
Réalisateur : Magnus Martens
Année de Sortie : 2023
Origine : Finlande / Norvège
Genre : Elfes Maléfiques
Durée : 1h40
Le Roy du Bis : 7/10
Thibaud Savignol : 5/10
Les Gremlins débarquent en Europe
Ah la Norvège. Ses vastes étendues enneigées, ses aurores boréales enivrantes et son black métal pourfendeur de la quiétude nordique. Tout metalleux digne de ce nom connaît les frasques de groupes tels que Mayhem et Burzum, les excès de leurs leaders Euronymous et Varg Vikernes : meurtres et incendies d’églises centenaires sont venus tâcher la blancheur écarlate de ces contrées. Derrière le calme olympien d’un pays réputé pour sa diplomatie (hilarante référence en fin de visionnage aux accords d’Oslo), se cache une violence sous-jacente prête à exploser. Quand il ne s’agit pas hurluberlus peinturlurés, vous pouvez être sûrs que les légendes locales, pas avares en cruauté, prendront le relais.
Des Elfes à l’hospitalité douteuse
Une gentille petite famille américaine, dont le vernis mielleux au sourire Colgate ne va pas tarder à s’effriter, s’installe en Norvège suite à l’héritage d’une demeure. Mais la grange se trouve être occupée par un elfe peu commode, qui risque bien de devenir leur pire ennemi si certaines règles ne sont pas respectées : pas de lumière vive, pas de bruit, et laisser son habitat intact. Trois règles, une créature issue du folklore locale, tout ça ne vous rappelle rien ? There’s Something in the Barn ne dissimule jamais sa relecture enjouée du classique de Joe Dante (Gremlins pour ceux du fond qui ne suivent pas). Connaissant la formule par cœur, le spectateur n’a plus qu’à attendre gentiment la transgression des règles pour se repaître du carnage promis.

XYZ parmi les financiers (Deep House et le furibard The Night Comes for Us c’est en partie eux) et deux têtes d’affiche issues du jouissivement gore Dead Snow 2, le cocktail promettait d’être savoureux. Le résultat s’avère malheureusement plutôt tiédasse, la faute à un mix des genres pas totalement abouti, ni jamais désopilant ni véritablement sanglant. L’exposition est démesurément longue, les personnages étant plus de gentilles caricatures que des études de caractères approfondies. En soi, pas besoin de plus pour réussir une petite série B méchante. Magnus Martens s’y essaie sans jamais y parvenir, à cause d’un script qui n’ose pas franchir les limites avec sa bande d’elfes tueurs.
L’esprit de Noël est un plat qui se mange froid
Mise en place dès l’introduction via l’attitude des êtres humains face à un élan et son petit, ces créatures sont la métaphore évidente d’une nature qui se rebelle quand elle est agressée (comme les Gremlins en leur temps). Une fois dérangés dans leur tranquillité, ils n’auront de cesse de poursuivre les protagonistes fauteurs de troubles pour leur régler leur compte. La seconde partie décolle enfin véritablement, le rythme s’emballe, enchaînant les péripéties saugrenues (les elfes tous bourrés) et les face-à-face à coups de pelle, de batte et de poings dans la tronche. A l’instar des bébêtes des années 80, les elfes découvrent les joies des armes à feu et surtout des motos-neiges, signant une mise à mort cradingue comme on aurait aimé en voir davantage.
Voulu comme un film de sale gosse pervertissant l’esprit de Noël, There’s Something in the Barn apparaît davantage comme une petite comédie horrifique inoffensive. Correctement emballé mais jamais transcendant, l’attaque de la maison constitue le cœur d’un film qui s’est vu trop gourmand. On notera tout de même les petites piques adressées à la culture américaine, se moquant ouvertement de leur rapport aux armes, tout en ricanant gentiment du caractère des hôtes norvégiens, peut-être parfois un peu trop portés sur la discussion au lieu de l’action. Ni mémorable, ni méprisable, un petit film de genre à déguster pendant les fêtes, au coin du feu après un repas trop copieux.