[Critique] – Shaun of the Dead


Shaun of the Dead affiche film

Réalisateur : Edgar Wright

Année de Sortie : 2004

Origine : Royaume-Uni / France / États-Unis

Genre : Loosers & Zombies

Durée : 1h39

Le Roy du Bis : 6/10
Thibaud Savignol : 7/10


28 Pintes plus tard


Des débuts prometteurs

Tout commence sur la série anglaise Les Allumés (Spaced), où se rencontrent Simon Pegg et Edgar Wright. Le premier est acteur et créateur du show, le second le réalisateur attitré. Coup de foudre créatif en cette fin de millénaire, qui débouchera sur l’idée d’une relecture décalée du film de morts-vivants. Suivant deux loosers trentenaires sur fond d’apocalypse zombies, le film a l’intelligence de croquer aussi bien ses personnages que d’afficher une rigueur impeccable quand il s’agit de verser dans l’action brute. Shaun, récemment larguée par sa copine, et subissant un peu trop son meilleur pote Ed, voit dans ce chaos total l’occasion de reconquérir sa dulcinée. Commence alors un parcours du combattant pour rejoindre le bar Winchester, entre gags désopilants et zombies furax.

Les premiers films sont toujours intéressants à observer, sorte de brouillons (parfois géniaux) d’un style en construction. Shaun of the Dead affiche déjà tout le sens du timing propre à Edgar Wright, qui parvient à dynamiter la moindre séquence, sublimer le moindre instant comique, par la seule force de son montage. Les dialogues et situations absurdes fonctionnent avant tout grâce au génie des cuts et des transitions qui font mouche en permanence. Chaque panoramique est appuyé par un effet sonore, les zooms insistent sur les lignes de textes, et des effets sonores explicitent les actions. Même si certaines séquences doivent beaucoup au montage quasi clipesque d’un Guy Ritchie, résumant plusieurs heures en quelques secondes ultra-rapides, Wright en tire presque une parodie, notamment lorsque Shaun se prépare pour aller au boulot en accéléré.

Shaun of the Dead Critique Film Edgar Wright

Techniquement surdoué

Le travail de Wirght est avant tout un travail de précision, comme le confirme également sa science du cadre. Composés au millimètres, ils décuplent l’impact du montage, se rapprochant presque d’un style bande-dessinée, où chaque case raconte quelque chose, et sa collision avec la suivante permet de créer de nouvelles idées. Il n’y a qu’à voir les nombreux gags dont la chute se fait suite à un léger mouvement de caméra révélant la situation dans sa globalité, ou les changements de plans amenant un effet humoristique. Se dessine déjà également son rapport à la musicalité (Baby Driver en constituera le magnum opus), nous gratifiant lors du climax d’un tabassage de zombie en règle sur fond de Don’t Stop Me Now de Queen, où les coups des queues de billards épousent la rythmique du morceau.

Mais le montage percutant et une réalisation affûtée ne seraient rien sans une caractérisation approfondie de ses personnages. Partant du cliché pour livrer au final des protagonistes attachants, chaque personnalité est fortement marquée, aussi bien par leur style vestimentaire (la tenue lambda de vendeur de Shaun, la défroque d’Ed) que par leur façon de s’exprimer (l’intello à l’accent british, l’actrice ratée plein de peps). Tous amènent une dynamique différente au récit, qui débouchera sur une rencontre miroir hilarante avec une autre bande de survirants, transformant ces personnages de cinéma en monsieur tout le monde, où chacun pourra identifier ses amis et proches.

Bien entendu, Shaun of the Dead cite ses références (le titre, déjà), mais toujours en les intégrant à son propre récit. Lorsque Shaun échafaude différents plans pour sauver ses proches, c’est sur le thème principal de Zombie composé par Goblins, tandis que sa mère prénommée Barbara est un hommage direct à l’héroïne de La Nuit des Morts-vivants. On note même une double référence au mésestimé Jour des Morts-vivants, quand l’un des membres se fait méchamment ouvrir le bidon par des zombies assoiffés de sang, où lorsqu’un monte charge est utilisé en fin de parcours au Winchester. Loin d’être un simple fan boy, Wright prouvera lors de ses projets suivants que ses références sont au service de sa maestria et jamais l’inverse.

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