
Réalisateur : Michael Dougherty
Année de Sortie : 2015
Origine : États-Unis / Nouvelle-Zélande
Genre : Créature de Noël
Durée : 1h38
Le Roy du Bis : 6,5/10
Thibaud Savignol : 6/10
Un Noël d’Enfer
Nous y revoilà enfin. Le Black Friday aura donné le coup d’envoi des festivités. Les gens se ruent dans les magasins, se battent pour des consoles de jeux et des télés «soldées». On se fait piétiner par des marées humaines. On joue des coudes pour se faufiler. Les policiers en profitent pour taser les gens dans l’hystérie et l’allégresse collective. Les ménages s’impatientent aux caisses pour faire fumer la carte bancaire et exaucer les listes de souhaits de leurs sales gosses pourris gâtés. Le plaisir d’offrir n’a plus rien de spontanée, il ne s’agit plus de recevoir mais bien de réclamer. Et il vous faut encore préparer le menu des fêtes. Devoir supporter les jérémiades, les crises et commérages de votre entourage, sans même parler des concours de virilité avec le beau-père qui vous traite toujours comme un enfant et ne vous croit pas capable d’assumer la charge de votre foyer.
Noël c’est avant tout la famille
Rien de bien nouveau sous le sapin. Noël est surtout devenu une diabolique hypocrisie détournée de son sens premier et de ses origines religieuses. Krampus se positionne dès son introduction comme une comédie satirique à l’ironie grinçante, avant d’enchaîner les ruptures de ton : de l’absurdité de ses querelles de famille aussi divisées sur le plan de l’éducation que sur celui de la politique, au climat parfaitement anxiogène avec son blizzard enneigé, nappé d’un brouillard occulte enfermant des silhouettes menaçantes. Les situations quant à elles sont totalement décomplexées, versant dans le gore et le slapstick assumé, avec une armée de jouets incarnés et de pains d’épices carnassiers.
Les membres de la famille devront se serrer les coudes et s’organiser afin de pouvoir lutter contre l’invasion. On ne sera pas tellement surpris par la tournure des événements, allant de mal en pis suite à un vœu lancé un peu trop à la légère par le cadet de la famille. A l’instar de Kevin dans Maman j’ai raté l’avion, Max ne croit plus vraiment en la magie de Noël et souhaiterait que ses proches disparaissent. Trick ‘r Treat traitait déjà de la sauvegarde des traditions d’Halloween. Cette fois ci, le choix de Michael Dougherty s’est porté sur le contexte de Noël en puisant dans le folklore scandinave, ce que nous autres lorrains associons communément à la légende de Saint Nicolas et du Père Fouettard.

Attention au monstre sous le lit
Krampus est donc l’alter égo maléfique du Père Noël, revêtant la même parure drapée de rouge et blanc, avec des cornes de bouc vissées sur le crâne, la barbe hirsute, une langue fourchue, un visage buriné et un regard noir et abyssal. Dans ses meilleurs moments, le film prend les atours d’un véritable conte horrifique aussi bien pour les adultes que pour les grands enfants. La direction artistique crève l’écran, et sa galerie de créatures n’auraient certainement pas dépareillées dans L’Étrange Noël de Monsieur Jack : elfes écorcheurs, diables à ressorts et bonhommes de neige tueurs. Tous aident le Krampus à distribuer les châtiments envers celles et ceux qui auraient perverti le véritable esprit de Noël.
Finalement, le film sera moins insolent que l’on aurait cru, après un premier quart d’heure à esquisser le portrait stéréotypé d’une famille de beaufs pro NRA. Le réalisateur finira par assumer totalement son statut d’artisan de la série B en traitant son sujet au premier degré. Rien ne manque tout y est : le bon gros survival des familles, les jump-scares et ressorts horrifiques à gogo, y compris la tentative d’évasion aussi futile que vaine dans cet environnement aussi cloisonné qu’une boule en verre.
On sent bien là une volonté de vouloir concilier les goûts de chacun, comme-ci le réalisateur avait voulu dresser un buffet de hors d’œuvre où il y aurait à boire et à manger pour tous, d’où cet improbable mariage des genres et des effets spéciaux (CGI, marionnettes, maquillages, audio-animatroniques). Mais par manque d’alchimie, Krampus finit par pêcher faute de pouvoir vraiment amuser ou effrayer ses spectateurs. Néanmoins l’entreprise déborde de bonnes intentions et de générosité. Et à défaut de chier sur la bienséance, le film compense par autant de sournoiseries que de méchanceté à l’égard du sort de ses protagonistes, condamnés à devoir se supporter mutuellement pour le restant de leurs nuits. Prenez donc garde à ce que vous souhaitez, cela pourrait bien finir par se réaliser.