
Réalisateur : Clark Brandon
Année de Sortie : 1993
Origine : États-Unis
Genre : Moustiques Tueurs
Durée : 1h35
Le Roy du Bis : 4/10
Thibaud Savignol : 4/10
Sortez vos moustiquaires !
Les films d’insectes mutants ont le vent en poupe en ce début d’années 90. Après les traumatisants Arachnophobie et Ticks, et avant le bis fendard Mosquito, voilà que débarque Skeeter en 1993 (à ne pas confondre avec la drôle mais usante série Cousin Skeeter). Après les araignées et les tiques, quoi de plus intrusif que les moustiques ? Si le producteur James Glenn Dudelson avait pour idée un hommage aux films de monstres des années 50 (Them, Tarantula), il n’en sera rien ; le projet sera mis à la poubelle, lui remercié, et le résultat final lorgnera plus du côté du drame nanti de quelques attaques animales que du grand film de destruction souhaité.
Une fois n’est pas coutume, la main de l’Homme est responsable des mutations engendrées. Ici, un riche investisseur immobilier contamine volontairement les eaux entourant Clear Sky, petite bourgade westernesque comme il y en a tant aux États-Unis. Souhaitant détruire pour mieux reconstruire un nouveau projet à la mesure de sa mégalomanie, il espère ainsi faire fuir les derniers récalcitrants, qui s’acharnent bec et ongle à rester sur les terres de leurs ancêtres, ou un truc du genre. Pas de chance, le liquide verdâtre répandu grâce à quelques barils (coucou Toxic Avenger) va transformer les moustiques du coin en bestioles carnassières.

Ou tout du moins c’est la promesse faite par le synopsis et une jaquette illustrant un anophèle toutes dents dehors, prêt à en découdre. En l’état, on assiste plutôt à la rencontre entre Walker Texas Ranger et Ticks, le poulet-frites dominical de grand-mère et le gore en moins. On suit Roy Boone, policier de son état, qui préfère se balader la moitié du temps torse nu, sourire aux ménagères à l’accueil du commissariat et retrouver son amour de jeunesse. D’un autre côté, les attaques d’insectes se font tellement rares et peu létales (quelques morts, à peine abîmés), qu’on ne peut pas en vouloir au bougre d’avoir d’autres chats à fouetter.
Clark Brandon, habitué aux séries en tant qu’acteur ne réalise ici que son second film. Et on constate que le format télévisuel a laissé des traces. Le gros point noir de Skeeter, c’est de n’être tout simplement pas un film d’horreur. Les insectes mutants ont un temps à l’écran limité, possiblement dû à l’étroitesse du budget : à part quelques gros plans belliqueux ils font peine à voir, de la taille d’un chat, se déplaçant péniblement, la menace en devient risible. Surtout, ils n’ont absolument aucun incidence sur le déroulé scénaristique (!). Si ils sont détruits grâce à l’attaque de leur nid, où trônent les traditionnels dizaines d’œufs prêts à envahir la ville, la véritable menace est avant tout celle du loup en costard, prêt à tout pour faire main basse sur la ville.
On suit ainsi péniblement les péripéties de la petite force policière locale (avec Charles Napier en shérif, clone bis de Michael Rooker), de quelques habitants infoutus de s’imaginer un avenir ailleurs, le tout entre deux fermes, trois maison et un commissariat. Filmé davantage comme un téléfilm, musique à l’eau de rose lors des scènes romantiques et violons stridents quand l’horreur pointe timidement le bout de son nez, Skeeter affiche toutes les caractéristiques propres au soap-opera. Et étonnamment, c’est peut-être là sa plus grande réussite. À défaut de frissonner, on se surprend à suivre les aventures des différents protagonistes, à retenir leur nom, à espérer leur prochaine apparition, tout en attendant le dénouement de leurs amourettes. Et peu importe si personne ne se fait sucer, le sang.