
Réalisateur : John McPhail
Année de Sortie : 2018
Origine : Royaume-Uni
Genre : Comédie Musicale Zombiesque
Durée : 1h33
Le Roy du Bis : 6,5/10
A Nightmare Carol
On en a soupé des apocalypses zombie. La Zombiemania s’est emparé du cinéma, de ses productions, et ses cousins consanguins n’ont cessé de croître durant les deux dernières décennies. Le registre de la comédie aussi suite au succès de Shaun of the Dead, parfois pour le meilleur (Bienvenue à Zombieland) et souvent pour le pire (Goal of the Dead, Zombie Strippers).
Les Zombies de Cherbourg
Face à cette invasion de chairs avariées, le public est vite arrivé à saturation et le genre est naturellement arrivé à expiration comme à la fin des années 80. Pourtant, cela n’a pas refroidi une poignée d’irréductibles viandards d’en livrer encore des déclinaisons. Il y avait néanmoins de quoi s’inquiéter à l’idée de marier des genres aussi antinomiques. D’autres réalisateurs l’ont déjà fait et réussi la mue, en livrant des comédies musicales et horrifiques digne de ce nom (Phantom of the Paradise, The Rocky Horror Picture Show).
Toujours est-il qu’une telle entreprise requiert de bons chanteurs, un excellent compositeur et surtout un chef d’orchestre capable de mener ses interprètes à la baguette. Les chansons seront toujours en liens avec les préoccupations et états d’âme des personnages (bluette amoureuse, volonté d’émancipation, etc). Si l’on verra bien les adolescents lutter en chantant contre les assauts d’une horde de zombies, on ne peut s’empêcher de constater qu’il manque un grain de folie à cette comédie, plus inspirée par les hits et succès de l’époque. Naturellement, High School Musical est la première qui nous viendra en tête avec le morceau « Hollywood Ending » et son flash-mob dans une cantine, tentant de reproduire le désormais classique « Stick to the Status quo ». Malheureusement, Johnny McPhail n’est pas Kenny Ortega.
Les ados en crise devraient néanmoins s’identifier assez facilement à son héroïne rebelle, lassée de sa banlieue natale (Beaufland), et de son paternel envahissant. Autour d’elle gravite tout un microcosme de personnages stéréotypés : le meilleur ami friendzoné (une pensée pour toi vieux frère !), la brute épaisse dernier de la classe mais premier dès qu’il s’agit de dégommer des zombie à coups de batte, le geek fan de robots géants, et une lesbienne affublée d’une coupe de garçon manqué.

Smells Like Zombie Spirit
Les élèves devront donc lutter ensemble contre une invasion de morts-vivants en faisant fi de leurs différents afin de pouvoir retrouver leur famille. Anna et l’Apocalypse aborde également l’habituel rite d’initiation en plaçant ses adolescents face au joug d’un despotique proviseur, ainsi que d’une horde de parents zombifiés dont ils devront se débarrasser pour pouvoir voler de leurs propres ailes.
Évidemment le film est jalonné de partitions entraînantes, ce qui permet de maintenir l’intérêt de ce récit cousu de fil blanc. A défaut de chorégraphies inventives, les mises à mort à coups de quilles, de boules de pétanque, et de cannes à sucre tranchantes ont le bon goût d’être ajustées au rythme du tempo. Si le réalisateur tente bien de créer un décalage comique entre la gravité de la situation et la légèreté de ton, il manque néanmoins une bonne dose de subversion dans cette comédie satirique pour s’imposer comme un hit en puissance, comme le fut l’incroyable Poultrygeist : Night of the Chicken Dead.
L’erreur aura peut-être été de griller un peu trop vite tous les fusibles de la guirlande électrique. Pas de quoi s’égosiller la voix ou rire à gorge déployée, même si vous vous surprendrez peut-être comme l’auteur de ces lignes à entonner le refrain de quelques morceaux en claquant des doigts (Turning My Life Around). On ne va pas cracher dans ce bouillon tant les apocalypses zombie restent suffisamment rares dans le registre du film saisonnier. Et cela a au moins le mérite de changer des Pères Noël tueurs.