
Réalisateur : Edmund Purdom
Année de Sortie : 1984
Origine : Royaume-Uni
Genre : Slasher Des Festivités
Durée : 1h26
Le Roy du Bis : 6,5/10
Disponible à la vente chez Uncut Movies
A Dangerous Place for Santa
Majoritairement d’origine américaine, les Père Noël tueurs n’ont pas mis très longtemps à trouver des imitateurs de l’autre côté de l’Atlantique. Les anglais auraient même pu devancer le plus célèbre d’entre-eux (Silent Night, Deadly Night), si ce petit slasher classique ne s’était pas égaré en chemin en raison de nombreux changements et d’un calendrier de prises de vue s’éternisant sur plusieurs mois. Les bras de fer horrifiques entre les gothiques Amicus et Hammer appartenaient déjà au passé en ce début des années 80.
Une œuvre accouchée dans la douleur
Les anglais ont donc flairé l’opportunité de pervertir les fêtes, en délocalisant les habituels camps d’été et sororités pour les peep-show, pissotières et impasses coupe-gorge du quartier de Soho. Fini les victimes adolescentes aux mœurs légères. L’opprobre du tueur visera désormais les couples libertins et les faux Pères Noël, qu’il soit employé de magasin, père de famille, SDF soulard ou bien simplement vicelard.
Derrière cette entreprise un brin fumeuse et opportuniste, nous retrouvons Dick Randall (Pieces, Slaughter High) et son associé Stephen Minasian (Vendredi 13, La Dernière Maison sur la gauche). Le film est néanmoins réalisé par Edmund Purdom, un has-been britannique ayant pas mal cachetonné durant les années 50 à Hollywood, avant de devoir s’expatrier en Italie durant les années 70 pour gagner sa croûte.
En éternel second couteau, l’acteur aura l’occasion de travailler avec Sergio Martino (2019, après la chute de New York), Ruggero Deodato (SOS Concorde), et même un certain Jess Franco (Los ojos siniestros del doctor Orloff). Don’t Open till Christmas est sa seule et unique contribution au genre, motivée par une obscure anecdote voulant que son ex-femme aurait un jour tenté de l’assassiner dans sa salle de bain. L’acteur aurait également accepté de jouer dans le film seulement sous condition de le réaliser lui-même.

L’expérience fut particulièrement chaotique, et le coscénariste Derek Ford (The Urge to Kill) le remplacera au pied levé en cours de tournage avant d’être lui aussi remercié. Le travail échouera finalement dans les mains du monteur Ray Selfe, accompagné d’Alan Birkinshaw. Le making-of ne révèle aucune des raisons ayant pu pousser ces nombreux remaniements sur le script et le montage, préférant suivre les pérégrinations, visites touristiques, anecdotes truculentes et facéties de son duo d’affables producteurs. Ces derniers très portés sur l’humour anglais arguaient qu’il était plus facile d’effrayer le public que de le faire rire. Ce documentaire de 55 minutes incluant plusieurs scènes gores non retenues dans le final cut, nous permet également de goûter aux joies de la banlieue Londonienne, pervertie par une industrie du sexe éclaboussant les enseignes et trottoirs des rues.
Un Slasher plus malin que la moyenne
Avec son bodycount élevé de victimes, Don’t Open till Christmas peut véritablement se targuer d’être l’un des films saisonniers les plus gores et sanguinolents de l’époque, bien que le tueur masqué évoque moins les brutes monolithiques du slasher américain que ses contemporains gantés du bis italien. L’ombre des thrillers Hitchcokien plane également sur l’ensemble du film. L’enquête constitue presque un MacGuffin utilisé pour bâtir son suspense autour de l’identité du tueur. Malheureusement, celle-ci semble avoir largement souffert des séances de réécritures et coupes de montage, délaissant l’étude des protagonistes préalablement esquissée pour une série de meurtres crapoteux, rendant la narration souvent confuse et le twist scénaristique assez fortuit.
D’ailleurs, le statut du personnage principal n’est pas clairement identifié, puisqu’à l’instar de Psychose, l’intrigue opère un étonnant retournement de situation en cours de récit. Don’t Open till Christmas est donc une œuvre fragmentée, probablement aussi schizophrénique que son assassin (le regretté Alan Lake), à la fois animée par des impératifs de production et une ambiance plus proche des néo-giallo italiens des papa Argento et Fulci.
En dépit d’un montage quelque peu composite et brouillon, le film comporte néanmoins de très chouettes séquences (la traque du Père Noël ivrogne dans le London Dungeon, le SDF immolé par le feu, l’employé de magasin énucléé aux WC), à même d’emporter l’adhésion d’un public friand de cinéma d’exploitation. L’actrice Caroline Munro (Maniac) y fait également une succincte apparition pour pousser la chansonnette et «adouber» cette modeste production du bout des lèvres en interview.
Mais c’est surtout l’interprétation de la mignonnette Kelly Baker en Scream Queen qui marquera les esprits, nous faisant regretter de ne pas l’avoir vu embrasser une carrière dans le genre malgré une autre apparition (Le Jour des fous) à mettre à son actif. Une très chouette idée cadeau pour ces fêtes de fin d’années, à retrouver chez le distributeur orléanais Uncut Movies et en tirage limité.