motivés par une gratification salariale que par la fabuleuse expérience de cette incroyable slasher à posteriori. Vous ne devriez donc pas avoir à demander du rab de dessert, et on lui préférera de loin sa délirante séquelle réalisée par William Butler sous le pseudonyme de Silvia St Croix.