[Critique] – Infernal Affairs II


Infernal Affairs 2 affiche film

Réalisateurs : Andrew Lau et Alan Mak

Année de Sortie : 2003

Origine : Hong-Kong

Genre : Thriller / Policier

Durée : 2h

Thibaud Savignol : 7/10


Les Infiltrés


Retour vers le futur

Infernel Affairs 2 infiltrés film

Police contre Syndicat du crime

Ainsi, dès la séquence d’introduction, les liens entre l’inspecteur Wong et le petit chef de gang Sam sont dévoilés au grand jour. Intimes, partageant un repas, leur relation apparaît désormais comme plus amicale. Tout en se rendant mutuellement service (l’un obtient des informations, le second conserve sa position au sein des triades), quelque chose d’autre se développe. Presque plus que ses deux taupes iconiques, Infernal Affairs II choisit de placer au centre du récit cette dualité flic/voyou jusqu’à son inévitable chute.

Wong apparaît ici comme beaucoup plus borderline, usant de méthodes à la limite de la légalité, tandis que Sam, peu ambitieux et plus bienveillant que son moi du futur devient le fil conducteur du récit. Les infiltrés tout juste en place, la grande famille Ngai perd son patriarche. L’héritier Wing (Francis Ng impeccable), prend la relève et décide d’annihiler les chefs de triades à la loyauté douteuse afin de régner sur Hong-Kong sans partage. Sam, loyal, participe à cette prise de pouvoir, tout en cherchant à s’allier aux thaïlandais afin de sécuriser ses arrières et développer ses affaires.

Tandis que les taupes prennent leurs marques, s’infiltrent petit à petit au sein des entités visées, et que Wong traque sans relâche ce nouveau chef de famille impitoyable, toutes ces intrigues conduisent à Sam. Bras droit loyal de Wing, chef d’une taupe mais également boss mafieux du flic infiltré et complice du commissaire Wong, il se situe au carrefour des trajectoires de chaque personnage. Le cœur du film est d’illustrer la progression lente et semée d’embûches, comment la route de chacun à bifurqué à un moment donné pour rejoindre leur fonction du premier opus ; que ce soit un commissaire, un chef de gang réputé, son bras droit ou un inspecteur de police ultra-zélé.

Sam est donc le pivot central d’un second opus dédié aux évolutions «professionnelles» de ses protagonistes, mais surtout à leurs états d’âmes et tourments intérieurs. Comme l’indique en ouverture le générique final : «L’enfer contient trois éléments : temps, espace, souffrance. Tous infinis. Les pécheurs seront condamnés à la souffrance perpétuelle.». Référence au premier film et à ses soûtras bouddhistes, l’origine de leur pêché vient de naître. Désormais pris au piège d’une boucle infernale, ils n’auront de cesse de courir après des chimères illusoires, incapables de fuir un destin mortifère.

Infernal Affairs 2 critique film Hong Kong

Le début de la fin

La perte et la douleur comme moteur de personnalités détruites et remodelées à la merci des événements. Sans doute la plus belle idée de ce long-métrage, qui en privant chacun de ses protagonistes de sa moitié, ou tout du moins du plus précieux à leurs yeux, amène une cohérence limpide aux intrigues futures. Froids et implacables dix ans plus tard, bien que traversés par quelques doutes, les deux infiltrés sont ici otages de leurs sentiments, bouillonnants et imprévisibles. Le plan final, à la symbolique émotionnelle sacrément puissante, parachève cette idée d’enfer continue. Le mafieux infiltré s’apprête à rejouer les mêmes notes d’une symphonie destructrice, encore et encore, prisonnier d’un amour broyé sous ses yeux impuissants.

Quant à Wong et Sam, ils se construisent, testent les limites, installent leur autorité. Mais la perte d’un être cher viendra rabattre les cartes, tant au niveau de leur personnalité qu’au sein de leur relation elle-même. Ils sont un modèle d’écriture inversée, d’imparfaits et presque humains, devant des monstres de contrôle et de pouvoir. C’est donc là toute la force de ce second opus. Souffrant de quelques longueurs, d’un montage temporel et spatial parfois un tantinet brouillon, la dernière-demie heure vient remettre les pendules à l’heure. Elle cristallise avec intelligence tous les enjeux mis en place dans ce second volet, qui semblaient pourtant déjà résolus dès le début de la projection (on sait que les personnages sont en vie dix ans plus tard).

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