
Réalisateur : Barry Levinson
Année de Sortie : 2012
Origine : États-Unis
Genre : Épidémie Estivale
Durée : 1h24
Le Roy du Bis : 7/10
Thibaud Savignol : 6/10
Apocalypse Bay
Genre fourre-tout par excellence, le Found Footage fait de nombreux émules. Tout le monde s’y met, c’est la mode depuis quelques années. Les petits nouveaux en ont fait leur nouvel Eldorado pour sa rentabilité ainsi que sa simplicité apparente de mise en scène. Malheureusement, la plupart se borne à appliquer les mêmes artifices à peu de frais : shaky-cam, jump-scare, effets numérique…
Baignade interdite
Face à la pénurie de bonnes idées, certains tentent de se renouveler, en délocalisant l’action, ou en bousculant les codes. Les réalisateurs sur le retour se sont donc eux aussi lancés dans le grand bain. Barry Levinson emboîte donc le pas à George Romero (Diary of the Dead) et Brian de Palma (Redacted) dans la course à l’échalote. The Bay prend ainsi la forme d’un faux documentaire complotiste relayé par une journaliste.
Le 4 juillet 2009, la petite ville de Chesapeake Bay est en effervescence. La météo est au beau fixe, le concours du plus gros mangeur de crabe bat son plein, et rien ne pourra gâcher la bonne tenue de l’élection de Miss Crustacé. Pourtant, parallèlement à ces festivités regroupant badauds, restaurateurs et forains, une journaliste tente de lever le voile sur les circonstances qui mèneront rapidement la ville à la catastrophe. En cause : un maire cupide et ignorant qui se soucie bien peu de la toxicité de l’eau et de la mort de tout un écosystème aquatique.
Cette enquête est appuyée par des témoignages et rapports alarmants de scientifiques, qui ont effectué la corrélation entre l’usine de désalinisation de l’eau et l’élevage intensif de poulets dont les fientes toxiques sont directement déversées dans la baie. Cette journée en apparence idyllique va bientôt se transformer en cauchemar épidémique lorsque les habitants vont commencer à devenir victimes de démangeaisons et d’éruptions cutanées.

Mais les symptômes vont très vite empirer au fur et à mesure de la contamination (vomissements sanglants, crises de convulsion). Évidemment il ne faut pas être Einstein pour comprendre que les OGM ont fait muter la flore carnassière. Les parasites isopodes habituellement friands de langue de poiscaille jettent donc leur dévolu sur les humains, dévorant jusqu’aux organes et intestins de leur hôtes infectés.
Media Overkill
Frappé des mêmes tares narratives que ses contemporains, The Bay parvient habilement à brouiller la frontière entre fiction et réalité grâce à sa forme informative. La partie documentaire permet ainsi de mesurer l’impact d’une pandémie à «petite» échelle. D’autre part, nous nous retrouvons confrontés de plein fouet à cette crise sanitaire grâce à des prises de vue immersives captées sur le vif (caméscope, téléphone portable, vidéo de sécurité, dashcam, conversation skype etc).
Un vent de pessimisme semble néanmoins parcourir tout le projet. La psychose collective s’emparant des habitants devient plus virale que l’infestation elle-même à mesure des événements. Les hôpitaux saturent de malades, les médecins sont impuissants et dépassés par la situation. Des gens agonisent, vomissant leurs organes. Les cadavres jonchent les rues au beau milieu des poubelles et des restaurants recouverts de sang. Les parasites frappent toute personne en contact avec l’eau, n’épargnant ni les femmes, ni les enfants.
Ces séquences chocs et effets gores participent à l’ambiance horrifique du long-métrage. Outre son sous texte écologique, Barry Levinson en profite pour adresser un tacle au consumérisme, principal cause de contamination et facteur de propagation du virus. Plus encore, The Bay est un film prophétique mettant en lumière l’incapacité des institutions à gérer les situations de crises sanitaires. La propagation du corona virus en 2019 ne sera pas loin de lui donner raison.



